Graphiste de profession, cela fait trois ans que Natacha Naiker a lancé son entreprise, Nat’s Design. Elle s’adonne au recyclage écologique pour créer des œuvres à partir du bois, du papier, de la noix de coco, du bambou. Polyvalente, Natacha sait jouer avec les formes, les couleurs, la lumière, et surtout la matière, en offrant un savoureux cocktail d’œuvres vitaminées. Incursion dans son univers.
Surcyclage (ou upcycling), recyclage, récupération, zéro déchet, des termes qu’on entend souvent car la santé de notre planète devient de plus en plus préoccupante. Ainsi, lorsqu’un artiste réutilise un objet ou un matériau précis pour lui insuffler une seconde existence, on peut parler de surcyclage. C’est le cas de Natacha Naiker qui a décidé d’appliquer la pratique écologique et responsable pour inciter les gens à acheter local.
« Si vous ne travaillez pas pour vos rêves, quelqu’un vous embauchera pour travailler pour les siens. » Cette phrase percutante de Natacha Naiker prend tout son sens lorsqu’on découvre à quel point ses œuvres ont la particularité d’être à la fois originales, uniques, avec cette touche de féminité qui les caractérise. D’ailleurs, elle les décrit parfaitement avec ses mots à elle qui attestent du fait que son entreprise a pris forme dans le but de donner vie à ses idées et d’avoir surtout une identité propre, cohérente et conforme à son talent d’artiste. Épanouie dans son environnement de graphiste, la jolie brune vit son quotidien avec bonheur tout en pensant que chaque jour est un jour meilleur et en poussant jusqu’au bout ses idées créatrices.
Natacha est une artiste polyvalente qui transforme un peu à la manière du roi Midas tout ce qu’elle touche en or. Écolo dans l’âme, très portée sur la préservation de l’environnement, elle trouve dans ses matériaux de récupération sous forme de noix de coco, bois, une manière de s’exprimer. Véritable boute-en-train, elle trouve son bonheur dans la technique qui lui sied le mieux. Elle raconte avoir beaucoup travaillé le papier en confectionnant divers types de cartes personnalisées, élégantes, fleuries, sobres, tendance, humoristiques avant de se tourner vers la confection des fleurs en papier, technique qu’elle apprécie particulièrement.
« Depuis toute petite, j’ai toujours été attirée par le dessin et la peinture et je dois aussi avouer que j’avais une excellente prof de dessin, madame Sarada Luchmaya, qui m’a fortement encouragée à continuer dans ce domaine. Je n’ai donc pas hésité à travailler dans ce milieu où j’avais l’opportunité de côtoyer les autres artistes, et surtout de m’enrichir de leurs propres talents. » Concernant son trait de caractère, Natacha confiera en toute modestie : « Je suis très à l’écoute, j’aime les contacts humains, suis quelques fois émotive, indépendante, dynamique et surtout perfectionniste. »
À l’écoute de ses émotions et de l’énergie
L’idée chez elle de mettre en lumière son dessin et sa peinture sur la noix de coco a pris forme lorsqu’elle a offert une de ses peintures à sa belle-sœur. Une fois la photo postée sur sa page Facebook, les commandes ont afflué. « C’est ainsi que tout s’est enclenché. La preuve que depuis quelques années s’est développée la tendance de l’upcycling, principalement dans les domaines de la décoration intérieure. Au-delà de l’engagement écoresponsable, il s’agit d’un véritable travail de créateur, qui donne un résultat design, voire même réellement artistique dont je suis fière. »
La beauté sous toutes ses formes fascine Natacha Naiker. La nature qui l’entoure, les couleurs vives, les êtres humains sont autant de sources d’inspiration pour elle. À l’écoute de ses émotions et de l’énergie qui émane de son art, Natacha sait en tirer profit. Elle sculpte, au gré de ses humeurs et s’en imprègne. Ce qui lui permet, dit-elle, de diversifier ses créations tout en restant fidèle à elle-même. Elle a même découvert quelques attraits de la spiritualité en peignant sur une feuille de noix de coco l’effigie du Christ, de la Vierge.
Forte de ce succès, Natacha reconnaît que cette forme d’art interpelle les gens qui trouvent son travail fascinant. Certains font même appel à son talent pour faire leur portrait ou d’autres modèles de leur choix. D’ailleurs, confie l’artiste, la Vierge Marie et la Sainte Famille font partie de sa collection la plus vendue. Pour la période des festivités, elle compte travailler avec le bambou, trouvant cette matière intéressante. Elle compte en tirer des bougeoirs, des cadres photos, des motifs de décoration pour les murs.
Lorsqu’on la questionne sur la possibilité de viser le marché touristique, Natacha aura ces mots : « Je n’ai pas vraiment songé à vendre mes produits dans le cadre touristique. Il faut surtout comprendre que mes œuvres sont faites à la main et que cela demande du temps. Je travaille à mon rythme pour pouvoir produire quelque chose de beau. »
Les réseaux sociaux, un tremplin
En pleine période de Covid-19, l’entreprise de Natacha, Nat’s design, a pu garder la tête hors de l’eau. Pour parvenir à un tel résultat, l’artiste a dû oser : « Se démarquer, c’est savoir se mouiller aussi et se positionner non plus au milieu du peloton, de la mêlée, de la meute, d’un groupe ou d’un groupuscule, mais tenter des échappées ou des essais réguliers. J’ai gardé cette phrase tirée d’un article que j’avais lu parce qu’elle m’a profondément marquée et qu’elle représente exactement ce que j’essaie de faire au quotidien. Le plus important est avant tout d’être attentive et bienveillante, de faire preuve d’une compréhension approfondie, de faire un travail minutieux. Tout cela compte énormément. Avec cette pandémie, j’ai la possibilité de travailler à domicile et surtout d’être présente sur les réseaux sociaux. »
Hormis la noix de coco, Natacha travaille beaucoup avec le papier et le bois et dit se fixer de nouveaux défis à chaque fois qu’elle a une nouvelle idée. À chaque découverte d’une nouvelle technique, Natacha dira que, pour elle, tout repose sur l’envie de créer et que c’est cela qui la pousse à faire quelque chose de beau.
C’est ainsi qu’avant la deuxième vague de Covid à Maurice cette année, suite aux fortes pluies, Natacha a découvert des bois flottant sur la plage. « J’ai eu cette soudaine envie de développer un nouveau concept artistique autour du bois et je me suis mise à bricoler mes propres créations dont des maquettes de bateaux. » Les appréciations de ses clients l’encouragent à aller plus loin : « Magique Nat. Je te souhaite de réussir, d’aller loin et surtout faire de tes rêves une réalité car tu le mérites. » Ou encore : « Tes créations sont uniques tout comme toi. »
Consciente que l’entrepreneuriat au féminin a de l’avenir, Natacha trouve que les plateformes, les conseils en marketing sont des atouts non négligeables pour faire avancer une entreprise. Du coup, indique-t-elle, cela permettra de redonner leurs lettres de noblesses aux produits locaux tout en encourageant les Mauriciens à acheter local. En conclusion, Natacha dira : « J’encourage fortement les Mauriciens à s’entraider et à acheter le “prodwi lokal”. La situation risque d’empirer. N’attendons pas, nous devons rester solidaires et favoriser tout ce qui est produit localement. Un artiste doit savoir investir dans ses idées, car qui ne tente rien n’a rien. »