MAURITIUS SHIPPING: Une liste de licenciés potentiels sème le désespoir

Cris, pleurs et révolte ont été entendus hier aux locaux de la Mauritius Shipping Co Ltd (MSCL) à Port-Louis. Peu avant midi, les employés ont pris connaissance d’une liste de 30 noms concernés par le licenciement annoncé pour la fin du mois. Le syndicaliste Ivor Tan Yan déplore cette manière de faire de la direction, tandis que le président du board, Jawarhall Lallchand, maintient que le syndicat était au courant de ces noms et qu’il aurait dû informer les employés concernés.
« En apprenant qu’elle figurait parmi les licenciés, une dame a voulu mettre fin à ses jours. Heureusement que des collègues ont pu intervenir », témoigne un employé de la MSCL, encore sous le choc hier après-midi. Un autre témoin relate : « Quelqu’un pleurait et s’est jeté par terre. Sa tête a même heurté le mur. »
Cette scène de désespoir qui s’est jouée au MSCL hier, a été une réaction spontanée de la manière dont ces 30 employés ont appris qu’ils perdraient leur emploi à la fin du mois. Parmi les employés concernés, certains comptent autour de 25 ans de service.
Depuis quelque temps déjà, ce licenciement est annoncé, dans le cadre d’un exercice de restructuration. Mais certains y voient un exercice à motivation politique, puisque parmi ceux concernés par le licenciement, certains sont proches de l’ancien ministre Anil Bachoo. À commencer par son beau-frère Dhanraj Kissoon qui assumait le poste de Chief Manager au département terminal et logistique.
Ivor Tan Yan, le représentant syndical de la Maritime Transport and Port Employees Union (MTPEU), qui s’est rendu sur les lieux hier, a condamné cette manière de faire de la direction de la MSCL. « Nous déplorons l’attitude lamentable du board et du Chairman qui ont autorisé à afficher une liste de noms d’employés qui sont visés par la restructuration. À aucun moment, le board n’a clairement défini ce qu’il comptait faire de ces travailleurs. Si le board avait l’intention de les licencier, il aurait fallu mettre en oeuvre les démarches nécessaires en fonction de la procédure utilisée ».
Il déplore l’absence de précision sur ces cas. « Est-ce que ce serait des licenciements pour faute, pour des raisons économiques ou pour la restructuration ? Nous n’en savons rien ». La situation actuelle, poursuit-il, ne fait que semer la terreur parmi les employés de la MSCL.
Le syndicaliste déplore aussi le fait que la direction de la compagnie « s’appuie sur les demandes du syndicat pour justifier la situation. Nous avions demandé une restructuration et à aucun moment nous n’avons demandé de licencier des gens ».
Pour Ivor Tan Yan, ces licenciements reposent sur différentes suppositions, « notamment sur l’appartenance de ces gens à l’ancien régime. On retrouve cette attitude dans le cas des licenciés du port suite à la circulaire de juillet 2015, de même aux Casinos, puisque ce sont ceux qui ont été recrutés ces dix dernières années qui ont été licenciés ».
Même si la direction a demandé au syndicat de faire des propositions, Ivor Tan Yan avance ne pas être en mesure de le faire, car « nous ne savons pas quel modèle de restructuration est proposé ».
Par ailleurs, le ministre Prem Koonjoo a indiqué à l’Assemblée nationale hier que 31 personnes ont été recrutées à la MSCL depuis 2005. Un récent audit interne de la compagnie avait lui fait état de recrutements abusifs et du fait que certains employés ne détenaient pas de qualifications pour les postes qu’ils occupaient et qu’ils étaient surpayés.

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