Mendicité agressive : Un fléau qui prend des proportions alarmantes à Beau-Bassin

— Le client d’une pizzeria se fait arracher des mains sa boîte à pizza par un individu

- Publicité -

— Des toxicomanes attirent la pitié en se servant des enfants en bas âge

La crise économique que connaît actuellement le pays a accentué la vulnérabilité des foyers les plus modestes. Comme d’autres pratiques liées à la précarité ou à la misère, la mendicité est un phénomène qui a pris des proportions alarmantes dans les lieux à grandes fréquentations, comme à Beau-Bassin, aux abords des commerces alimentaires, sis à la route Royale. Certes, il ne s’agit pas de fermer les yeux devant cette misère qui s’amplifie, sauf que les commerçants de la ville sont montés au créneau pour dénoncer la présence permanente de mendiants insistants, et souvent même agressifs, qui font fuir leur clientèle. Pas plus tard que la semaine dernière, un homme s’est fait arracher des mains sa boîte à pizza par un individu, alors qu’il s’apprêtait à regagner sa voiture.

Le philosophe français Montesquieu disait qu’une ville est agréable et charmante lorsqu’elle est commerçante, et qu’à l’inverse les villes qui ne sont pas commerçantes n’ont ni charme ni agrément. La création de nouvelles activités commerciales, au cours de ces dix dernières années le long de la route Royale à Beau-Bassin, où l’on trouve également la station du tramway, a permis de booster la fréquentation dans le centre-ville tout en le rendant beaucoup plus attrayant. L’aménagement de grandes espaces entretenus et modernes dédiés à la restauration alimentaire de qualité a, en outre, permis de cibler une clientèle aisée. En attestent les longues files d’attente qu’on peut voir devant certains fast-foods jusque tard dans la nuit. De quoi réjouir les commerçants de cette ville.

Sauf que l’euphorie a laissé la place à une atmosphère bien plus sombre depuis l’émergence de la pandémie et la crise économique qui en découlée. Autour des commerces s’attroupent des individus qui font la manche de manière agressive souvent et qui font fuir la clientèle.

Un employé d’une pizzeria témoigne. « Un individu qui avait le comportement d’un toxicomane a surgi dans notre établissement avant d’arracher une boîte contenant des pizzas des mains d’un nos plus fidèles clients qui était en train de sortir pour regagner sa voiture. Ce monsieur n’a pas opposé de résistance au voleur sous peine de se faire agresser. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Enough is enough, la police doit agir, et vite », soutient l’employé de la pizzeria qui souligne que ce climat d’insécurité fait qu’il y a une baisse de la clientèle.

« Zot ena zot, mai zot pe fer sou… »,

Ce genre de comportement est plus manifeste devant le restaurant Gool où des toxicomanes accostent les passants jusqu’aux petites heures du matin. « Il est indispensable de soutenir et de venir en aide aux personnes dans le besoin, sauf qu’il est difficile, bien souvent, de distinguer les gens pauvres de ceux qui prétendent être infirme et sans-emploi, mais qui sont en réalité des toxicomanes dangereux ou des alcooliques », confie Marylène, qui nous raconte sa mésaventure. « Il était environ 20h30. J’étais avec mon époux devant le snack Gool, lorsque deux hommes avec les yeux révulsés se sont tournés vers nous pour quémander de l’argent. Devant notre refus, l’un des deux hommes a jeté sur nous un regard méprisant en s’écriant : zot ena zot mai zot pe fer sou…. », dit-elle. Selon le témoignage d’un commerçant, ces fauteurs de troubles ne sont pas à leur coup d’essai.

Certains toxicomanes ont trouvé d’autres astuces pour pouvoir se payer leur dose quotidienne en attirant la pitié avec l’aide d’enfants en bas âge. « Depuis plusieurs semaines un couple et son enfant d’un an environ, a pour habitude de déambuler sur les trottoirs pour demander qu’on leur achète à manger. Ce qui incite les passants à plus de générosité sans savoir que ces personnes abusent de leur bonté, car au lieu de se nourrir, ils tenteront, au final, de revendre le repas qui leur ont été offerts à bas prix pour qu’ils puissent se payer leur dose », affirme le gérant d’un établissement. Pour avoir tenté d’expliquer à un mendiant que son bébé n’avait pas à être dans la rue, un commerçant a été pris à partie par le couple. « Je suis en partie responsable, car je n’aurais pas dû intervenir. Mais, en même temps, voir un enfant instrumentalisé de la sorte dans la rue, me révolte », dit-il

La mendicité s’accompagne aussi d’attitudes agressives aux abords de la station de tramway et les témoignages des usagers de ce mode de transport se rejoignent sur un fait : la présence policière a diminué depuis quelque temps, alors que ce n’était pas le cas avant. Rappelons que le poste de police ne se trouve qu’à une vingtaine de mètres de la station. Une passagère confie qu’elle envisage d’arrêter de prendre le tramway si la situation ne s’améliore pas. Contacté, un officier des Casernes centrales souligne avoir pris contact avec leurs collègues de la station de police de Beau-Bassin pour qu’ils mettent prennent des mesures à cet effet.

Curepipe : Ils choisissent les guichets automatiques

Les toxicomanes sont pointés du doigt dans d’autres villes, à l’instar de Curepipe. Ces mendiants, qui font souvent preuve d’agressivité, ont jeté leur dévolu sur les guichets automatiques et les succursales bancaires situés dans le centre-ville où ils importunent des personnes âgées et des femmes. « À part demander aux plus agressifs de bouger ou de leur confisquer leur bouteille d’alcool, la police ne fait rien », soutient une dame.

Ce constat est aussi avéré dans certains arrêts d’autobus et aux abords du chantier du Metro Express à l’ancienne gare Jan Palach Nord. « Il est presque devenu impossible de se déplacer librement sans être assailli par eux. Je n’ai pas de préjugés sur les gens, mais je sais faire la différence entre un homme qui a faim et un toxicomane qui serait prêt à vous agresser pour se payer sa dose », souligne un internaute qui s’est exprimé sur la page Facebook dédiée aux habitants de la Ville Lumière. C’est dire qu’une politique d’urgence devrait être mise en œuvre pour attaquer le mal par la racine.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -