NINE-YEAR SCHOOLING : Leela Devi Dookun, « On n’a pas le droit moral de retarder la réforme »

La ministre de l’Éducation a été catégorique hier après-midi lors d’une rencontre avec les recteurs d’établissements secondaires d’État et privés concernant le plan de réforme du système éducatif. Les examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC), en remplacement du CPE, entreront en vigueur en 2017. « On n’a pas le droit moral de retarder la réforme dans l’intérêt de nos enfants », a répété avec force Leela Devi Dookun. Elle rencontrera lundi et mercredi prochains les parents des élèves en Std IV cette année, soit les premiers candidats concernés, pour leur communiquer les informations nécessaires à ce sujet.
« Aucune réforme ne peut être parfaite au départ, mais nous nous devons de faire le premier pas. On ne peut plus tenir, il est grand temps d’initier le changement », a insisté la ministre de l’Éducation lors une rencontre entre son ministère et environ 150 recteurs et assistants recteurs, hier à l’Auditorium Octave Wiehe. C’est avec ces mots que prennent fin plus d’un mois de silence suivant la présentation du plan de réforme du système éducatif le 20 août dernier. Le ministère de l’Éducation enclenche ainsi en cette fin d’année scolaire sa campagne de communication autour de son plan de Nine-Year Schooling.
Leela Devi Dookun a exprimé sa détermination et sa fermeté pour l’aboutissement du Nine-Year Schooling et surtout pour faire respecter le calendrier arrêté. Elle l’a bien fait comprendre en repoussant catégoriquement une suggestion d’un membre de l’assistance, lui demandant de considérer la possibilité de repousser la date de l’introduction du nouvel examen de fin d’études primaires. Ce afin que toutes les conditions soient réunies pour « une bonne entrée » dans la réforme à tous les niveaux dans le but d’offrir aux premiers candidats un encadrement optimal à de tels changements.
« Pourquoi ne pas commencer la réforme avec ceux qui entreront en Std I l’année prochaine ? » a demandé un recteur. Ce à quoi la ministre devrait répondre que ce n’est pas dans l’avantage des enfants, car l’actuel système sacrifie trop l’enfance. Elle souligne dès lors que le programme d’études de même que le matériel pédagogique sont déjà prêts. « Je ne suis pas la première ministre de l’Éducation à venir proposer une réforme. Mes prédécesseurs ont essayé et ont fait face à des contraintes. On ne peut plus sacrifier les enfants et il est temps de concrétiser la réforme. On n’a pas le droit moral de retarder le processus », a déclaré Leela Devi Dookun.
La ministre de l’Éducation indique qu’elle compte rencontrer la semaine prochaine les parents dont les enfants entreront en Std V l’année prochaine, soit ceux qui seront les premiers candidats au PSAC. Répondant aux questions concernant les moyens financiers et autres dont disposerait le gouvernement pour la mise en route du projet, elle a indiqué que son ministère aura un soutien de la Banque mondiale.
Lors de la rencontre, Leela Devi Dookun a rejeté les arguments selon lesquels le Nine-Year Schooling accroître la compétition au primaire et au secondaire. Pour cause, de nouveaux examens sont prévus au niveau national, avec entre autres l’introduction d’un « school base assessment » dont les points compteront pour l’obtention du diplôme de PSAC et celui du National Certificate of Education à la fin de la Form III. « Le nombre d’examens ne change pas. La réforme va réduire la compétition et il n’y a pas lieu de donner les leçons additionnelles ».
S’agissant des onze Académies de l’État, la ministre a maintenu hier que ces institutions seront mixtes (co-education) et que la population ne devrait avoir aucun souci à ce sujet. À cet effet, le ministère discute de toutes les mesures nécessaires pour le bon fonctionnement de ces écoles. En boutade, Leela Devi Dookun a fait remarquer que pour les leçons particulières, les filles et garçons sont entassés ensemble dans des garages ou des salles exiguës et qu’à ce sujet les parents ne disent rien.
Academies
S’agissant des infrastructures requises pour la bonne marche de la co-education et pour l’enseignement des filières d’études, la ministre a déclaré aux chefs d’établissements du secondaire d’État qu’ils ne devront pas se préoccuper de cet aspect, leur conseillant de réfléchir aux « pedagogical issues » et à la qualité de l’enseignement pour bien mener cette réforme. « My Ministry is working on this issue of infrastructure. You don’t have to worry », a-t-elle soutenu.
Leela Devi Dookun a fait ressortir que les collèges privés ne sont pas obligés de se convertir en Académies et peuvent conserver le système de full secondary Form I-VI. D’après l’intervention d’une rectrice d’un collège catholique hier, il semblerait que les collèges du privé préfèrent maintenir la structure actuelle pour des raisons bien spécifiques, comme le concept mixed abilities. La ministre de l’Éducation a une fois de plus invité les stakeholders du privé à entrer dans la structure “Academy”. Leela Devi Dookun s’est dite disposée à discuter avec ceux qui le souhaitent de la formule qui conviendrait le mieux à leur école s’ils prenaient la décision de créer une “Academy”.
Pour leur part, tous les collèges grant-aided doivent se conformer au Nine-Year Schooling et préparer leurs élèves à prendre part au National Certificate of Education, dont le premier examen est prévu en 2020. « Personne ne pourra rester en dehors de la réforme ».
La partie questions-réponses, après la présentation du projet, s’est déroulée dans l’ensemble sur un ton bon enfant, sans discussions animées. Il y a eu environ une quinzaine d’interventions dans l’assistance, certaines personnes recherchant des précisions sur divers aspects du projet. D’autres ont exprimé leurs appréhensions et ont soulevé des problèmes spécifiques au sein des écoles aujourd’hui.
Les points soulevés par les responsables d’établissements hier sont les mêmes que ceux dont la presse fait écho depuis plusieurs jours : la compétition au primaire, l’admission en Form I, le curriculum, les nouveaux examens et les différents modes d’évaluation, la participation du secondaire privé dans la réforme et l’avenir des collèges de ce secteur, la formation des enseignants, le fonctionnement des Académies, l’importance du préscolaire, les inégalités dans ce secteur, etc.
La ministre était très contente à la fin de cette rencontre. « Je suis très satisfaite. Les gens se sont exprimés sur plusieurs aspects et ils ont fait part de leurs appréhensions. Je suis disposée à poursuivre le dialogue pour dissiper les craintes et à écouter les propositions des collèges privés qui voudraient avoir des Académies », a déclaré Leela Devi Dookun aux journalistes.

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