Rapport 2023 de l’US Department sur les Droits de l’homme : Les Américains présentent les incidents du 21 octobre à la Citadelle comme un acte « antisémite »

  • Les Mauriciens peuvent choisir librement le gouvernement qu’ils désirent lors de ‘free and fair periodic elections’ »
  • « En règle générale, le gouvernement mauricien respecte la liberté d’expression inscrite dans la Constitution »

Dans son rapport 2023 sur la situation des Droits humains à Maurice, le département d’État américain présente les incidents survenus lors d’un concert de charité à la Citadelle le 21 octobre de l’année dernière comme un acte « antisémite ». Le rapport souligne en effet que les hommes armés qui avaient investi les lieux voulaient interdire la diffusion d’une chanson écrite par « a prominent Jewish-American musician ». Il rappelle que ces événements regrettables ont été vite condamnés par la classe politique dans son ensemble, dont par le Premier ministre, Pravind Jugnauth.

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Le département d’État américain ne manque pas d’emblée de rappeler dans son rapport 2023 sur les Droits humains à Maurice la décision prise par le bureau du Directeur des Poursuites publiques (DPP) de demander à la police de rouvrir l’enquête sur les circonstances qui ont abouti à la mort en 2020 de l’activiste politique dénommé Soopramanien Kistnen. Décision prise après que la thèse initiale de la police à l’effet que Kistnen se serait suicidé a été remise en question dans le rapport de l’enquête judiciaire instituée sur cette affaire.

Le US Department Country Report 2023 on Human Rights pour Maurice souligne quand même que rien ne permet d’établir que le gouvernement ou ses agents auraient commis des « arbitrary or unlawful killings, including extrajudicial killings ». Aucun rapport n’établit aussi des cas de disparitions qui auraient été orchestrées par ou pour le compte des autorités gouvernementales. Au chapitre de la torture et autres traitements inhumains, il est fait mention que l’Independent Complaints Police Commission a référé au bureau du DPP à la fin de juin 2023 le cas des six officiers de la Criminal Investigation Division (CID) de Terre-Rouge qui seraient impliqués dans des affaires d’abus sur des détenus.

En ce qui concerne les procédures d’arrestation et les arrestations arbitraires alléguées, le cas particulier de l’avocat, Me Rama Valayden, est cité. Arrêté le 12 mai 2023 sous une charge provisoire de « perverting the course of Justice », l’accusation provisoire retenue contre l’avocat-politicien devait être vite rayée le lendemain en cour à la demande du DPP. Citant cette affaire, le rapport indique que ce dernier a conseillé au commissaire de police d’éviter de déposer invariablement des charges provisoires quand les preuves sont insuffisantes. Le département d’État américain rappelle par ailleurs que la loi à Maurice criminalise le viol, dont celui perpétré sur une personne de sexe masculin, par une peine d’emprisonnement de 20 ans. Il est aussi souligné qu’un époux ou un compagnon ne peut forcer son épouse ou sa compagne à un acte sexuel non désiré. Il est aussi précisé qu’à Maurice, la loi criminalise la violence domestique sous toutes ses formes, y compris les cas de violences verbale, psychologique ou économique.

Mais selon le rapport du US Department of State, des ONG trouvent que ceux ayant vécu des cas de violence domestique ne sont pas toujours efficacement protégés, même quand ces personnes disposent d’un Protection Order émis par une cour de justice. En matière de discrimination sur la base du genre, il est souligné qu’à qualifications égales, les salaires pratiquées dans le secteur privé sont discriminatoires à l’égard des femmes. Pour ce qui concerne les violences et les abus sur la base de l’orientation sexuelle, il est rappelé qu’en octobre 2023, la Cour suprême a déclaré « anticonstitutionnelle » la loi datant de l’ère coloniale qui criminalisait jusque-là l’acte de sodomie pratiquée au sein d’un couple du même sexe.

Quand bien même, des ONG rapportent que des membres de la communauté LGBTQI+ sont toujours harcelés et subissent encore des abus et des violences. Et cela, même si les autorités gouvernementales s’appliquent généralement à faire respecter la loi qui interdit toute discrimination sur la base de l’orientation sexuelle. Toujours sur le plan de la discrimination et même si, rappelle le département d’État américain, la Constitution et les lois à Maurice protègent les minorités raciales et ethniques de toute violence et de toute discrimination, des leaders communautaires affirment qu’il y aurait discrimination à l’emploi dans le service public à l’encontre de certaines minorités raciales et ethniques.

Autre fait marquant de ce rapport 2023 de l’US State Department sur les Droits humains à Maurice : les incidents du 21 octobre de l’année dernière lors d’un concert de charité en soirée à la Citadelle à la veille d’une manifestation pro-palestinienne à Port-Louis à l’appel de certains mouvements religieux sont présentés par les Américains comme un acte « antisémite ». Le rapport souligne que la trentaine de personnes armées de matraques et d’épées qui avaient violemment investi les lieux et forcé l’assistance à se disperser voulaient interdire la diffusion d’une chanson écrite par « a prominent Jewish-American musician ».

Le département d’État américain souligne qu’à Maurice, les juifs constituent une toute petite communauté de quelque 120 personnes, pour la plupart, des résidents d’origine étrangère. Il est aussi précisé que ces incidents ont été vite condamnés par la classe politique dans son ensemble, dont par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et que ces événements regrettables ont rapidement conduit à de nombreuses arrestations. Le département d’État américain déclare par ailleurs dans son rapport qu’en règle générale, le gouvernement mauricien respecte la liberté d’expression qui est inscrite dans la Constitution du pays. « Les médias indépendants sont actifs et expriment une large variété de points de vue », est-il souligné. Les Américains trouvent que si les partis d’opposition et des commentateurs de la presse indépendante critiquent la radio/télévision d’État, la MBC, pour sa ligne éditoriale jugée nettement pro-gouvernementale, ils font remarquer que les partis au pouvoir trouvent quant à eux que les médias de la presse dite « indépendante » sont pour la plupart « anti-gouvernementaux ».

Enfin, par rapport à la participation au processus politique, l’US State Department précise que la Constitution et les lois garantissent aux citoyens mauriciens la possibilité de choisir le gouvernement qu’ils désirent lors de « free and fair periodic elections » à bulletins secrets sur la base du suffrage universel équitable. Le rapport note ainsi que les dernières élections législatives tenues en 2019 ont été « widely reported to be fair and free of abuses and irregularities. »

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