Pointe-aux-Sables : d’épais panaches de fumée noire étouffent les habitants

  • L’usine FM Denim Co Ltd (Firemount) pointée du doigt
  • Fabrice David : « À quand remonte le dernier monitoring de la Pollution Prevention & Control Unit dans la zone ? »

Quand il y n’en a plus, il y en a encore. Les habitants dont les maisons côtoient les zones industrielles de La Tour Koenig et de Pointe-aux-Sables pensaient  être définitivement débarrassés des aléas engendrés par les volutes de fumée dégagées par les usines. Non, car après plusieurs mois de répit se traduisant par une nette amélioration de la qualité de l’air, l’immense panache de fumée noire qui émane de la cheminée de l’usine textile FM Denim Co Ltd, productrice de pièces de jeans, blousons et shorts, entre autres, dans deux compartiments à La Tour Koenig, fait ressurgir les vieux souvenirs des pics de pollution quotidienne à l’origine de problèmes respiratoires chroniques chez les habitants les plus vulnérables.

- Publicité -

« Du jamais vu », selon les plus anciens habitants des maisons qui jouxtent la zone industrielle. Après avoir subi les contrecoups des épaisses fumées noires de l’usine CMT depuis plusieurs années, ils disent en avoir marre des quantités de polluants émis par l’usine FM Denim Co Ltd depuis le début de l’année. « Après avoir rejeté des épaisses panaches de fumée noire dans l’atmosphère en toute impunité durant de nombreuses années, on a noté que l’usine CMT avait fait des efforts pour rectifier le tir. Sauf que l’usine FM Denim Co Ltd, qui était dans notre collimateur depuis plusieurs semaines, a pris le relais et commence à dépasser les bornes », confie un riverain. Cet imposant nuage de fumée, avec un degré de pollution atmosphérique nullement conforme aux valeurs limites, est visible à des kilomètres à la ronde.

De quoi susciter des interrogations, voire l’indignation, car personne ne sait si l’usine ne profiterait pas des heures indues où tout le monde est ordinairement retiré chez soi pour rejeter une plus grande quantité de fumée. Dans l’une des sombres avenues entourant la zone industrielle réside Patricia, qui subit régulièrement les rejets des usines qui se sont développées à un rythme accéléré depuis les années 1990. Depuis sa fenêtre, elle voit presque tous les jours la cheminé de l’usine FM Denim Co Ltd cracher de la fumée noire. « J’habite là depuis une quinzaine d’années et il y a tout le temps de la fumée qui est rejetée des usines, mais pour des raisons que j’ignore, cette pollution n’a cessé de prendre de l’épaisseur et de l’ampleur, au point de nous étouffer et de nous rendre malades. L’inhalation de l’air suffocant n’est pas la seule difficulté qui rend la vie dure aux habitants. Des couches de poussière couvrent les murs et les rideaux des maisons », dit-elle.

Le Collectif Bien-Être de Pointe-aux-Sables et d’autres organisations ont eu beau exprimer leur courroux au sujet des usines polluantes au cours de ces cinq dernières années. Peine perdue. Les autorités et les usines pointées du doigt ne semblent pas faire grand cas du calvaire des habitants exposés à ces émissions. Le député de la circonscription Fabrice David, qui a travaillé pendant 13 ans en France dans le domaine de la dépollution de l’air industriel, compte non seulement exiger des autorités le suivi qui a été effectué suite à cette pollution atmosphérique, mais aussi tirer les vers du nez du ministre de l’Environnement au Parlement. « Cette affaire coïncide avec la présentation de l’Environement Bill. Avoir un cadre légal c’est bien, encore faut-il qu’il soit respecté par tout le monde sans distinction. Le calvaire des habitants de Pointe-aux-Sables a trop duré. Le ministre devra répondre sans ambages », souligne Fabrice David, qui se pose deux questions : « L’industriel pointé du doigt respecte-t-il le protocole ? À quand remonte le dernier monitoring de la Pollution Prevention & Control Unit dans la zone ? »

Le chef Inspecteur de la police de l’Environnement Jean Nobin Brasse, qui a visionné les vidéos qu’on s’est procurées auprès des habitants, s’est également dit choqué par cet immense nuage de fumée noire. « Notre unité prend cette affaire très au sérieux, car il ne fait aucun doute que ces épais panaches de fumée noire sont largement au-dessus de la norme. C’est inacceptable ! Nous avons informé le Pollution Prevention Control Unit du ministère et nous allons dépêcher des officiers de notre unité sur le site dans les plus brefs délais », dit-il. Se basant sur l’ensemble des concentrations mesurées pendant les essais effectués dans la zone industrielle durant l’année 2023, dont les dépôts de poussière considérables, il soutient que « bien souvent, le degré de pollution atmosphérique n’était nullement conforme aux valeurs limites. Les usines qui ont été warned, dont la CMT, ont réglé le problème. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -