Nicolas Ritter, PILS: « Où est le Premier ministre et son engagement? »

Il l’avait prévenu! S’il est invité à prendre la parole à la cérémonie d’ouverture de l’atelier de travail sur le VIH/Sida, organisé hier par le ministère de la Santé,  Nicolas Ritter, directeur de Prévention Information Lutte contre le Sida (PILS), « ne caressera pas le ministre, ni le gouvernement dans le sens du poil. » Il a tenu parole! En présence de Lormus Bundhoo, et des participants — professionnels de la médecine, représentants d’organisations non-gouvernementales entre autres—, Nicolas Ritter a tapé du poing sur la table pour interpeler le gouvernement, en particulier le Premier ministre, Navin Ramgoolam, sur les failles de leur politique en matière de prévention et de lutte contre le VIH/Sida. C’est non sans cacher sa colère, qu’il s’est exprimé sur cette question, allant même jusqu’à demander à Navin Ramgoolam, « le patron » de Lormus Bundhoo, de céder sa place de président au National Aids Committee à quelqu’un d’autre, s’il ne sent plus le courage d’assumer ses responsabilités auprès de ce comité, indispensable dans la lutte contre la propagation du virus à Maurice. Tranchant avec le ton solennel et alarmiste de Nicolas Ritter, le ministre de la Santé, a pour sa part, répliqué par le biais d’un discours politique. Sans pour autant apaiser les inquiétudes du directeur de PILS, Lormus Bundhoo a surtout mis l’emphase sur la volonté et la détermination du Premier ministre à s’engager dans la lutte contre le VIH/Sida.
S’il reconnaît d’emblée que depuis ces derniers temps le nombre de nouveaux cas, a baissé — entre 20 et  30 en moyenne par mois—, toutefois, Nicolas Ritter a rappelé que la moitié de ces cas est liée à des rapports sexuels non protégés. Il y a encore quelques années, la contamination était essentiellement attribuée aux injections de drogues par voie intraveineuse. La qualité des soins doit être, a-t-il dit, renforcée. En soulignant que plus de 5 300 Mauriciens vivent, actuellement, avec le VIH, le directeur de PILS a fait ressortir le nombre inapproprié de médecins référents en poste : « Alors qu’il y a 40 médecins formés, nous n’avons que 4 médecins en poste! Ils travaillent sans filet de protection et font de leur mieux dans des conditions difficiles. » Nicolas Ritter a déploré l’absence d’immunologistes, d’immuno wards et le renvoi des patients en stade avancé de la maladie chez eux. « Pendant des années, on nous promet un immuno ward dans les hôpitaux. Comment voulez-vous que je ne sois pas en colère? », s’est-il demandé. Et de poursuivre sur le même ton : « Quand un patient vivant avec le Sida est admis à l’hôpital, au lieu d’être soulagé parce qu’il devrait normalement y recevoir des soins, je fais une prière pour lui. »La situation dans les prisons n’est pas mieux. « N’allez pas nous faire croire que tout va bien en prison! », a-t-il dit. Le directeur de PILS est d’avis qu’il est temps d’identifier un médecin qui serait volontaire pour intervenir dans les prisons à plein temps. « Il y a des solutions Monsieur le ministre », a lancé Nicolas Ritter en direction de Lormus Bundhoo avant de proposer que le « zéro tolérance à la discrimination devrait commencer par ceux d’en haut au ministère » et ailleurs. Il a déploré les humiliations subies par les patients, lesquels sont régulièrement victimes de discrimination par le personnel soignant dans les hôpitaux. S’adressant toujours au ministre de la Santé, le directeur de PILS, qui émettait des interrogations sur le fonctionnement du National Aids Committee, lui a posé la question suivante : « Où est le Premier ministre et son engagement que vous ne manquez pas de rappeler à chaque fois? » Nicolas Ritter qui avait auparavant salué le travail des ONG et de la société civile qui a abouti à l’introduction de la Méthadone, du programme d’échange de seringues… a réitéré la collaboration de ces différentes parties avec le ministère de la Santé. Cependant, il a rappelé « qu’un partenariat marche dans les deux sens! »
Après avoir énuméré, entre autres, les mesures introduites pour faire reculer le VIH/Sida, salué le travail— dans ce sens— de tous les ministres de la Santé qui se sont succédé, les ONG et annoncé la nécessité de repenser la Natresa, Lormus Bhundoo Bundhoo a plaidé pour l’engagement du gouvernement dans la lutte contre le VIH/Sida. « Maurice est le seul pays où le gouvernement finance le programme du VIH/Sida à hauteur de 65%. Les 35% restant sont donnés sous forme de subvention », a déclaré le ministre. Ce dernier a aussi expliqué que depuis deux ans, Maurice s’attèle à réduire le nombre de nouveaux cas d’infection à zéro. Le Premier ministre, a laissé entendre Lormus Bundhoo, tient à coeur le dossier du VIH/Sida. « C’est le Premier ministre qui a pris la décision de prendre le National Aids Secretariat sous la tutelle de son ministère. Pourtant, il y avait d’autres Premier ministres avant lui. Pourquoi n’ont-t-ils pas pris ce dossier sous leur autorité! » Il a ajouté que que c’est aussi Navin Ramgoolam « qui a pris son bâton de pèlerin » pour aller plaider pour la cause de Maurice auprès du Global Fund, alors que le pays n’était pas éligible à une aide financière. D’ailleurs, à la demande du Premier ministre, Lormus Bundhoo, défendra à nouveau le pays auprès du Global Fund  pour que celui-ci renouvèle son soutien financier en 2015. Le ministère de la Santé, selon le ministre, donne des résultats satisfaisants dans le domaine de la lutte et prévention, ce qui explique l’intérêt que porte des bailleurs de fonds, à l’instar de la Commission Européenne en matière d’assistance financière.

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