Opération « Tap Lestoma » : Maurice face à la distanciation régionale des voisins de l’OI

À Rodrigues, nouvelle manifestation, hier, pour réclamer la quarantaine de 14 jours à l’arrivée des vols d’Air Mauritius

  • Madagascar brandit la menace d’une suspension des liaisons aériennes avec Maurice à partir de samedi prochain
  • La Réunion, appelée à l’aide par Maurice, suspendue à un Move susceptible de limiter au strict minimum les déplacements entre les deux îles

Les Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, dont la stratégie de com avec la pandémie de Covid-19 était axée sur le leitmotiv « Nou Mem Meyer Partou », doivent revoir leur copie dans les plus brefs délais. Même si à ce jour l’Hôtel du Gouvernement repousse encore d’un revers de la main toute éventualité de lockdown, Maurice reste sous la menace d’une décision à rebours avec le pays classé dans la liste rouge en raison de la prévalence du variant Delta du Covid-19 faisant des ravages conséquents dans l’île.

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Un premier avertissement à peine voilé est venu d’un pays-ami, Madagascar, dont le conseil des ministres de mercredi a brandi une suspension des liaisons aériennes avec Maurice à partir de samedi prochain. À Rodrigues, malgré une opération de charme de l’Assemblée régionale, les Rodriguais sont encore descendus dans la rue à Port-Mathurin, hier matin, pour manifester contre l’absence de restrictions pour éviter l’introduction du Covid-19 dans l’île. Et à La Réunion, qui a accepté de fournir de l’oxygène médical à Maurice, l’on suit de près la situation avec une éventuelle limitation des déplacements en cas de passage de l’orange au rouge.

L’opération Tap Lestoma, présentant le pays comme le meilleur de tous dans la région et en Afrique dans la conjoncture de lutte contre le coronavirus, est sur le point d’être détournée en une distanciation régionale au préjudice de Maurice. La nette détérioration, avec une accélération dans le nombre de décès akoz-Covid et des cas positifs, pousse les autorités dans la région à revoir leur position avec la réouverture des frontières depuis le 1er octobre, avec des effets d’un éventuel jeu de dominos sur le plan international et le tourisme veillant au grain sur les retombées.

La décision de Madagascar de revoir la reprise de la desserte aérienne avec Maurice a été une douche froide dans la conjoncture de relance des activités économiques sous le signe de back to normal. De ce fait, les deux vols hebdomadaires d’Air Mauritius restent en suspens. La mesure entérinée par le conseil des ministres malgache mercredi devra obtenir le feu vert de la présidence de la République avant son entrée en vigueur.
L’interdiction de l’accès aérien malgache à tout vol commercial venant de Maurice pourrait intervenir à partir de samedi prochain. À ce stade, il est vraiment difficile de dire si Port-Louis est en mesure de trouver des arguments sanitaires susceptibles de convaincre la Grande Île de ne pas franchir ce pas, qui sera un coup dur pour Maurice en cette fin d’année.

Plus près de chez nous, soit à l’île de La Réunion, Maurice dans la catégorie orange permet à d’éventuels déplacements entre les îles sœurs. L’augmentation des Covid-19 casualties accompagnée de cet appel au secours de Port-Louis sous le SOS Oxygène pour le traitement de patients infectés au Covid-19 pourrait pousser les autorités françaises à un second thought au sujet du classement de Maurice.

Effets néfastes

Toute décision de la préfecture de La Réunion limitant strictement les déplacements sur Maurice akoz Covid devrait générer des répercussions en France. Tour au moins sur le front de la promotion touristique. C’est ce qu’on appréhende le plus dans les milieux autorisés de l’industrie hôtelière depuis ces derniers jours. Un hypothétique retour de Maurice en zone rouge dans cette conjoncture n’était pas dans les cartes des opérateurs après un premier mois plein de promesses et surtout les effets néfastes de cascade sur d’autres marchés.
Néanmoins, le plus difficile à gérer dans la région semble l’entêtement des Rodriguais à réclamer un durcissement des mesures en vue de la reprise de la desserte aérienne régulière, interrompue depuis le début de mars dernier avec Maurice. Hier encore, à l’initiative du Mouvement Citiyen Anti-Covid, ils étaient presque un millier à participer à la marche pour dire « non à l’ouverture avec sept jours de quarantaine et oui à l’ouverture des frontières avec quatorze jours. »

Pourtant, au cours de la semaine écoulée, des commissaires de l’Assemblée régionale de Rodrigues sont montés en première ligne pour sensibiliser les Rodriguais à cette nouvelle étape et pour les dissuader de descendre dans la rue. Il n’empêche qu’une pétition énumérant les principales revendications au sujet de la reprise de la desserte aérienne à être adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth, aura déjà recueilli plus de 7 000 signatures.

Pour la marche d’hier matin dans les rues du chef-lieu, hommes, femmes et enfants ont parcouru deux kilomètres de Baie-Lascars pour rallier le MCB Square avec des escales devant La Résidence et le siège de l’Assemblée régionale de Rodrigues. La principale appréhension exprimée par les manifestants est que toute introduction du variant Delta à Rodrigues aura des effets catastrophiques, vu que l’île n’est nullement équipée sur le plan sanitaire et de la santé. Les slogans inscrits sur des pancartes en disaient long sur l’état d’esprit dans l’île.

Cette marche sous forte escorte policière s’est déroulée sans incident. Les animateurs du Mouvement Anti-Covid se félicitent du response des Rodriguais. Ils ont signifié leur intention de poursuivre cette mobilisation aussi longtemps qu’ils n’obtiendront pas satisfaction. Ils regrettent que jusqu’ici, le gouvernement régional n’ait pas jugé nécessaire d’ouvrir une ligne de communication avec eux, pour au moins un dialogue.
Une question de distanciation…

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