Morcellement Anna : L’autre version, plus glamour, mais…

«Pollué, agité, bruyant, dangereux, insalubrité criante »… Ces adjectifs utilisés par des habitants de longue date de cette localité qui préfèrent garder l’anonymat — et on les comprend — sont fortement contestées par des forces vives et habitants pour décrire Morcellement Anna, ce quartier résidentiel de Flic-en-Flac, qu’ils qualifient eux de « propre, charmant et reposant qui séduit et héberge locaux et expatriés et une population aisée ». Deux positions irréconciliables… Week-End a donné la parole la semaine dernière à ceux qui broient du noir. Ses colonnes sont ouvertes cette semaine à l’autre version, plus glamour… de ce quartier, une version qui égratigne sans fards les quartiers voisins où domine le mal !

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« Chaque quartier possède une âme unique. Si certains morcellements sont réputés pour leur nuisance sonore répétitive et intolérable, leurs fêtes sauvages, leur musique excessive ou connus pour être une répugnante source d’insalubrité, le calme est un aspect qui a mis en valeur Morcellement Anna, déjà apprécié pour son cadre de vie ». D’emblée, le décor est posé…. « tout va très bien madame la marquise ». À en croire les forces vives de Flic-en-Flac et les résidents, il arrive en tête des quartiers résidentiels les plus agréables de cette région du littoral ouest qui compte une population de 3 917 habitants (Census 2022 : Statistics Mauritius) répartis en sept morcellements.

L’indispensable « Neighbourhood watch »

Week-End a fait un tour sur les lieux. Cet après-midi là, vers 16h30, pas un chat dans les rues. Les habitations et les villas construites offrent une vue imprenable sur la mer et à certains endroits, un accès à la falaise. La vue spectaculaire sur la mer et le cadre naturel sont sans doute les critères qui séduisent promoteurs, investisseurs, avec un mélange de résidents locaux, francophones et anglophones.

Les habitants membres du Neighbourhood Watch, indispensable pour assurer la sécurité, décrivent un quartier baigné dans une atmosphère calme et imperturbable, contrairement aux autres morcellements voisins. « Nous n’avons pas à nous plaindre, nous vivons dans un quartier paisible et sécurisé, loin du bruit ou autre pollution », nous dit Rolande Nevoh, une habitante de l’avenue Souffleur. À part un chien de couleur marron assis tranquillement au bord de la route et surnommé “Ti Papa”, pas d’autre chien errant à l’horizon. « Ti Papa s’échappe souvent dès que le portail s’ouvre, mais c’est un gentil chien », dit-elle.

Cependant, un récent incident dans une gated community de Morcellement Anna, qui se trouve juste à quelques dizaines de mètres, où un jardinier a été retrouvé ligoté, la sécurité est devenue nécessaire dans le quartier. « Lorsque je venais de m’installer à Morcellement Anna en 2008, les habitants avaient pour la plupart des chiens de race. Ils ont tous été volés. Aujourd’hui, les résidents possèdent au moins un chien pour dissuader vols et cambriolages. Les seuls chiens errants que nous avons sont ceux qui se trouvent près de la rivière. Il y en a quatre et les habitants s’occupent bien d’eux. Leur présence est rassurante, car ils gardent cette zone régulièrement traversée par des voleurs », dit-elle.

L’insécurité zéro n’existe pas

Rolande Nevoh, qui travaille à Avenue Moulin Cassé, se déplace dans la région une dizaine de fois par jour. Membre du Neighbourhood Watch de son quartier, elle garde un œil sur tout et en cas de danger potentiel, d’incivisme, de pollution ou autre, alerte les résidents locaux ainsi que la police à travers ce réseau. La plateforme est créée pour avertir police et forces vives lorsque des actes délictueux sont commis dans le quartier où il y a peu de monde dans la journée. « Ici, si nous avons un souci, tout le monde est informé afin de régler la situation », dit-elle. Preuve s’il en fallait que l’insécurité zéro n’existe pas et qu’un mécanisme d’autodéfense impliquant les habitants… est indispensable !

