Plantes aromatiques et médicinales : Créer des clusters à l’échelle régionale

Gregory Martin (Région Réunion) : « Valoriser de  nouvelles filières économiques résilientes pour nos territoires »

  • Le Comptoir des Papam nouvel axe de coopération régionale

Le Comptoir des Papam (Plantes aromatiques à parfum et médicinales) est un projet de coopération régionale visant à créer un réseau de clusters dans les domaines de la cosmétopée/pharmacopée/épices à l’échelle de la zone océan Indien, dans le but de doper les échanges commerciaux. Financé par Région Réunion à travers l’Union européenne, ce projet vise deux  principaux objectifs :  structurer les trois filières à La Réunion, Maurice et aux Seychelles, et impulser une dynamique de développement sur toutes les chaînes de valeurs de ces filières.

- Publicité -

Qualitropic, pôle de compétitivité de La Réunion spécialisé dans les filières de la bioéconomie tropicale, a animé un atelier sur le Comptoir des Papam afin de discuter avec plusieurs acteurs mauriciens des perspectives de la bioéconomie, modèle économique de l’avenir et nouvelle vision de l’économie respectueuse de l’environnement. Cette économie du vivant regroupe les activités économiques liées à l’innovation, à la production, au développement et à l’utilisation de produits et de procédés issus du monde du vivant et renouvelables.

Elle est basée sur la production et l’exploitation écoresponsable de toutes les ressources et richesses, qui foisonnent sous les latitudes tropicales, et travaille à la valorisation des ressources naturelles, terrestres et marines de l’océan Indien. Qualitropic rassemble et accompagne différents acteurs, et surtout des entreprises, afin de poursuivre des objectifs de compétitivité, de performance et de développement économique, notamment sur le plan de la bioéconomie tropicale. Vingt-cinq personnes ont participé à cet atelier de travail, qui s’est déroulé à l’IFM, parmi lesquels des experts, des représentants du MRIC et de Cap Business océan Indien, et des opérateurs et spécialistes mauriciens.

« Travailler ensemble »

Gregory Martin, chargé de coopération à Région Réunion, explique qu’il faut « valoriser de  nouvelles filières économiques résilientes pour nos territoires », d’où le projet de Région Réunion d’accompagner l’émergence d’un cluster de la bioéconomie. « À La Réunion, on a décidé d’écrire avec Maurice une page d’histoire. Nous ne pouvons rester chacun dans notre coin. Nous devons travailler ensemble et avec nos voisins. »
Cela d’autant que « nos îles ont été chahutées » par la pandémie, qu’elles sont loin de tout, et que la transition énergétique va prendre plus de temps. Et Gregory Martin d’insister : « Nous pouvons changer la donne en regardant les trésors dont recèlent nos territoires, et grâce à l’intelligence collective. Nous pouvons identifier des solutions économiquement viables, et ce, grâce à l’appui de l’Europe et le soutien de La Réunion. » Aussi se dit-il convaincu que Maurice est capable de déployer ce type de projets dans les trois à quatre prochaines années.
Jérôme Villemin, directeur de Qualitropic, a expliqué pour sa part que le projet Comptoir des Papam concerne l’agriculture, les matériaux biosourcés et la chimie verte, entre autres. Il s’agit de valoriser les extraits naturels dans le cadre de l’économie circulaire. « On jette beaucoup de déchets, qui peuvent être valorisés », dit-il, citant l’exemple de la peau d’ananas, la peau d’orange et la peau de banane. Qualitropic travaille avec quelque 80 entreprises à La Réunion et assiste des projets innovants. Chaque année, elle en accompagne une centaine.
Les représentants de Qualitropic ont souligné que le projet Comptoir des Papam s’inscrit dans la démarche initiée par Cap Business (Union des Chambres de commerce de l’océan Indien) en 2016, et dont un des objectifs était de constituer un réseau régional de clusters « huiles essentielles et cosmétique » à l’échelle de la zone océan Indien, afin de développer les échanges commerciaux. Le projet poursuit deux objectifs, soit structurer les filières cosmétopée, pharmacopée et épices dans la zone du sud-ouest de l’océan Indien, et impulser une dynamique de développement sur toutes les chaînes de valeurs des filières par la mise en œuvre de clusters régionaux.

Déterminer les besoins mondiaux

Pour structurer la filière à Maurice, Qualitropic fera une cartographie des acteurs économiques opérant dans ces domaines et des végétaux à fort potentiel. « Nous allons aussi déterminer les besoins internationaux en termes d’extraits végétaux, élaborer des guides pratiques pour les entreprises du secteur, et réaliser une étude de faisabilité. » Le projet consistera à l’accompagnement collectif des acteurs, la structuration des clusters et de la démarche régionale, et l’analyse des besoins en formation des acteurs de la filière.
Afin de mener à bien le plan d’action, Qualitropic s’appuiera sur les expertises de trois prestataires, à savoir Cosmetic Valley, Alain Tubiana et l’Aplamedom. Le premier, Cosmetic Valley, est un cluster créé en 1994 par le Dr Jean-Luc Ansel. Labellisé Pôle de compétitivité en 2005, Cosmetic Valley est le coordinateur de la filière cosmétique sur le plan national. Le Dr Jean-Luc Ansel sera chargé de former les chargés de mission et d’accompagner les acteurs de la filière cosmétique, notamment sur les ressources de la biodiversité, de la culture jusqu’à l’élaboration de produits finis.
Deuxième prestataire qui agira comme expert : Alain Tubiana. Cet expert international en management des clusters et innovation collaborative interviendra dans le cadre des séminaires de formation régionaux dans l’accompagnement des acteurs, à se regrouper dans une démarche collaborative et au recensement des compétences existantes sur les trois territoires.
Le troisième expert est l’Association pour les plantes aromatiques et médicinales des départements d’Outre-mer (Aplamedom), qui œuvre pour la recherche et la valorisation des plantes de la pharmacopée traditionnelle. Claude Marodon, le président fondateur  d’Aplamedom, et docteur en pharmacie, accompagnera le développement des acteurs de production et de valorisation des Papam sur les trois territoires dans les différentes filières du projet, soit cosmétique, pharmaceutique et agroalimentaire.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -