PRISON OFFICERS’ASSOCIATION (POA): « La suspension des deux sous-officiers est une sanction exagérée ! »

L’incident survenu le 30 mai dernier à la Prison de Beau-Bassin et qui a fait l’objet de la PNQ du leader de l’opposition ce mardi à l’Assemblée Nationale, fait réagir le syndicat des officiers de la prison. « Encore une fois, nous voyons que ce sont des juniors, des sous-officiers, donc, qui sont contraints de porter le chapeau. Dans cette affaire, à notre avis, il n’y a pas eu de gross neglect de la part de ces officiers. Nous trouvons cette suspension indéterminée des deux sous-officiers exagérée ! Et nous souhaitons que les supérieurs hiérarchiques tant de la Woman Police Constable concernée que ceux de la prison soient également sanctionnés dans cette affaire », réclame la POA.
Le 30 mai dernier, une femme policière s’est introduite à la prison centrale de Beau-Bassin en compagnie d’un homme qui s’est fait passer pour un policier, en l’occurrence, un membre de la CID. « Cette affaire n’aurait pas eu de répercussion si cet homme, qui s’est avéré être un receveur d’autobus, s’était simplement présenté comme visiteur durant les jours et heures où les détenus reçoivent de la visite ! », s’exclame un membre de la Prison Officers’Association (POA). Les membres du syndicat se demandent « pourquoi cette femme a abusé de ses prérogatives de policière pour tromper la bonne foi des officiers de la prison ? » Ils réclament « des sanctions mais aussi des procédures plus strictes, car la bonne foi des officiers de la prison a été trompée. Ce serait trop facile que de simplement faire porter le chapeau aux officiers… »
Dans cet esprit, réclament les membres du syndicat, « outre le fait, que nous trouvons injustifié que deux sous-officiers de la prison aient été suspendus de leurs fonctions pour une durée indéterminée, nous estimons que le supérieur hiérarchique de cette femme policière, au même titre que l’officier de la prison, en l’occurrence, le supérieur hiérarchique qui était en faction ce 30 mai, devraient tous deux être également sanctionnés ». La POA souligne que « ce sont toujours les sous-officiers qui trinquent quand il y a un problème ! Ce n’est pas juste ! »
Le syndicat fait ressortir que « les deux hommes sanctionnés sont tous deux des officiers dont les records sont clean. L’administration de la prison n’a jamais eu de problèmes avec eux. Ce sont deux officiers qui ont été trouvés compétents pour endosser la responsabilité d’officiers supérieurs même s’ils n’avaient pas les grades requis ». La POA « espère que le Fact Finding Committee institué oeuvrera rapidement dans cette affaire afin que ces officiers puissent réintégrer leurs fonctions dans les meilleurs délais ».
Flash-Back
Mercredi 30 mai. Aux alentours de 11 h, une policière, munie de sa warrant card — équivalent d’un laisser-passer dans le milieu policier et qui doit être présentée à l’entrée d’une prison par tout officier de police venu s’entretenir avec un détenu — se présente à la main entrance de la prison de Beau-Bassin. Elle est accompagnée par un homme, qui conduit le véhicule dans lequel tous deux se présentent à la prison. Quand l’officier en poste à la porte a demandé à l’homme de décliner son identité, celui-ci a présenté sa carte d’identité. Ensuite, la policière a produit une « autorité », c’est-à-dire, « un document officiel émis par les responsables d’un poste de police, contenant les noms des officiers de police devant s’introduire en prison, et qui porte un sceau ou cachet de ce poste de police. Il faut savoir que ce document est très officiel et que seuls les supérieurs hiérarchiques ont le droit d’y apposer leurs signatures. De plus, ce cachet ne peut se retrouver entre les mains de n’importe quel officier… » Le document présenté à Beau-Bassin le 30 mai, relève les membres de la POA, « porte le cachet du poste de police de Midlands et du District HQ de Curepipe ».
« Comment le nom de cet homme qui s’est fait passer pour un policier, de surcroît, un membre de la CID, s’est retrouvé sur cette “autorité” qui portait le sceau du poste de police en question ? se demande la POA. Quand l’officier à la porte de la prison a comparé les deux noms ; celui figurant sur la carte d’identité de l’homme et celui figurant sur cette “autorité”, les deux correspondaient. C’est là qu’il a permis aux deux personnes d’entrer dans l’enceinte de la prison. » Le syndicat précise que « l’officier à la porte ne pouvait avoir de doutes sur l’identité de l’homme qui accompagnait la policière. Les deux noms correspondaient ! Comment pouvait-il avoir des doutes ? Sur quelle base ? La femme portait l’uniforme de la police tandis que l’homme était en civil ! C’est sa bonne foi qui a été trompée… » La POA relève, à ce stade, « qu’un officier de police se présentant à la prison de Beau-Bassin est une chose courante. Souvent, nous avons des CID et autres membres des unités de la police qui viennent en civil. Est-ce qu’on aura, désormais, besoin de contre-vérifier l’identité de chaque policier et d’authentifier son identité avant de le laisser passer ? »
« Pa enn CID sa ! »
Après qu’elles ont traversé l’entrée, « ces deux personnes se sont dirigées vers le Gate Lodge », expliquent encore nos interlocuteurs. Il s’agit là de « l’entrée directe qui mène aux détenus », indique la POA. Les membres du syndicat poursuivent : « Une nouvelle fois, les deux personnes ont été soumises aux mêmes procédures de vérifications de la part de l’officier en poste. » Nuance, toutefois, relève la POA, « à ce stade, et parce qu’il s’agit d’un endroit très sécurisé, il n’y a pas qu’un simple officier de la prison qui est en faction, mais également un supérieur hiérarchique, nommément un Principal Prison Officer (PPO). De plus, une entrée officielle est faite, à ce stade, dans l’Occurence Book au Gate Lodge. Ces deux personnes sont alors soumises à une fouille corporelle dans une search room avant d’accéder au Records Office. C’est là qu’un officier de la prison va chercher le détenu qu’ils sont venus rencontrer pour l’amener vers eux ».
La rencontre « entre le détenu et les policiers », explique la POA, « doit se dérouler en présence d’un officier de la prison. C’est la procédure ». Ladite rencontre entre le détenu concerné, le faux policier et la policière « a duré une trentaine de minutes ».
Alors que les deux personnes s’en allaient, relatent encore les membres de la POA, « un officier de la prison a entrevu l’homme qui était en compagnie de la policière, par l’entremise d’une vitre et l’a longuement détaillé. Il s’est tourné vers ses collègues pour leur demander ce que faisait cet homme dans cet espace restreint aux seuls personnel de la prison et membres d’autres autorités ayant affaire avec la prison. Ses collègues lui ont répondu qu’il s’agit d’un policier venu interroger un détenu. L’officier de la prison devait alors expliquer à ses collègues que cet homme n’est pas un policier ! »
L’officier de la prison en question « habite à Camp Thorel. Il a expliqué que cet homme, qui s’est fait passer pour un policier, vit également là-bas, qu’il le connaît, et que, pour autant qu’il sache, cet homme est… receveur d’autobus ! » C’est sur ces entre-faîtes que les collègues de l’officier de la prison ont commencé à avoir des doutes…
« Les officiers ont alors entrepris de reprendre toutes les vérifications d’usage et il a été trouvé qu’effectivement, cet homme n’est pas un membre de la CID… », explique encore la POA.
Le syndicat des officiers de la prison rappelle que « si l’on se réfère à l’article 25 de nos regulations, cet incident relève clairement d’un minor offence. De ce fait, cette affaire aurait dû être traitée au niveau départemental. Au pire, ces officiers auraient dû écoper d’un warning ; d’autant que leurs casiers sont vierges ! Nous déplorons vivement l’ampleur que cette affaire a prise et la manière dont ces deux sous-officiers ont été traités. »
La POA a aussi signifié que ses membres iront déposer devant le comité d’enquête qui sera présidé par Rashid Hossen à compter du 19 juillet.

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