QUATRE-BORNES: « L’indifférence criminelle » des autorités décriée

À en croire les habitants des environs de la jonction des avenues Odette Ernest et Stevenson à Quatre-Bornes, il ne se passerait pas une semaine sans qu’il y ait un accident. Le dernier en date a eu lieu mardi de la semaine dernière. Ces habitants, qui disent craindre pour la sécurité de ces dizaines d’élèves du Collège Saint-Esprit, entre autres, qui traversent leur quartier le matin et l’après-midi, s’indignent de ce qu’ils considèrent comme une « indifférence criminelle des autorités ». Mais leurs doléances sont tombées jusqu’ici dans des oreilles sourdes.
« Il s’en est fallu de peu que je perde la vie », tremble encore Maya Bhautoo en pensant à l’accident de la semaine dernière. Cette vénérable grand-mère à la retraite habite à l’angle des avenues Odette Ernest et Stevenson. L’avenue Stevenson descend de la Route Saint Jean (à côté du Cinéma BDC) pour finir sur l’Avenue Naz, non loin du Collège Saint-Esprit. L’avenue Odette Ernest est la dernière qui croise l’avenue Stevenson en allant vers l’Avenue Naz.
« J’avais fait à peine quelques pas, en sortant de chez moi, pour aller dans la direction de l’avenue Naz. Tout à coup j’entends un bruit infernal », raconte Maya Bhautoo, qui s’est instinctivement jetée contre son mur. « Un bolide est venu s’écraser à quelques centimètres de moi, a rebondi pour aller finir sa course de l’autre côté du chemin contre le mur de mon voisin qu’il a démoli », explique-t-elle. « Si cette voiture avait accroché ma robe, elle m’aurait entraînée dans sa folle course, me tuant sur le coup », frémit-elle, tremblant encore de peur.
Dans sa folle envolée, racontent des témoins, cette voiture a renversé deux jeunes qui étaient à motocyclette qu’elle a projeté à plus d’une dizaine de mètres dans la rue Odette Ernest. « C’était horrible d’entendre ces deux garçons hurler de douleur ! », raconte Ulina Carré, une autre habitante du quartier.
Selon les habitants, c’est le dernier accident en date. « Il ne se passe plus une semaine sans qu’il n’y ait un accident à cette croisée-là », s’indigne Ulina Carré. « Il doit bien y avoir eu au moins une quarantaine d’accidents ces dix dernières années. Une simple vérification auprès de la police de Quatre-Bornes confirmera la vérité de nos dires ! » renchérit une autre voisine.
Ces habitants disent toutefois ne pas être restés les bras croisés. Ils affirment avoir multiplié les démarches auprès des autorités pour les alerter sur cette situation. « Pas plus tard qu’au début de septembre, nous avons écrit au Commissaire de Police et la lettre était sûrement encore dans les dédales de l’administration policière quand cet autre accident est arrivé », avance Maya Bhautoo.
« L’Avenue Stevenson est une rue très fréquentée, surtout par les élèves du Collège Saint-Esprit. Et ces élèves marchent toujours en groupe. Ce mardi-là, il y avait un petit groupe d’élèves qui était plus bas ; s’ils étaient arrivés à cette jonction ç’aurait été une hécatombe », affirme notre interlocutrice.
Alertée par les habitants, la députée de Quatre-Bornes Nita Deerpalsing a effectué récemment une descente des lieux. « Elle est venue constater de visu la situation. Et suite à sa visite, une boîte jaune a été peinte à la jonction, les panneaux de signalisation ont été réinstallés suite à leur enlèvement dans le cadre des travaux du tout-à-l’égout dans le quartier, mais cela n’a en rien fait diminuer ces accidents », affirme une autre voisine.
« C’est que le problème est resté entier car c’est la vitesse qui est la principale cause de ces accidents », martèle Maya Bhautoo.
En effet, ils sont nombreux dans le quartier à affirmer que les véhicules roulent à tombeau ouvert le long de l’avenue Stevenson de jour comme de nuit. « Kouma dir elikopter ! » ironise une habitante. « Combien de fois n’a-t-on pas été réveillées la nuit par des crissements de pneus et le bruit infernal de la tôle froissée ! » ajoute une autre. « On aura tout vu ici : des accidents graves, des moins graves, des blessés graves, on dit même qu’il y a eu des morts, mais cela, on ne peut le confirmer, car on transporte les blessés à l’hôpital, on enlève les carcasses de véhicules écrabouillés et on lave le sang de la chaussée », explique une troisième.
Elles sont toutes d’avis qu’il faudrait faire installer des ralentisseurs. « C’est des deux côtés de cette jonction qu’il faudrait le faire. Et cela, nous le réclamons depuis des lustres », explique une des habitantes. Celles-ci affirment qu’elles sont toujours les premières à porter secours en cas d’accidents.
« On ne comprend pas cette indifférence criminelle des autorités ! Qu’est-ce qu’elles attendent pour faire quelque chose ? De voir allongés sur l’asphalte des cadavres des élèves du Collège Saint-Esprit dans leurs uniformes blancs ? » s’indigne Maya Bhautoo.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -