MÉTÉOROLOGUE À LA RETRAITE : Rajoo Veerasamy compare Bansi au terrible Guillaume

L’intense cyclone Bansi, le deuxième nommé de la présente saison, qui fait encore parler de lui dans les bulletins météo régionaux malgré son éloignement de nos parages, restera dans les annales un cyclone atypique comme l’avait été Guillaume, un autre phénomène de la nature qui avait sévi dans région en février 2002.
C’est l’avis qu’exprime M. Rajoo Veerasamy, ancien cadre de la station de météorologie nationale aujourd’hui à la retraite. Selon M .Veerasamy, le plus souvent, les cyclones de l’océan Indien se forment à l’ouest ou au sud-est de Diego Garcia. C’est la raison pour laquelle, dans leur jargon, les météorologues locaux désignent affectueusement cette partie de l’océan comme « l’écurie »! A partir de cette région, ils se déplacent vers l’ouest, puis le sud-ouest pour ensuite bifurquer vers le sud-est pour aller se perdre dans les mers froides subtropicales. La grosse majorité des cyclones a toujours emprunté cette trajectoire à l’instar du dernier, plus fort, connu chez nous qui avait été Dina (en janvier 2002). Quelquefois, les cyclones naissent aussi dans la région nord de Madagascar ou bien un peu plus au sud sur une ligne reliant la Grande-Île à l’îlot Tromelin. Ils adoptent dans ce cas une figure de trajectoire inhabituelle.  
Cette semaine, rappelle M. Veerasamy, Bansi s’est, lui, formé presque sur cette ligne reliant Madagascar à Tromelin. En cela, il a partagé presque les mêmes caractéristiques que le terrible Guillaume, même si ce dernier avait démarré légèrement plus au nord-est de Madagascar. Aussitôt leur formation, au lieu de se diriger vers l’ouest en conformité avec les forces de gravité de la planète telles que les ont définies une théorie mise au point par Coriolis, les deux cyclones ont pris la direction contraire du nord-est, puis vers l’est et le sud-est. Et, a constaté M. Veerasamy, et Guillaume et Bansi sont devenus des cyclones très intenses avec des vents soufflant en rafales de l’ordre de 300 à 310 kilomètres/heure !
Différence entre « small et large core cyclones »
Toutefois, malgré leurs nombreuses similitudes, notamment au niveau de leur intensité et de leur trajectoire, selon M. Veerasamy, on a pu noter une différence entre Guillaume et Bansi.
Guillaume, qui, souligne-t-il, était passé assez près, soit 110  des côtes est de Maurice, avait été un cyclone avec un petit centre (un small core cyclone). Ce type de cyclone est de la catégorie dont les vents les plus forts sont concentrés très près de leur oeil. Cet oeil est lui-même petit et ne couvre, généralement, que quelques dizaines de kilomètres. Guillaume avait conservé cet aspect physique tout au long de son évolution. De son côté, à sa formation, Bansi était d’abord un small core cyclone, mais arrivé à quelque 300 kilomètres au nord de Maurice, il s’était transformé en un large core cyclone (LCC). Son oeil s’était beaucoup élargi en cours de déplacement.
M. Veerasamy affirme que c’est lui, personnellement, qui, en 2005, a développé le concept de small and large core cyclones lors d’un atelier de recherches organisé par l’Office de météorologie mondial (OMM) au Botswana. Il avait soutenu la thèse que, à l’opposé du small core cyclone, un large core cyclone génère des vents forts sur une zone relativement plus grande et qu’il était, pour des raisons opérationnelles, important de faire la différenciation.
Selon notre interlocuteur, lorsque des images satellitaires démontrent que deux cyclones semblent avoir les mêmes caractéristiques, plus les valeurs de ces caractéristiques sont élevées, plus la force des rafales augmente. Dvorak, depuis 1984, a établi cela. Avec les mêmes caractéristiques satellitaires, un cyclone avec un petit oeil peut générer des rafales encore plus violentes. Bansi avait des caractistiques satellitaires légèrement plus élevés que Guillaume, mais étant donné que l’oeil de Guillaume était plus petit, on peut affirmer que les rafales des deux cyclones étaient de force comparable. L’intensité établie de Bansi a été de 7.0 (ce qui veut dire un cyclone très intense) et celle de Guillaume avait oscillé entre 6.5 et 7.0.
Quelques terreurs mémorables
Il ne fait aucun doute pour M. Veerasamy que Bansi a été un des très dangereux cyclones qui aient heureusement épargné Maurice et, dans une moindre mesure certes, Rodrigues. Cependant, il dit en avoir identifié d’autres tout aussi terrifiants et qui ont fait trembler bien des populations de nos îles des Mascareignes. Presque tous avaient un très petit oeil. Ils avaient pour noms Géralda (7.0 semant la désolation à Madagascar en 1994 quelques jours avant qu’Hollanda ne frappât Maurice), Litanne (toujours en février 1994 classé entre 7.0 et 7.5 sur l’échelle Dvorak), Hudah (7.0 affectant St. Brandon en mars/avril 2000), Hary (7.0 toujours en mars de la même année). Mais pour M. Veerasamy, le cyclone Gafilo, classé 8.0 en intensité, n’avait pas eu son pareil. Ce cyclone avait dévasté le nord-est de Madagascar en mars 2004 ! 

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