Précarité et pouvoir d’achat : Le budget sous la loupe des acteurs luttant aux côtés des plus démunis

Edley Maurer, Project Manager à SAFIRE: « Il manque un plan détaillé pour vraiment aider les pauvres à s’en sortir »

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Imam Joomun, directeur de l’ONG M-Kids: « Une goutte d’eau dans la mer car une personne qui touche Rs 18 000, aujourd’hui, ne touche en fait qu’un équivalent de Rs 10 000 car les prix ont tellement flambé »

Si le Grand Argentier, Renganaden Padayachy a déclaré lors de son Grand Oral, mardi, que le budget 2022-2023 a été écrit avec le peuple pour le peuple, qu’en pensent ceux sur le terrain luttant au quotidien contre la pauvreté ? À quel point ce budget pourra-t-il soulager la détresse des plus démunis ?

Edley Maurer, Project Manager à SAFIRE (Service d’accompagnement, de formation, d’insertion et de réhabilitation de l’enfant) regrette l’absence d’un plan cohérent pour combattre la pauvreté. « Il manque un plan détaillé pour vraiment aider les pauvres à s’en sortir. Il n’y a pas une vision claire par rapport à la direction qu’on veut prendre pour ces familles. Il peut y avoir des mesures annoncées ici et là pour lutter contre la pauvreté mais si elles ne s’insèrent pas dans un plan cohérent, ce ne sera que des mesures de maquillage », dira-t-il sans ambages.

Tout en estimant que le budget n’est « pas mauvais », l’imam Arshad Joomun, directeur de l’ONG M-Kids, dit sa déception qu’il « n’ait pas couvert davantage le secteur des ONG ». Il craint, d’autre part, que les mesures ne soient pas suffisantes pour soulager les plus vulnérables face à la perte du pouvoir… d’achat.

Si Edley Maurer reconnaît que ce budget fait place à pas mal de mesures, il interpelle sur le vrai problème des pauvres. « Leur problème, c’est quoi, c’est l’alimentation, l’éducation, le travail. Mais avec l’augmentation drastique du coût de la vie, ces mesures ne seront pas suffisantes », concède-t-il.

En outre, poursuit-il, si le ministre a parlé d’attirer plus de femmes jusqu’à 50 ans dans le monde du travail à travers une prime mensuelle à l’emploi de Rs 15 000 lors de la première année, le mentor des enfants en situation de rue s’interroge sur les secteurs dans lesquels les femmes dans le besoin sont susceptibles de travailler. « Si elles veulent bien travailler, ce n’est pas dans tous les secteurs qu’elles seraient prêtes à s’y lancer. De quel type de boulot parle-t-on et quelle formation a-t-on prévu pour ces personnes ? » se demande-t-il.
Edley Maurer souligne que quand on parle de pauvreté, un des moyens-clé pour s’en sortir, c’est l’emploi. « Que faut-il au juste ? Il faut un projet soutenu, que ces gens puissent travailler, économiser leur argent et prendre leur vie en main. Ce qui réduirait par là même les dépenses de l’État », dit-il.

En partant de cette perspective, dit-il, on doit se demander ce qui a été mis en place pour la création d’emplois pour ces familles pauvres. « Quel type d’emploi pour elles ? Si on décide par exemple de regrouper des personnes démunies dans des quartiers, leur donner l’accès à la terre et les aider à lancer des fermes agricoles, produire des denrées de base, là ce serait du concret. Si on veut vraiment aider les familles pauvres à s’en sortir, prendre leur vie en main et ne plus dépendre des aides sociales, il faut créer des emplois qui leur soient adaptés. Par exemple, si ces gens sont analphabètes, dans quel secteur pourront-ils travailler ? S’ils sont analphabètes, cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de potentiel et qu’ils ne peuvent travailler. »

Le Project Manager de Safire est d’avis qu’il manque un plan détaillé pour vraiment aider les pauvres à s’en sortir. « Il n’y a pas une vision claire par rapport à la direction qu’on veut prendre pour ces familles. Dans le cadre de l’Agenda 2030, en matière de lutte contre la pauvreté, il y a plusieurs points importants qui ont été mentionnés par rapport à l’éducation, à la santé. Il faut travailler sur un plan cohérent. Il faut créer de l’emploi et changer des systèmes. Si le système éducatif, par exemple, ne s’adapte pas aux circonstances actuelles, on perpétuera l’existence d’enfants analphabètes, qui seront hors du circuit, ce qui occasionnera des problèmes sociaux. Il faut miser sur l’éducation pour que d’ici 2030 ce système évolue. » S’il dit voir des mesures annoncées ici et là pour lutter contre la pauvreté, « si elles ne s’insèrent pas dans un plan cohérent, ce ne sera que des mesures de maquillage. »

De son côté, l’imam Arshad Joomun regrette qu’il n’ait pas été davantage consacré aux ONG. « Lors des réunions consultatives avec les ONG, nous avions demandé l’enlèvement des taxes sur nos achats car nous faisons beaucoup d’achats. Nous avions demandé aussi une exemption de la déclaration au niveau du transport », rappelle-t-il.
En tant que religieux, il se réjouit que les veuves musulmanes mariées religieusement aient désormais droit à la pension de veuve. « C’est un beau geste qui sauvera beaucoup de familles qui attendent cela depuis des années. » Il accueille également l’aide renforcée aux écoles SEN.

Le directeur de M-Kids souligne que les fonds à la NSIF ont augmenté de Rs 900 millions à Rs 1,1 milliard. Il lance ainsi un appel à la fondation pour qu’elle « fasse une distribution équitable envers les ONG qui travaillent et qui aident le gouvernement en venant en aide aux personnes vulnérables. Il ne faut pas un déséquilibre entre certaines régions et d’autres ».
Arshad Joomun estime que les mesures ne soulageront pas vraiment les plus nécessiteux. « C’est une goutte d’eau qui se déversera dans la mer. Une personne qui touche Rs 18 000, par exemple, aujourd’hui ne touche en fait qu’un équivalent de Rs 10 000 car les prix ont tellement flambé. »

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