MV WAKASHIO | Naim Joomun (Cartographe) : « Trop de capitaines pour prendre des décisions »

  • Un ancien employé de la MPA donne, pour sa part, du fil à retordre au Chairman Abdurafeek Hamuth, avec sa théorie de 500 bambous et de la lune pour éviter l’Oil Spill…

Les travaux de la Cour d’investigation pour faire la lumière sur le naufrage du MV Wakashio dans la nuit du 25 juillet 2020 se sont poursuivis hier avec d’autres témoins. Naim Joomun, cartographe au ministère des Terres et du Logement, a évoqué les deux lois, notamment l’Environment Protection Act et la National Disaster Risk Reduction Management Act qui, dit-il, donnent aux deux différents ministères le pouvoir d’agir en cas de catastrophe.

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Il estime que la mise en oeuvre des deux lois a provoqué une confusion et un manque de coordination ayant résulté en une mauvaise gestion de la crise environnementale. « Trop de capitaines pour prendre des décisions ont fait couler le navire », dit-il. IL a aussi soulevé plusieurs interrogations sur le fonctionnement du National Disaster Centre et le manque de personnel compétent.

Naim Joomun, qui a choisi de déposer en tant que simple citoyen, a indiqué qu’il possède plusieurs qualifications en disaster management et a suivi plusieurs formations internationales dans ce sens. Pour lui, la marée noire aurait pu être évitée si les actions nécessaires avaient été prises au moment opportun et par une seule autorité compétente.

Le témoin a fait ressortir que l’Environment Protection Act prévoit des directives en cas d’urgence alors que la National Disaster Risk Reduction Management Act de 2016 anticipe aussi un plan d’action en cas d’urgence nationale. Or, dit-il, deux lois donnent le pouvoir à deux ministères différents d’agir.

« The disaster could have been managed more effectively if there was no confusion and lack of communication about which authority is legally mandated to implement the national plan. We have two acts regulating one event. It was the recipe for disaster », dit-il. Et de souligner que les deux lois donnent tous les outils nécessaires pour gérer une telle crise mais que les autorités n’ont pas réagi à temps.

Il est d’avis que ces deux lois devraient être revues afin de conférer le pouvoir à une seule autorité dans la prise de décisions. Il souligne aussi que lors de la gestion de l’Oil Spill, les ministères n’ont pas mis en place toutes les dispositions des deux lois. Il a aussi soulevé des interrogations quant au rôle même du National Disaster Committee. Il a demandé à la Cour d’investigation d’enquêter sur la tenue des réunions pour gérer cette situation et de déterminer qui sont ceux ayant pris les décisions.

Hydrographic Survey

Le cartographe souligne que le National Disaster Centre, qui est censé avoir trois directeurs, n’en a aucun. Dans le passé, dit-il, il avait lui-même postulé pour le poste d’un des directeurs mais le centre fonctionne toujours avec un Officer in Charge. « We have an act with no staff to implement it. Was it the Prime minister who chaired the first meeting? If it was him, was it legal? The staff list of the centre is very vulnerable where we have only 6 permanent staff. There are no experts, no leadership at the centre which is supposed to operate on a 24-hour basis. At the time of the grounding, was the National Disaster Centre operating ? », s’est demandé le témoin. Il est d’avis que la Cour d’investigation devrait trouver des réponses à ces questions.

Naim Joomun a aussi évoqué la mort des dauphins un mois après le naufrage du MV Wakashio. Le cartographe estime que cela ne relève pas du hasard et évoque une étude hydrographique qui avait été menée dans cette région pour évaluer la possibilité de faire couler le vraquier comme étant la cause de la mort des dauphins. Il a avancé que le highly extensive hydrographic survey a causé une pollution sonore qui a nui à la santé des dauphins, causant ainsi leur mort.

Le mystère du « Bamboo Business »

Auparavant, un ancien employé de la Mauritius Ports Authority, Munnabai Chandraman, ancien Superintendent à la MPA, a déposé. L’employé, dont le contrat a pris fin quelques semaines avant le naufrage du MV Wakashio, a déclaré que la MPA est responsable de ce qui s’est passé car elle n’a pas assumé son rôle correctement.

La déposition de Munnabai Chandraman a donné du fil à retordre au Chairman de la Cour d’investigation et ses deux assesseurs, avec le témoin qui, à plusieurs reprises, a voulu donner plus de détails sur son expérience avec la MPA au lieu des informations factuelles pour contribuer aux travaux de la Cour d’investigation.

L’ancien juge Abdurafeek Hamuth, visiblement agacé et qui semblait à bout de patience au regard du témoin, a dû ramener à l’ordre pas moins d’une vingtaine de fois celui qui devait insister qu’il a voulu déposer devant la cour et qu’il avait le devoir de s’expliquer. « Spare us the ornaments. Cut out the thrills and the decorations », a lancé l’ancien juge à maintes reprises.

Quand le témoin s’est finalement résolu à expliquer comment il aurait fait pour éviter la marée noire, il devait évoquer une théorie de lune et de 500 bambous. Cependant, à la fin de sa déposition, il n’était toujours pas en mesure d’expliquer comment il aurait procédé en se basant sur la lune et en utilisant 500 bambous… « It is your idea, you have to explain. It is not for me to read your mind. Tell us about the bamboo business, what would have been the purpose. You have to be clear otherwise we will have to stop there », a soutenu le Chairman. Munnabai Chandraman, qui a haussé le ton à chaque fois lors de ses explications, s’est aussitôt fait remonter les bretelles quant au décorum en pleine séance. « You are not standing on a lorry making a political speech. You are adressing the court. Keep your voice low. It is an imperative », devait répéter l’ancien juge.

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