Le PM: « Nous sommes à un moment qui demande une construction totale du pays »
Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui a conclu les débats sur le discours-programme avant que la députée Babita Thannoo ne les résume , a affirmé hier que le pays est arrivé à un moment déterminant de son histoire. « Nous sommes à un moment qui demande une reconstruction totale de notre nation. Nous ne pouvons pas continuer avec le modèle du passé, qui a été mis en place hier. Nous voulons promouvoir un système avec un objectif de transformation pour rencontrer les défis du monde, qui sont déjà en flux », a-t-il lancé. Avant d’accuser l’ancien régime d’avoir laissé le pays dans un état de dépravation. Il a par la même occasion insisté sur la nécessité d’assurer que la démocratie fonctionne comme une vraie démocratie doit l’être. De ce fait, il a saisi l’occasion pour annoncer que pour les prochaines élections municipales, la Commission Electorale adoptera le Same Day Counting, soit le dépouillement à la fermeture des bureaux de vote du scrutin du 4 mai prochain.
D’autre part, une autre initiative est que l’enregistrement des électeurs pourra se faire jusqu’à une semaine après la pubication des Writs pour le scrutin. Ainsi, des amendements seront adoptés à la loi lors de la séance du mardi 18, avec la dissolution des conseils municipaux intervenat juste après pour que le dépôt des candidatures puisse se dérouler le 4 avril comme prévu.
« Beaucoup de gens ne le réalisent pas. Nous avons déjà fait beaucoup dans ces trois mois », déclare Navin Ramgoolam. Sans entrer dans les détails du programme gouvernemental, il a réitéré qu’il faut d’abord sauver la démocratie dans le pays. « Et il y a trois conditions pour qu’une démocratie soit fonctionnelle. Il faut avoir en premier lieu la liberté individuelle, la liberté d’expression et la liberté d’association. Deuxièmement, il faut avoir des élections libres et équitables. Et troisièmement, il faut que l’Etat de droit soit respecté », dit-il, ajoutant que « le gouvernement doit consolider les droits fondamentaux ».
Le Premier ministre a par ailleurs annoncé que la commission visant à revoir la Constitution sera mise sur pied bientôt et fera des recommandations après des consultations. Ainsi, la Constitution sera amendée afin qu’aucun gouvernement ne puisse renvoyer les élections locales et priver les gens des droits de choisir leurs représentants locaux, dit-il. Des amendements seront aussi apportés afin de mieux protéger les droits fondamentaux, notamment nos droits à la vie privée. « Les droits fondamentaux en ce qui concerne l’environnement, la technologie, la santé, l’éducation, etc., seront protégés. Il s’agira également d’assurer que les élections soient vraiment libres et équitables », ajoute-t-il.
Économie désastreuse
Toujours sur le plan de la réforme électorale, le
Premier ministre indique que le transfugisme ou le changement de parti sera interdit. « Si quelqu’un veut aller de l’autre côté de la Chambre, il devra démissionner et affronter à nouveau l’électorat », prévient-il.
Une loi sur le financement des partis politiques sera également introduite et les dépenses autorisées seront augmentées. Une réforme électorale sera en outre introduite afin d’introduire une dose de représentation proportionnelle. « Cette réforme permettra de s’assurer que chaque vote compte et que les femmes soient mieux représentées au Parlement. » Un amendement sera aussi introduit dans la Constitution afin de permettre aux candidats qui le souhaitent de ne pas déclarer leur communauté.
Au niveau du judiciaire, le Premier ministre est revenu sur la création d’une Cour d’Appel avec des juges locaux et étrangers. Il a justifié la création d’une Cour commerciale. « Si vous voulez attraper les investisseurs, les investisseurs étrangers, et nous devons le faire pour améliorer notre secteur financier, vous devez assurer ces investisseurs étrangers qui investissent que les conflits pourront être résolus rapidement, sans interférences de politiciens », souligne-t-il.
La Constitution sera aussi amendée pour renforcer les pouvoirs du DPP alors que la FCC sera remplacée par une nouvelle agence nationale avec des investigateurs compétents, mauriciens et étrangers, avec une séparation entre la prosécution et l’investigation.
Il s’est appesanti sur la lutte contre la drogue avec la nomination de Sam Lauthan, qui sera attaché au PMO, pour pouvoir superviser tout ce qui concerne la lutte contre le trafic de drogue.
Sur le front économique, le Premier ministre affirme que le gouvernement a hérité d’une économie désastreuse. « J’ai moi aussi ri lorsque le leader de l’opposition a affirmé que l’ancien gouvernement a fait un miracle économique. Mirage économique… naufrage économique plutôt », a-t-il lancé. Il a ensuite accusé l’ancien gouvernement de Gross Mismanagement, qui est lié à la corruption. Et de faire état d’un accord entre deux entreprises juste avant les élections, le 8 novembre : l’un d’un montant de Rs 140 milliards et un autre pour un montant Rs 83 milliards pour le compte du CEB.
Il a par ailleurs annoncé que le prochain budget, 2025-26, reflétera la détermination du gouvernement d’introduire une dose de Performance Based Management. « Notre ambition est d’évoluer dans une société innovante et inclusive, sous le nom de la prospérité, la solidarité, l’unité et le soutien de la justice et de la méritocratie. Les défis que nous rencontrons ne peuvent pas être détruits, mais je suis convaincu que nous pourrons dépasser nos préjugés si nous prenons les mesures que nous devons prendre », a-t-il conclu.