Nouveau paysage d’affaires : Les premiers « ambulants » s’installent au VUT

Les choses bougent pour les marchands ambulants de la capitale. Une cinquantaine d’entre eux ont en effet déjà pris leurs quartiers aux premiers et deuxième étages du Victoria Urban Terminal, pourvu d’un millier d’échoppes. Si certains marchands opéraient normalement en fin de semaine, d’autres, en revanche, avaient fait le déplacement pour un premier constat de leur futur lieu de travail respectif. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ceux-ci sont plutôt optimistes.

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À la mi-journée jeudi, des membres du public arpentaient le tout nouveau Victoria Urban Terminal. Certes, il ne s’agissait pas encore de la grosse foule, mais ils étaient toutefois assez nombreux que pour donner confiance aux marchands y opérant déjà. Martine Toofany est une des premières locataires à y travailler.

« Mo mem premye marsan ki vini dan Urban Terminal. Lindi monn vini ek monn ankrouraz bann lezot kamarad vini », explique cette marchande de légumes, habituée à vendre ses articles dans les rues depuis une trentaine d’années.

« Au début, personne ne voulait venir, mais petit à petit, d’autres amis ont commencé à prendre place dans leurs échoppes. C’est très encourageant », ajoute-t-elle. Elle se dit cependant consciente que certains de ses clients habituels pourraient ne pas avoir envie de se déplacer dans ce nouvel endroit, mais elle reste optimiste. « Je veux entretenir toujours de bonnes relations avec le public. C’est cela qui va nous aider à attirer de nouveaux clients », laisse-t-elle entendre.

La concurrence des autres marchands ? Elle ne la craint pas. « Si un client apprécie notre travail, il reviendra », explique Martine Toofany, tout en admettant que son emplacement est assez restreint. Elle développe : « lor sime, nou abitie tal nou bann legim ek met kouma nou anvi. Me isi tou zafer bizin ena enn regleman. »

Malgré tout, les Rs 4 000 par mois réclamées pour la location de son étal reste une somme assez abordable. C’est ce qu’elle concède. En quelque sorte, le prix à payer « pou ki pena pou anvol partou, ki lapli ou soley ». Son souhait ? Que les marchands puissent faire des ajustements dans leur échoppe, en ajoutant par exemple des étagères. « Nous attendons de recevoir notre contrat pour en discuter avec la mairie » , avance-t-elle.
« Travay-la pou mars pli bien »

Kaviraj Beerdarsing, qui opère depuis une dizaine d’années comme marchand de légumes, est désormais un homme tranquille. « Auparavant, je travaillais à la gare Victoria. Ti pe bizin galope ar lapolis ek so la pli-soley. Aster nou resi gayn enn ti plas trankil, prop. Nou kapav travay », rappelle-t-il. Si les ventes sont pour l’heure assez timides, il n’est pas pour autant inquiet. « C’est normal. Surtout que les prix des légumes n’ont pas encore baissé », rajoute-t-il. Dans les jours à venir, se dit-il ainsi convaincu, « travay-la pou mars pli bien ek bann lezot marsan ki pou vini ».

Pour avoir travaillé dans la rue pendant 15 ans, sa voisine directe, Elisa Veerapaten, justifie sa décision d’opérer au Victoria Urban Terminal. « Je voulais avoir l’esprit tranquille et éviter d’avoir des problèmes et des contraventions avec la police », renchérit-elle.

Quant à son échoppe, si elle est heureuse d’en avoir une, elle la trouve malgré tout petite. « Pena boukou legim ki rant lor latab-la », dit-elle, ce qui l’oblige à amener de petites quantités de légumes. Elle aussi dit son souhait que la mairie autorise les marchands à agrandir leurs étales, soit en plaçant une table devant leur échoppe, soit en installant des étagères. 
Dans l’aile Foodstuff, Mamade Eshan s’est déjà installé et attend ses clients, à qui il propose biryani et pains fourrés.

« Je travaille comme marchand depuis l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, j’ai 55 ans et j’ai enfin un lieu correct pour opérer. Nou gayn enn bizou. Nou bizin konn gard li », dit cet habitant de Plaine-Verte, tout en se remémorant les temps difficiles où il opérait dans un van dans les rues Farquhar et John Kennedy. Revenant sur ces nouveaux emplacements, il tient à féliciter les marchands eux-mêmes. « C’est grâce à notre courage et à notre détermination que nous sommes ici aujourd’hui », estime-t-il.

« Plas-la tipti »

Pour son premier jour de travail, Mamade Eshan dit ne pas s’inquiéter concernant la clientèle. « J’ai informé mes clients sur les réseaux sociaux que je serai désormais au Victoria Urban Terminal. Je suis certain qu’ils viendront me voir. » Il invite les marchands récalcitrants à prendre place dans leurs échoppes. « Partou ser. Enn marsan riske pay enn lanplasman Rs 40 000 a Rs 50 000 dan Porlwi. Ki ou prefer, pay tigit gayn tigit, ou pay boukou gayn tigit ? »  reconnaît-il.

Plus loin, Nazir, vendeur de prêt-à-porter, peaufinait jeudi, son premier jour de travail, l’installation de son emplacement. À gauche comme à droite, les échoppes sont désertes. S’il ne se plaint pas, il estime quand même son étal « un peu petit ». Il explique : « Plas-la tipti. Kan rant dan esop-la, ou fer de pa, li fini lamem. Ena ziss 1m22. Li pa fasil, me ki pou fer ? Bizin trase. »

En revanche, le marchand, qui a opéré une trentaine d’années dans la rue, se dit « satisfait » que chaque échoppe possède son propre volet métallique. « On n’a pas besoin d’embarquer nos produits à la fin de la journée. Nous baissons nos volets et mettons un cadenas. En plus, il y a des agents de sécurité. » Lui aussi dit vivement espérer que tous les marchands puissent se réussir dans ce nouveau lieu. « Nous avons fait beaucoup d’efforts et de sacrifices pendant des années. J’espère que notre business va marcher. »
Bashira, mercière de profession, trouve aussi les étals trop petits, « mais en bon état ».

Le principal problème, selon elle, est que « nous ne pouvons pas disposer beaucoup de produits pour que les clients puissent les voir ». Pour le moment, le public arrive timidement, dit-elle, mais elle se dit confiante que les gens viendront plus nombreux lorsque d’autres marchands prendront place.

Vinod est marchand de dholl puri et opère à la gare Victoria. Disposant lui aussi d’un étal au Victoria Urban Terminal, il est venu voir son emplacement. Ce sexagénaire se dit d’ailleurs soulagé. « Aster lapolis pa pou fer nou narnien. Nou bien ramas problem dan lepase. »

Si certains marchands critiquent le prix de la location des étals, Vinod est d’un autre avis et préfère relativiser. « Si je compte bien, cela fait environ Rs 135 par jour. Je pense que nous pouvons travailler chaque jour au-delà de cette somme. »
Pour autant, il faut encore que les gens viennent. Mais à ce sujet, le marchand n’a pas de doute. « Plus il y aura de marchands, et plus le public sera encouragé à entrer. Parce que le public pourra trouver des légumes, des vêtements et de la nourriture dans un même et unique emplacement. »
Soulignons que 1 000 échoppes ont été allouées aux marchands ambulants qui opéraient autrefois à la gare Victoria, aux rues Decaen et John Kennedy, de même qu’au Jardin de la Compagnie.

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