« Rakont mwa to rev » de Lovebridge : Enfants démunis, imaginations fertiles !

Harold Mayer (co-chairman) : « Mo gayn frison kan mo get zot desin ! Vous êtes l’avenir de ce pays, j’en suis convaincu…»

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Marie-Michèle Etienne (ambassadrice) : « Il nous faut savoir écouter et entendre ces enfants, et leur rendre le droit aux rêves »

Sur le millier d’enfants vivant en situation de pauvreté, souvent extrême, qu’accompagne et encadre l’ONG Lovebridge, 90, âgés entre 5 et 17 ans, ont participé au projet « Rakont Mwa To Rev ». S’ils ont opté pour la plupart pour des dessins, quelques autres ont mis en mots leurs souhaits. Tous sont très révélateurs de leur imaginaire fécond où l’on discerne leurs inquiétudes d’adultes de demain. Le samedi 25 juillet, Lovebridge a organisé une petite fête à l’intention de ses « jeunes rêveurs » et en a aussi profité pour remettre des exemplaires du recueil « Rakont mwa to rev » conçu à partir des dessins et des poèmes des enfants aux autorités. Rencontres…

Harold Mayer réitérant sa confiance dans l’approche intégrée et soutenue aux familles démunies

Elisa, 10 ans, a écrit : « Je veux que toutes les personnes du monde soient en paix et que les parents prennent soin de leurs enfants…» Terence, qui a le même âge, est auteur d’un dessin avec trois croix barrant chacune une cigarette, une seringue et une bouteille… Un de ses personnages déclare : « la vie est super sans la drogue ! » Et l’autre répond : « Tu as raison ! » Yaëlle, 10 ans également, a fait son autoportrait… de chanteuse, entourée de ses fans. Warren, 8 ans, rêve d’un terrain de foot; Matthew, 11 ans, de devenir inventeur; Noémie, 8 ans, d’être styliste; Stacy, 10 ans, d’être vétérinaire; Stella, 8 ans, d’avoir son restaurant; Andrew, 13 ans, d’être chauffeur de taxi… Louicia, 10 ans, écrit qu’elle voudrait « vinn enn profeser pou mo montre zanfan lir, ekrir ek konte »; Dylan, 16 ans, dessine qu’il veut être chef cuisinier; Jeeshnavi, 10 ans, sertit son dessin montrant une maison de ses mots : « mo ti anvi ena lespas dan mo lakaz pou fer devwar » tandis que Didier, 12 ans, ajoute à son dessin représentant une maison, un terrain de foot, traduisant sa passion pour le ballon rond; Kimberley, 5 ans, dit « mo rev viv dan enn landrwa prop »…

Le rêve, fait remarquer l’ambassadrice de Lovebridge, Marie-Michèle Etienne, « est à la base de l’épanouissement et du développement humain. Il est important d’entendre ces enfants qui sont parmi les plus vulnérables, face à la pauvreté. Qu’ils sachent qu’ils ne sont pas les seuls à rêver; le mien étant de les voir concrétiser leur désir d’avenir. » Sentiment qu’approuve et encourage le co-chairman de l’ONG, Harold Mayer : « li bien bien inportan ki zot reve !» Et d’ajouter : « J’ai eu des frissons en découvrant les dessins et parcourant les messages que vous, les enfants, avez réalisés dans le cadre de ce projet. Et je suis convaincu qu’avec vous, nous allons aller très, très loin dans ce pays ! »

Le projet « Rakont mwa to rev » prend naissance à l’idée de « faire dessiner et écrire ces jeunes, afin de diffuser leurs espoirs », soutient Sandrine Ah-Choon, Communication & Development Coordinator de Lovebridge. Encadrés par des ‘field workers’ ainsi que des bénévoles de l’ONG, les 90 bénéficiaires ont régulièrement suivi des ‘coaching’ destinés à les aider à exprimer leurs sentiments, et les traduire, tantôt en lignes et couleurs, tantôt en mots…

Latchmee et Julian, deux enfants ayant participé au projet

Evans a 10 ans. Son rêve : « devenir un grand pâtissier ! » Élève en 6e, ce timide petit habitant de Grand-Gaube raconte comment il est tombé dans la marmite de sa maman : « mo ed li toulezour dan lakwizinn. Kan nou fini manzer, mo netoye latab ek mo ed li fer vesel…» Les yeux écarquillés et avec une fierté émouvante, digne des gosses de son âge, il avoue que, ce qui le motive surtout, c’est « mo kontan manze ! » Par amour pour la cuisine, dès ce jeune âge, en effet, Evans, frère d’Ezekiel et de Mélodie, admet que « aider maman à couper et éplucher l’ail et les oignons, mettre les pommes de terre à tremper dans l’eau…» font partie des activités courantes qu’il… affectionne ! Son péché mignon : « le feuilleté au thon !» Et quand les autres lui disent que « lakwizinn enn zafer tifi sa », cela ne diminue en rien son engouement ! « Quand j’aurai terminé l’école, confirme Evans, je suivrais une formation professionnelle afin de réaliser mon rêve. »

Terence, 11 ans, habitant Cité-Joachim, Curepipe, partage la même passion qu’Evans. Son dessin présente « une grande cuisine ». Ce fils unique s’est découvert un véritable talent de chef au fourneau durant le confinement : « ma maman est tombée malade. Et j’ai eu envie de l’aider. Aussi, j’ai fait à manger pour elle, pour qu’elle reprenne des forces…» Dans le même temps, il a aussi confectionné « un gâteau à la vanille »; ce pour lequel il égrène en détaillé les ingrédients et donne ses conseils très précieux !

Mais notre jeune interlocuteur ne compte pas rester cantonné à la cuisine parentale : « mo rev, se ouver mo restoran ». Raison invoquée : « il y a trop de ‘restaurants privés’ ». Florise Vencatachellum, field worker de Lovebridge, qui accompagne le groupe dans lequel se trouve Terence, explique : « les restaurants qui existent sont trop chers pour lui et les siens. Aussi, il souhaite un restaurant où tout le monde pourra manger à sa faim…»

Le co-chairman de l’ONG précise, à cet effet que « nous croyons fermement que les difficultés et les défis de la vie ne sont pas des freins à un avenir meilleur, surtout en ce qui concerne les enfants ». H. Mayer ajoute d’ailleurs que « nous sommes convaincus que les enfants, à travers l’éducation, un encadrement familial et un accompagnement structuré, peuvent réaliser pleinement leur potentiel. Il n’y a donc pas de fatalité ! » Et de renchérir : « sur ces cinq ans d’action, nous avons effectivement noté des améliorations auprès de nos bénéficiaires. Quand on leur a demandé quel facteur revêtait plus d’importance à leurs yeux, depuis qu’on a commencé à les soutenir, la grande majorité, sinon tout le monde a répondu que c’était l’accompagnement psycho-social ! Ce n’est pas l’assistance matérielle. C’est un élément extrêmement révélateur. De fait, je tiens à le souligner : sans l’accompagnement relationnel, tous les efforts en vue de sortir des personnes de la pauvreté ne valent pas grand-chose. » La confiance, soutient encore le co-chairman de Lovebridge, « est à la base du lien qui se tisse entre le bénéficiaire et nous. Tout commence par là. »

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