Opération Efas Tras Difil Zarnye : la MCIT cible les contrats sous l’ère de l’ex-CEO Singh

L’évaluation de la résidence du Bout du Monde, évaluée à Rs 89 millions par la MRA, est contestée par la FIU pour les besoins d’un Unexplained Wealth Order

L’opération “Efas Tras” dans le réseau informatique de Mauritius Telecom en marge de son départ en tant que Chief Executive Officer il y a un an déjà s’avère être la nouvelle piste d’enquête de la Major Crime Investigation Team (MCIT) dans Sherry Singh Saga. Après une première interpellation et inculpation provisoire à ce titre en début de semaine, les convocations pour interrogatoire Under Warning de cadres de cette entité parapublique se multiplient.

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Les indications sont que l’étau pourrait se resserrer autour de Sherry Singh, ex-CEO de Mauritius Telecom (MT), suite à l’enquête sur des données qui auraient été effacées des fichiers informatiques. Alors que la PHQ Special Striking Team (SST) s’occupe de l’affaire relative au volet de la vente de câbles en cuivre, la Major Crime Investigation Team (MCIT) de l’ASP Ghoora épluchera les contrats qui auraient été octroyés par le principal concerné. En parallèle, l’ex-CEO de Mauritius Telecom se trouve confronté à une autre équation plus personnelle, soit la remise en cause par la Financial Intelligence Unit de l’évaluation de la propriété résidentielle par la Mauritius Revenue Authority, qui a mis un Price Tag de Rs 89 millions, jugé trop conservateur.

Pour ce qui est des enquêtes policières en cours, les limiers des Casernes centrales attendent d’accuser réception d’une série de dossiers de la direction de MT pour passer à la vitesse supérieure. Néanmoins, ils ont déjà entamé un exercice d’investigation sur l’axe Sherry Singh et Danesh Ellayah. La police a appris que tous deux seraient engagés dans des manœuvres lors de l’octroi de contrats ou autres marchés à être adjugés au sein de MT pendant quelques années.

D’après les informations parvenues à la MCIT, Danesh Ellayah aurait exercé une influence majeure au plus haut échelon de Mauritius Telecom sur divers sujets, comme des Strategic Decisions, le recrutement de membres du personnel, et même l’octroi de certains contrats. L’un des contrats qui intéressent les enquêteurs concerne le remplacement des boîtiers de MT par de nouvelles Smart Boxes suite à un partenariat avec Showmax.

Les responsables de la MCIT estiment que des échanges de courriels (e-mails) et des documents sur ce contrat auraient été intentionnellement et criminellement effacés des fichiers informatiques de l’ex-CEO Sherry Singh.

De plus, DNS Consult Ltd, de Danesh Ellayah, avait décroché un contrat de MT pour le Supply de nouveaux boîtiers, alors que c’est un autre proche de Sherry Singh qui s’était vu octroyer celui des réparations.

Si l’identité d’un fleuriste circule en ce moment, la MCIT n’a pas encore réceptionné le dossier de la direction de Mauritius Telecom. D’ailleurs, des cadres occupant des postes à responsabilités à différents niveaux de la société de téléphonie devront se rendre aux Casernes centrales bientôt pour répondre à des enquêteurs, que ce soit à titre de témoins, voire même comme potentiels complices dans l’opération Efas Tras Difil Zarnye.

L’autre volet de l’enquête menée par la MCIT se rapporte au recrutement et à la promotion de certains employés à des postes clés. Encore une fois, la police estime que les données « effacées » auraient pu faire la lumière sur cet item. Si elle attend davantage de détails de MT pour savoir si la compagnie a pu Retrieve ces données ou non, la police tente de confirmer des informations selon lesquelles plusieurs noms se trouvaient sur un dossier; et ces individus auraient été recrutés sans passer par un exercice de sélection en bonne et due forme.

Cela sans compter que la majorité travaillait auparavant dans une grande compagnie de télécommunication. Ainsi, ils occupaient des postes importants à la Telecom Tower et ils faisaient partie du cercle fermé de Sherry Singh. D’ailleurs, des membres de la Telecom Employees & Staff Association (TESA) avaient dénoncé le manque de transparence dans le processus de recrutement en 2015, tout en dénonçant une politique de “petits copains” à la Telecom Tower, tandis que Sherry Singh exerçait en tant que Top Chef au sein de Lakwizinn.

Ce syndicat avait même demandé une commission d’enquête sur le département des ressources humaines. Du reste, l’ex-Chief Human Resources Officer Nirmala Ramjhuria a été arrêtée par la MCIT mardi avec cette nouvelle page dans la Sherry Singh Saga. La police l’accuse d’avoir agi en complicité avec Salim Raja, Senior Officer Information System de MT, dans la disparition des données informatiques de Sherry Singh après sa démission comme CEO.

Lors de son interrogatoire, l’informaticien a collaboré avec la MCIT en révélant des détails cruciaux sur les fichiers informatiques en question. MT avait suspendu Nirmala Ramjuria en août 2022 et l’a invitée à prendre la porte en février dernier. Elle était passée par un comité disciplinaire, qui lui reprochait entre autres de privilégier certaines personnes pour l’exercice de promotion au détriment d’autres personnes plus qualifiées. Sherry Singh était son témoin dans ce comité.

Plusieurs autres contrats sous l’ère Sherry Singh seront scrutés par la MCIT, comme ceux attribués pendant la pandémie de Covid-19 pour l’acquisition d’équipements sanitaires, entre autres. Ces dossiers se trouvent toujours à la Telecom Tower et on attend leur transmission aux Casernes centrales.

Par ailleurs, à ce stade, Sherry Singh doit faire face à une équation personnelle plus délicate. En effet, la Financial Intelligence Unit multiplie les initiatives pour procéder à une nouvelle évaluation du patrimoine immobilier de l’ex-CEO de Mauritius Telecom à Au Bout du Monde, le Nec Plus Ultra des Gated Properties à Maurice. Des indications sont que l’évaluation d’un peu moins de Rs 100 millions, soit le chiffre de Rs 89 millions, par la MRA est considérée comme étant “on the Low Side”.
La démarche entreprise par la FIU, par voie de contre-affidavit, pour réclamer une contre-expertise de cette propriété, est contestée par nulle autre partie que celle de Sherry Singh. Cette affaire devra être traitée devant le juge de la Cour suprême, siégeant en référé, la semaine prochaine. De plus, la FIU soupçonne que Sherry Singh se serait également engagé dans des transactions immobilières à Dubayy, détails réfutés par l’entourage de celui-ci.
Dans les milieux proches de la FIU, l’on fait comprendre que ces éléments devront être confirmés en marge du Freezing Order déjà obtenu en prévision des procédures pour un Unexplained Wealth Order sous les dispositions de la loi. Dossier à rebondissements à démêler…

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