PORT-LOUIS : Quand les chaînes de restauration rapide ont la cote chez les employés de bureau

Si les chaînes de restauration rapide sont souvent mal perçues, force est de constater que depuis quelque temps, elles ont la cote chez les employés de bureau. Cette tendance traduit un fait de société : ces derniers n’ont plus le temps de préparer leur déjeuner. Et, pourtant, le Mauricien, dit-on, est plus conscient de l’importance de manger sainement. Comment concilient-ils alors cette idée et la contrainte du temps ? Conscients de ces deux réalités, des petits restaurants que nous avons visités dans la capitale soutiennent que ce n’est pas le fast-food traditionnel qu’ils proposent mais des options plus saines : pain complet, salades, moins de sel et d’huile…
Lors des dernières années, deux ou trois petits restaurants rapides ont ouvert leurs portes à Arcade Fon Sing, Port-Louis. Cela bien que d’autres n’y ont pas fait long feu. Mais depuis quelque temps, rien que dans cet emplacement, on dénombre six points de prêt-à-manger ! Le Mauricien a voulu savoir pourquoi malgré la présence des concurrents, les propriétaires ont choisi de s’y installer, presque côte à côte.
Raï-z Abdollah, propriétaire de The Sandwich Society, dit ne pas être concerné vraiment par la concurrence dans la mesure où « notre concept est assez nouveau, du style Subway. Les gens peuvent choisir parmi une variété de salades et de viandes ce qu’ils veulent dans leur pain ». Wraps, frites, des légumes de toutes les couleurs, pain complet…The Sandwich Society propose une variété de possibilités à ses clients. Avez-vous fait une étude du marché avant de vous installer parmi tous ces restaurants rapides en septembre 2014? « Nous étions déjà ici depuis 25 ans, mais nous étions dans l’impression de photos. L’ère numérique a tué ce secteur. L’étude du marché, c’est plus en tant qu’observateurs que nous l’avons faite. Nous avons donc converti l’emplacement en resto. C’est notre première aventure dans l’alimentation rapide ».
Pour Raï-z Abdollah, les habitudes alimentaires des Mauriciens ont changé. « Ceux qui, autrefois, mangeaient des kebabs, rotis, sont plus conscients. Ils veulent des options plus saines, plus fraîches. Et, c’est ce que nous leur proposons ». Selon lui, les Mauriciens n’ont plus le temps de préparer leur déjeuner à la maison.
Ce que s’accorde également à dire Karuna Sunkur, propriétaire de Pure Veg. Faute de temps, affirme-elle, les employés sont de plus en plus nombreux à s’alimenter à l’extérieur. « Les parents doivent s’occuper de leurs enfants. C’est le “rush” le matin. Quand ils viennent ici, ils peuvent avoir leur roti ou pain de blé, des plats épicés, du riz, des salades et des plats végétariens sains pour tous… à un bon prix. Beaucoup observent un régime, donc, on diminue le sel, l’huile. Nos chapatis sont faits sans huile, à partir de farine de blé ». Dès lors, elle refuse de catégoriser ses plats comme “fast-food” malsain.
Pure Veg s’est installée à Arcade Fon Sing depuis une année. « Nous avons saisi une occasion qui s’est présentée à nous. Mon ami connaissait l’ancien propriétaire du resto qu’il y avait ici. Et, comme mon beau-père et mon mari sont déjà dans la restauration, je leur ai emboîté le pas », dit-elle. « Quand je suis arrivée, il y avait un seul restaurant. Les autres sont venus après ». Pour elle, la compétition se fait de plus en plus rude à cause du nombre grandissant de personnes qui rentrent dans ce secteur. Malgré tout, Karuna Sunkur estime « qu’il y a de la place pour tous ».
Face à “Pure Veg”, “Comme à la Maison” est un nouveau petit restaurant rapide qui a ouvert en février dernier et qui a pour propriétaires un couple d’ex-marchands ambulants. Ici, chaque jour, le client peut avoir un menu du jour et des gâteaux en dessert. « En tant que marchands ambulants, nous n’avions pas de place fixe. On était constamment chassé par les policiers. Nous avons préféré nous installer ici. Nous avons pris un emprunt et nous avons quatre associés ». Le couple n’a pas étudié le marché avant de se lancer dans ce domaine : « nous avons voulu essayer. Qui ne tente rien n’a rien » dit-il. Comment se démarque-t-il des autres ? « Où que vous alliez, on propose “mines bouillies”, riz frit. Nous, on propose des plats faits maison comme vindaye de poisson, des légumes secs, du riz, “daube d’ourite” et du “briyani” les vendredis ».
À la rue Edith Cavell, Vani Veerupen, a repris le Sandwich Bar depuis octobre dernier. Qu’est-ce qui l’a motivée à reprendre une échoppe qu’un ancien propriétaire a vendue ? « On a regardé ce qui se passait tout autour et si on allait continuer dans la même ligne, on a vu qu’on est le seul à faire ce qu’on propose : pain à l’ancienne dans l’esprit du “manger sain”. On essaie d’innover ». Après quelques mois, elle se dit « satisfaite ». Estime-t-elle que son restaurant fera long feu ? « On espère ! Les gens veulent quelque chose de rapide et quelque chose de sain. Fast-food ne veut pas forcément dire “unhealthy” ».
Par ailleurs, dans l’éventualité que les principaux bureaux de la capitale bougent à Ébène, avec la décision du gouvernement de transférer le Parlement à Heritage-City, les restaurants seraient-ils appelés à bouger ? « Ma clientèle ne comprend pas vraiment de fonctionnaires, soutient Raï-z Abdollah. Mais Ébène est un bon endroit pour la restauration. On pourra étudier cette possibilité ». Karuna Sunkur est du même avis. « Tout est possible », répond-elle.
Quoi qu’il en soit, le manque de temps des employés de bureau semble faire booster le secteur de l’alimentation rapide. Encore faut-il que ces points de vente puissent vraiment répondre aux exigences de leurs clients en termes d’alimentation saine s’ils veulent faire long feu…

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