PUBLICATION : « Nou rises », L’art et la créativité pour redonner la joie de vivre aux jeunes

Pendant huit mois, six jeunes de Poste-de-Flacq inscrits sous l’Empowerment Programme de la Craft Academy ont conçu et réalisé un projet, Récit de Vie, qui a mené à la réalisation d’un livre illustré racontant leur vie et leur rêve. Ils étaient encadrés de l’écrivain Barlen Pyamootoo, de l’artiste sud-africaine Ilse Mikula et des professeurs d’art de la Craft Academy Colette Bernon et Alexendra Arlapen. L’ouvrage Nou rises est sorti la semaine dernière pour le plus grand bonheur de ses auteurs qui souhaitent poursuivre ce cheminement dans l’art…
« Ce fut une expérience magnifique », lance d’emblée Stevenson Sagor le regard lumineux lorsqu’on lui évoque le projet. « Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli. Noun avanse ansam. Noun tombe ek relevé ansam. Noun osi zoin bann kamarad an rout », dit-il.
Âgé de 20 ans, Stevenson Sagor est devenu aide-maçon depuis que le projet a pris fin en novembre dernier. Il attend avec impatience une suite de cette aventure qui lui a donné l’occasion de regarder dans le rétroviseur et de sortir ce qu’il a de plus profond en lui.
Dans le livre illustré en couleurs, Stevenson Sagor raconte son histoire. Une histoire qui est aussi celle de nombreux autres enfants qui se sentent obliger de mentir pour attirer l’attention et se faire des amis.
« Quand j’étais petit, je n’avais pas d’ami. Alors pour que les autres s’intéressent à moi, je me suis mis à mentir… » Ainsi commence l’histoire de Stevenson Sagor. Le jeune homme évoque aussi en quelques planches son amour pour la danse. L’amitié, le partage et le fair-play y tiennent une place importante.
Des thématiques qui reviennent dans l’histoire racontée en images par Émilie Rosse qui semble timide comme la décrit Ilse Mikula au début du livre : « Émilie, quant à elle, ne dit jamais un mot et est vraiment joyeuse que lorsqu’elle peint. » Elle évoque la cueillette de goyaves de chine avec des copines et la promesse de leur faire de la confiture. C’est certainement une éducation dispensée par sa mère comme elle le dit au début de son histoire : « […] Cet esprit de partage, je l’ai sans doute eu de ma mère. »
La réalisation de ce projet est une source de fierté pour l’adolescente tout juste âgée de 15 ans. Bien qu’elle ait apprécié les deux ateliers, sa préférence va pour la peinture. Idem pour Jérémie Fanchin âgé de 17 ans. « Mwa mo ti pou kontan vinn enn artis », affirme-t-il au Mauricien. Comme Stevenson Sagor, il a aussi pris de l’emploi comme apprenti maçon depuis la fin du projet.
Jérémie Fanchin a eu d’autres expériences professionnelles très jeune. Dès l’âge de 13 ans après sa scolarité primaire, il a commencé à travailler comme apprenti tôlier et y travaillait de longues heures pour un salaire modique. Avec une enfance presque volée, il trouve un exutoire dans sa bicyclette qui lui permet de s’évader de Poste-de-Flacq, raconte-t-il.
Les autres thèmes récurrents sont la mer et l’amour pour les animaux : chien, tortue, baleine… Après une présentation du travail nocturne, la pêche à laquelle il s’adonne, Deny Mamerou raconte son amour pour les tortues ; Jérémie Fanchin peint quant à lui le dauphin qu’il a tenté de sauver avec ses amis.
Avec Durla Armand, c’est une incursion dans le vaste continent africain qu’elle offre à ses lecteurs avec la magnifique image d’une girafe. Le Botswana qu’elle a connu durant sa tendre enfance lui manque, dit-elle, dans son histoire. Son rêve est d’y retourner mais aussi de découvrir d’autres pays comme l’Amérique. L’adolescente n’aime pas Maurice et évoque avec beaucoup d’émotions l’attachement qu’elle avait pour son chien.
Stewart Joson parle de ses souvenirs lorsque son père était en vie et son attirance pour l’hindouisme, religion et culture dans lesquelles, il a baigné dès son enfance. Son rêve est de porter le cavadee un jour.
Nou rises présente chacune des histoires en version anglaise, française et creole (la grafi larmoni). Chaque histoire en prose est illustrée en fonction de la sensibilité des participants : dessins en noir et blanc, en couleurs ou en peintures. Elle est suivie d’une bande dessinée présentée en quelques planches. D’un style naïf, les images sont coloriées. La plupart du temps des couleurs vives et gaies.
Nou rises est en vente à Rs 500 dans les grandes surfaces et librairies du pays. La quasi-totalité des recettes de ce premier livre sera versée à un fonds qui servira à soutenir les participants pour développer « leurs ambitions professionnelles en leur fournissant les équipements nécessaires pour créer leur propre produits artisanaux pour la vente ».

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -