PROFESSION DENTAIRE: L’intérêt croissant des dentistes étrangers pour Maurice fait débat

Un peu plus de 350 dentistes figurent sur le registre du Dental Council (DC). Ces professionnels sont présents dans pratiquement toutes les régions du pays, ce qui amène le DC à dire qu’on ne peut plus parler de « manque de dentistes » dans le pays. L’intérêt que témoignent les confrères étrangers pour venir exercer à Maurice fait cependant débat au sein de cette profession. La question a été l’objet d’une réunion le mois dernier entre le Board of Investment, organisme qui octroie le permis de travail aux étrangers, et le Dental Council.
Alors que dans leurs dossiers pour les besoins administratifs, ces étrangers affirment détenir des compétences spécifiques et pointues qui n’existeraient pas à Maurice, en fait la majorité d’entre eux proposent aux Mauriciens des soins courants. D’où l’agacement des dentistes mauriciens qui s’en sont plaint auprès des autorités concernées. Il y a actuellement dix-sept d’étrangers qui exercent à Maurice, employés par des cliniques privées et des écoles de formation. Ils viennent principalement de France et d’autres pays européens ainsi que de l’Inde À l’exception de deux ou trois qui sont là depuis plusieurs années, les autres font régulièrement des petits séjours. Tout au long de l’année il y a ainsi entre 15 et 20 dentistes étrangers à Maurice. Le Dental Council est en présence de trois nouvelles demandes de registration.
Aux dires des responsables du DC, le nombre de dentistes mauriciens habilités à exercer leur profession, soit plus de 350, est « conséquent » et « suffisant » pour répondre aux besoins de la population. Ces derniers temps, le Dental Council a reçu beaucoup de plaintes de la part des membres de la profession concernant l’emploi des confrères étrangers. « Nous ne sommes ni xénophobes ni contre la concurrence par rapport à la présence des confrères étrangers », soutient d’emblée un dentiste de carrière. « L’île Mauricie est l’Eldorado pour des dentistes étrangers et il faut mettre de l’ordre à ce niveau », ajoute ce médecin sur un ton irrité. Qu’est-ce qui mécontente tant les dentistes mauriciens ? « Nous ne doutons pas de leurs qualités professionnelles mais si c’est pour donner aux Mauriciens des traitements qui sont communs, il y a suffisamment de dentistes qualifiés aujourd’hui dans le pays pour le faire, sans compter que les cabinets dentaires mauriciens sont bien équipés aujourd’hui », répond ce dentiste formé en France. Selon d’autres dentistes interrogés, il n’y a rien que ne font les dentistes étrangers qui ne puisse être pratiqué aujourd’hui par les professionnels mauriciens, y compris pour certaines spécialisations. « Si les cliniques privées qui emploient ces étrangers faisaient l’effort de chercher ces compétences au niveau local, elles les trouveraient », ajoutent-ils.
Il semblerait aussi que certains dentistes étrangers ne soient pas d’une honnêteté professionnelle irréprochable. À ce sujet, des membres au Dental Council citent le cas de ce dentiste qui est à Maurice depuis plusieurs années et qui réussit à décrocher un nouveau contrat à chaque fois qu’un employeur le met à la porte. « D’après une petite enquête que nous avons menée auprès de ceux qui l’ont côtoyé, c’est un filou. On se demande comment est-ce qu’il réussit à obtenir le renouvellement de son permis de travail », soutient l’un des dirigeants du Council. Selon nos recoupements d’informations, sa nouvelle demande de registration a été mise en veilleuse car le DC a été informé que la clinique à laquelle il comptait offrir ses services n’a pas de cabinet dentaire.
Selon la procédure, c’est après l’obtention de son occupational permit que le dentiste étranger peut faire sa demande de registration auprès de l’Ordre des dentistes. « Du moment que le demandeur a son occupation permit et que son diplôme est enregistrable, nous ne pouvons lui refuser le registration », explique le Dr Joy Madhub, président de cet organisme.
Lors d’une réunion avec le BOI le 14 mai dernier, le DC a transmis les doléances de ses membres. « Nous avons fait clairement comprendre au BOI que nous ne sommes pas opposés à la présence des étrangers, mais qu’il faut que ces confrères apportent un plus pour l’amélioration de la profession et que cela débouche sur une compétition saine. Nous avons fait quelques propositions dans cette direction », dit le Dr Madhub.
Il serait souhaitable aussi, selon le Dental Council, que le BOI inclue dans les procédures de renouvellement de l’occupation permit des attestations provenant des anciens employeurs du demandeur.

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