Les nuisances sonores dans les quartiers voisins

Pour Ben Rommaldawoo, président des Forces Vives de Flic-en-Flac, « Morcellement Anna est le seul morcellement où nous avons très peu de plaintes. » Il y a deux ans environ, il a créé plusieurs plateformes, des groupes WhatsApp afin de dénoncer, d’alerter, trouver des solutions, d’assurer la sécurité des habitants et d’améliorer la vie des différents quartiers. Le Neighbourhood Watch concerne les différents morcellements Green Creek, Palmyre, Ruisseau Palmyre, St Jacques, Bismic, Anna (Upper Anna, Lower Anna), le Village, Safeland et De Chazal. Pour adhérer au groupe, il faut habiter le quartier.

Si la plateforme dédiée à Morcellement Anna n’est pas assaillie de messages et de doléances, en revanche, celles de De Chazal, Safeland et St Jacques le sont. Surtout durant le week-end. Soit pendant et après le passage des fêtards. Jean Reusser, un habitant de Safeland, subit chaque week-end avec sa femme les nuisances sonores incessantes impactant leur bien-être. Après avoir exercé comme médecin spécialisé en chirurgie maxillo-faciale, ce Suisse âgé de 78 ans a décidé de vivre sa retraite à Maurice. Avec son épouse, il s’installe au complexe Grenadier à Avenue des Hirondelles.

Un choix qu’ils regretteront.
« Depuis six ans, c’est la fête tous les week-ends. Le propriétaire installé en Angleterre loue sa maison pour les mariages et autres fêtes. Cela se passe en face de notre chambre à coucher », déclare Jean Reusser, excédé. « J’ai contacté la Tourism Authority à de nombreuses reprises, de même que la Police de l’Environnement. Ils se rejettent toujours la balle. La TA me dit d’aller à la Police de l’Environnement et la police de l’Environnement me dit que c’est du ressort de la TA, comme ça c’est toujours l’autre le responsable. Ici, il y a un grand manque d’effectifs au niveau de la police. Ils ne peuvent pas être partout malheureusement. Et comment descendre de leur véhicule pour confronter une cinquantaine de personnes ivres lorsqu’ils sont à deux officiers ? Les fêtes durent de vendredi à lundi. Il nous est arrivé ma femme et moi de passer la nuit dans un hôtel pour pouvoir simplement dormir », déplore-t-il.

Pour Ben Rommaldawoo, la pollution sonore est un problème récurrent dans différents quartiers.

La pollution sonore un problème récurrent

« Ces maisons louées pour les fêtes sont pour la plupart des résidences secondaires des propriétaires. La majorité ne possède pas de permis de la Tourism Authority. Il faudrait plus de contrôle. Sur les différents groupes, la police joue un rôle de soutien et de facilitation. Les informations peuvent ainsi être échangées entre les habitants et la police au sein d’un quartier. Ainsi, elle peut agir plus vite et travailler en ensemble. Toutefois, la police de Flic-en-Flac travaille avec un effectif réduit. De même, en la présence irrégulière de la Police de l’Environnement, la police de Flic-en-Flac doit cesser les warnings verbaux et donner des amendes », affirme-t-il.

Pour conclure, les habitants de Morcellement Anna et leurs organisations de “protection” expliquent qu’ils sont épargnés des nuisances des quartiers voisins grâce à leur système de surveillance communautaire et la solidarité des habitants. À les croire, les fauteurs de troubles ne franchissent jamais le Rubicon… et perpétuent leurs frasques dans les quartiers voisins plus permissifs. Une image glamour contestée par certains de leurs propres riverains qui, eux, ne cachaient pas leur inquiétude la semaine dernière dans ces mêmes colonnes….

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