NOYADES: Drames évitables

L’actualité a été marquée en ce début d’année par les nombreux cas de noyades enregistrés : neuf déjà. Ce chiffre grimpe jusqu’à 14 si on y ajoute ceux de décembre 2011. Une situation tragique qui indique que la sécurité en mer n’est pas encore totalement assurée, et que les Mauriciens ne font pas toujours preuve de prudence lors de leurs sorties à la plage.
Le dimanche 22 janvier 2012 a été une triste journée pour les baigneurs, avec trois cas de noyade enregistrés. Jean-Pierre Edouard a connu une fin tragique à Flic en Flac, emporté par une grosse vague; Adish Hury a subi le même sort à Palmar; tout comme Abdool Mahmood Faizal Numeebokus à La Prairie. Le 29 janvier, trois autres cas sont de nouveau enregistrés à Flic en Flac, La Preneuse et Trou d’Eau Douce. La mer a ainsi fait neuf victimes au total pour le seul mois de janvier.
Imprudence
La majorité de ces drames a eu lieu dans les régions est et ouest du pays. Ces lieux, privilégiés par les Mauriciens, sont-ils déconseillés pour la baignade ? Pas forcément, estime la National Coast Guard (NCG), même si cette dernière souligne que certaines plages propices à la baignade comportent toutefois quelques coins plus dangereux.
En tout cas, la NCG est catégorique sur un point : les cas de noyades sont souvent le résultat de l’imprudence des baigneurs. “Les personnes qui se retrouvent en difficulté en mer le sont souvent dans des zones interdites à la baignade, malgré la présence de panneaux placés sur la plage pour le leur indiquer. De plus, de nombreux pique-niqueurs choisissent mal les plages où ils veulent passer la journée. Avec la chaleur, ils sont tentés d’aller dans l’eau à l’endroit où des dangers existent. Certains baigneurs aiment aussi s’aventurer loin en mer, seuls, là où ils n’ont pas pied”, souligne l’inspecteur Purlachkee de la NCG.
Repas copieux
Nombreux sont également les cas de noyade occasionnés à cause du non-respect de règles de sécurité pourtant élémentaires. Selon la NCG, les gens continuent à vouloir aller dans l’eau après avoir pris un repas copieux. Il faut savoir que cette pratique est très favorable à la noyade. “À la mer, il faut éviter les repas trop lourds. Les gens ignorent cette règle de base, mangent beaucoup et vont ensuite nager. Il faut trois heures minimum pour que la digestion se fasse. Les gens ont tendance à l’oublier”, soutient Viraj Ramharai, de l’Australo Lifesaving Association.
Alcool
L’alcool et les baignades ne font également pas bon ménage. Dans un des cas de noyade constaté à La Preneuse, les officiers de la NCG présents ont immédiatement senti la forte odeur d’alcool émanant de la bouche de la victime. Selon la NCG, la consommation excessive de boissons alcoolisées à la plage est aussi une des principales causes de ces drames. “Les gens consomment de l’alcool avant d’aller se baigner, et même pendant qu’ils sont dans l’eau. C’est une attitude des plus déplorables, qui finit souvent mal. Quand une personne est sous l’influence de l’alcool, sa capacité à réfléchir et à prendre les bonnes décisions diminue considérablement. Elle peut aller se baigner à des endroits où il ne faudrait pas, et mettre ainsi sa vie en danger sans en avoir réellement conscience”, indique l’inspecteur Purlachkee.
Manque d’information
Le public doit constamment être rappelé des dangers de la baignade et des sorties en mer, car de nombreux Mauriciens ont trop souvent tendance à vite oublier les drames qui se produisent. Les campagnes de sensibilisation sont un élément essentiel pour mettre en garde des dangers liés à la mer. Selon Denis Grand-Port, membre des Fellowship First Aiders, il existe justement un manque de sensibilisation sur le terrain. “Le public a besoin d’être mieux informé des risques qu’il court, et on doit aussi savoir quoi faire quand on voit quelqu’un en difficulté dans l’eau. Avoir une notion des premiers secours est très important. Nous sommes disposés à le faire si on nous en donne les moyens. Nous le faisons déjà dans certaines localités, mais cette action doit être étendue aux plages les plus fréquentées. Et nous manquons de moyens.”
Conseils
La NCG rappelle ainsi quelques consignes de base aux nageurs. Avant tout, elle conseille au public de bien s’informer de la météo avant toute sortie à la plage. Il faut également vérifier si les vagues sont dangereuses et si le courant n’est pas trop fort avant d’aller dans l’eau. Le respect des panneaux interdisant la baignade et des conseils prodigués par les éléments de la NCG sur place est également essentiel. Désigner un adulte responsable pour surveiller les enfants est également préconisé. “Il est conseillé de toujours nager en groupe. Quelqu’un peut toujours être victime d’une crampe et, s’il est seul, ses chances de se noyer sont plus grandes”, souligne l’inspecteur Purlachkee.—————————————————————————————————————————————————
Les bons réflexes
Il faut savoir que les bons gestes, effectués au bon moment, peuvent sauver la vie d’une personne si cette dernière se retrouve en difficulté dans l’eau. Ainsi, il existe des techniques qui permettent d’aider la victime d’une noyade. 
“La première chose à faire, quand on voit qu’une personne est en train de se noyer, est d’appeler le 999. Ensuite, il faut absolument éviter de se mettre en danger soi-même. Il faut vérifier si on peut vraiment aller secourir la personne en difficulté. Si on connaît déjà les techniques de lifesaving, on peut y aller. Si on a réussi à sortir la personne de l’eau, il faut la placer dans ce qu’on appelle la recovery position, c’est-à-dire, sur le côté. Il faut ensuite vérifier s’il n’y a rien dans la bouche qui pourrait empêcher la victime de respirer. Puis, replacer la personne dans une position allongée, avec la tête inclinée vers l’arrière, avant de procéder éventuellement au bouche à bouche et au massage cardiaque. Il faut faire deux bouche à bouche pour 30 massages, et ainsi de suite”, explique Viraj Ramharai. “Si on se retrouve pris par le courant, il ne faut pas lutter. Il vaut mieux se laisser emporter jusqu’à ce qu’on retrouve pied. À ce moment, il faut sauter pour changer de direction et pouvoir plus facilement rejoindre la côte.”

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -