OIDC: Des travailleurs sociaux se mobilisent pour Agalega

La sortie en règle du père Jean-Maurice Labour, vicaire-général, contre l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) pour sa manière d’administrer Agalega, (voir l’interview parue dans Le Mauricien du 24 mars), n’a pas laissé indifférentes des personnes engagées dans le domaine du social. Les « Amis d’Agalega » relance le « Comité soutien à Agalega » tandis que Democracy Watch Mauritius, sur son site, suggère une commission d’enquête sur l’OIDC après les « dénonciations courageuses » du père Labour.
La direction de l’OIDC n’a pas été insensible à la vive colère exprimée par le vicaire-général au sujet de l’avancement inattendu de la date du premier voyage du Mauritius Pride à Agalega, et qui a privé un prêtre de l’Église de se rendre sur l’île pendant la semaine sainte à l’occasion de la célébration de Pâques. En début de semaine, l’organisme a proposé à l’évêché une place pour un prêtre sur un bateau de pêche, qui a quitté Port-Louis hier en direction d’Agalega. Le vicaire-général confirme cette proposition de l’OIDC, mais que l’Église a néanmoins refusé, et ce pour deux raisons : (1) le délai trop court pour trouver un prêtre disponible en raison de nombreuses activités prévues dans les paroisses en cette fin de carême et (2) l’incertitude par rapport à la date de retour, étant donné que le bateau de pêche ne revient pas à Maurice après son passage à Agaléga. « Au pied levé, on nous dit qu’il y a une place disponible sur un bateau de pêche, mais qu’il n’y a pas de garantie de retour. Or, les prêtres qui auraient pu faire le déplacement sur l’île ont des engagements durant la semaine sainte », explique le Père Labour. L’interview de ce dernier a mis les responsables de l’OIDC dans tous leurs états, certains d’entre eux n’hésitant pas à reprocher au prêtre de s’occuper des affaires qui, à leur avis, ne concerneraient pas l’Église.
Par ailleurs, dès le week-end dernier, les principaux animateurs du groupe « Les Amis d’Agalega » ont commencé à mobiliser les personnes engagées de la société civile (travailleurs sociaux, syndicalistes, avocats, professionnels de différents secteurs) pour relancer le « Comité soutien à Agalega ». « C’est grâce au combat mené par ce comité de soutien que les Agaléens ont obtenu des baux de terre et des meilleures conditions de travail ainsi que des salaires alignés sur les recommandations du PRB », dit avec fierté Laval Soopramanien, président des « Amis d’Agalega ».
Une des tâches à laquelle s’attellera ce comité est l’élaboration d’un projet de société pour l’île. « Tout le monde demande un plan de développement pour Agalega, mais tout projet doit cadrer avec les réalités de l’île. Nous allons essayer de conjuguer nos efforts pour définir ce projet de société, que nous proposerons ensuite aux autorités », explique M. Soopramanien. Mais pour l’heure, selon un constat des Amis d’Agalega, l’urgence est à la formation dans tous les domaines. « Il y a un déficit en formation dans la communauté des Agaléens et il faut y remédier. Il faut les “outiller” pour entrer dans tout plan de développement », poursuit le Père Labour. C’est ainsi que Les Amis d’Agalega, le Diocèse de Port-Louis et Caritas Île Maurice se sont mis ensemble pour proposer un programme de formation, qui sera offert aux Agaléens durant leur séjour à Maurice.
Le vicaire-général se dit en outre satisfait de l’intérêt témoigné par beaucoup de Mauriciens ces derniers jours au sujet de l’avenir de l’île. Parmi les réactions, on relève celle de Democracy Watch Mauritius, qui qualifie la prise de position du Père Labour de « courageuse dénonciation diocésaine » dans leur bulletin du 29 mars paru sur leur site. « Compte tenu de toutes les dénonciations de Jean Maurice Labour, une commission d’enquête s’impose », conclut Democracy Watch. « Il y va du droit des citoyens de la République vivant à Agalega (ou ailleurs, dans les villages les plus retirés ou faubourgs les plus démunis, à Maurice ou à Rodrigues) de recevoir la pleine considération de l’État et de ses instances. Nothing less ! », peut-on y lire.

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