PHYSIOTHÉRAPIE : Le physiothérapeute est tout aussi important que le médecin, selon Davina Ankiah

Aider un patient à retrouver son autonomie après une opération ou encore aider un enfant ou une personne âgée qui éprouve des difficultés à expectorer le mucus de ses bronches. Telles sont, entre autres, les tâches qui reviennent au physiothérapeute dans un centre hospitalier. Davina Payaniandee Ankiah, secrétaire de l’Association des Physiothérapeutes à Maurice, déplore toutefois que le métier ne soit pas suffisamment connu à Maurice. En ce sens, le public est invité ce samedi à une journée de sensibilisation sur les techniques d’exercice appropriées au MIE de 9h à 14h.
« À l’étranger, on sait que quand on a un mal de dos, par exemple, on doit aller chez un physiothérapeute. Mais à Maurice, on ira chez un médecin… », a affirmé Davina Payaniandee Ankiah, secrétaire de l’Association des Physiothérapeutes à Maurice. Alors qu’il y a un manque cruel de physiothérapeutes dans les hôpitaux, selon elle, « bien des jeunes qui ont terminé une formation en physiothérapie ont changé de filière faute de recrutements suffisants ».
La Journée mondiale de la Physiothérapie est célébrée chaque année le 8 septembre en vue de mieux faire connaître le métier. Le thème de cette année étant « Physical Activity for Life », l’association à Maurice a décidé d’encourager les jeunes adultes à l’activité physique. Elle organise ce samedi, en collaboration avec le MIE, une journée de sensibilisation. « Les jeunes aujourd’hui se posent beaucoup de questions sur leur santé. Si on les met sur la bonne piste en les encourageant à l’activité physique, cela deviendra une habitude pour eux », explique Davina Payaniandee Ankiah.
Au programme de la journée au MIE, de 9h à 14h, une session gratuite d’une heure de fitness sera animée par un coach, un test physio gratuit sera offert et des conseils sur les douleurs ainsi que les différentes postures à adopter seront proposés. Il y aura également des activités de gym.
En quoi consiste le métier du physiothérapeute ?
« La physiothérapie est complémentaire à la médecine. Nous sommes dans le paramédical et notre travail consiste à remettre debout un patient après une chirurgie. Par exemple, si un patient a subi une opération du genou et que le médecin a déjà installé la prothèse, le travail du physiothérapeute consistera à prendre en charge le patient juste après la chirurgie pour l’aider à retrouver son autonomie. Nous l’aidons à retrouver une vie normale. On complémente donc le travail du médecin », explique Davina Payaniandee Ankiah, citant à titre d’exemple d’autres champs d’intervention tels des cas d’AVC, de cancer, mais aussi en pédiatrie. « Il y a beaucoup d’enfants qui souffrent de leur colonne vertébrale à force de porter sur leur dos des cartables trop lourds ou parce qu’ils ne s’asseyent pas correctement à l’école. Par ailleurs, il y a des bébés ou des personnes âgées qui n’arrivent pas à expectorer le mucus de leurs bronches. On fait alors une physiothérapie thoracique avec des exercices de respiration. La personne se rétablit plus vite ».
Selon notre interlocutrice, « le physiothérapeute est appelé à intervenir dans pratiquement tous les domaines de la santé ». Elle poursuit : « Mais, à Maurice, les gens ne connaissent pas bien notre rôle. On est connu sous diverses appellations comme kinésithérapeute ou “physical therapist”. Pour devenir physiothérapeute, il faut quatre ans de formation. Moi, j’ai été formée à l’UoM qui dispensait autrefois ce cours, mais plus maintenant. J’en connais aussi d’autres qui ont changé de filière faute de recrutement suffisant dans les hôpitaux. La situation commence à changer, mais cela prend du temps. »
Davina Payaniandee Ankiah souligne aussi un problème à Maurice : « Il y a beaucoup de personnes qui ne savent pas qu’ils doivent voir un physiothérapeute. Elles vont chez des masseurs sans formation et les résultats par la suite sont catastrophiques. Par exemple, des patients d’AVC qui vont chez un masseur laissent des séquelles visibles. Ils ont parfois des mains dures comme du bois. Le physiothérapeute a été formé pour faire des massages. C’est connu qu’il ne faut pas faire de massage sur le corps des patients AVC car le problème est au niveau de la tête et non dans les mains. Quand on presse sur les muscles alors que la tête n’a pas encore récupéré, cela laisse des séquelles. Il faut commencer par des exercices très spécifiques. Ce n’est que là, qu’après six ou sept mois, qu’on peut voir une grande différence. »
Le plus gratifiant dans le métier de physiothérapeute, dit-elle, est « quand on voit une personne récupérer ».  Elle ajoute : « Pour moi, c’est le plus beau des métiers car cela nous procure une grande satisfaction. Mais, il y a aussi des personnes qui se laissent aller et ne font pas d’efforts pour se rétablir. Cela vous rend triste. Mais quand vous voyez une personne arriver à marcher à 75% et qu’elle a travaillé pour y arriver, cela donne envie de continuer… C’est un métier très prenant car nous aussi on a mal au dos en nous occupant des autres. On doit faire des exercices d’étirement. Mais, c’est gratifiant. »
L’Association des physiothérapeutes a été créée en 2008 et est la seule association à regrouper des physiothérapeutes du privé et du public. Depuis 2011, elle s’est affiliée à la World Confederation for Physical Therapy. À ce jour, l’association compte 45 membres et se donne pour but de partager autour de la physiothérapie et de rehausser la pratique à Maurice. « Chaque année, nous organisons des programmes de sensibilisation et de conseils. Nous démarrerons bientôt un projet qui a déjà été approuvé par le CSR pour aider les personnes âgées. Nous serons dix physiothérapeutes à aller dans les centres de troisième âge pour donner des conseils gratuitement et pour effectuer des tests de physio. Ce projet est censé s’étendre jusqu’à l’année prochaine. »
Davina Payaniandee Ankiah dit souhaiter qu’il y ait plus de physiothérapeutes dans les hôpitaux. « Si on compare le nombre de physiothérapeutes à Maurice et celui à La Réunion… Il y a un grand besoin. On travaille d’arrache-pied… », dit-elle.

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