Rapport du National Audit Office – Éducation : Des millions engloutis dans des projets qui peinent à se concrétiser…

Extended Programme : aucune indication sur le coût permettant d’évaluer sa rentabilité L’ITET pas pleinement opérationnel deux ans après sa création

Des projets d’infrastructure d’envergure qui se font toujours attendre quatre ans après l’octroi des contrats, des chantiers abandonnés ainsi que des retards dans l’aménagement de Specialists Rooms causant une discrimination entre élèves de différents collèges.  Le rapport de l’Audit montre du doigt les faiblesses du ministère de l’Éducation dans la concrétisation des travaux. Les manquements à l’Extended Programme et l’absence de chiffres sur le coût de ce programme sont aussi déplorés. Par ailleurs, l’Institute of Technical Education and Technology qui devait révolutionner la formation technique, n’est toujours pas pleinement opérationnel.

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L’Audit s’est basé sur 39 projets, dont certains avaient démarré en 2020, pour parvenir à la conclusion qu’il y a une mauvaise gestion des travaux et des procédures d’appel d’offres. Un suivi inadéquat de l’Infrastructure Monitoring Unit (IMU) du ministère a mené à des retards dans des projets d’envergure et à l’abandon des chantiers, par les contracteurs. De nouveaux projets ont été confiés à des contracteurs en dépit du fait qu’ils avaient une mauvaise performance.

Parmi les projets: la construction d’un nouveau centre du MITD à Beau-Vallon. Le contrat, au coût de Rs 169,6 millions, avait été alloué le 10 novembre 2020. Les raisons évoquées étant la pandémie de Covid-19, le mauvais temps et le retard accusé par le MITD pour approuver la couleur des ouvertures en aluminium. A octobre 2023, le projet avait été complété à 96% et un délai de 13 mois avait été enregistré.

Ensuite, des délais sont enregistrés dans la construction de la New Ramsoondar Prayag SSS, à Rivière-du-Rempart au coût de Rs 392,9 millions. Avec l’allocation du contrat en mars 2020, les travaux pour la phase 1 devaient être terminés en janvier 2022. Un délai a été accordé à mars 2022.

À avril 2022, le contracteur avait déjà touché Rs 149,5 millions. Un mois plus tard, il avait abandonné le chantier. Seulement 40% des travaux ont été complétés.

Le 12 janvier 2023, soit huit mois plus tard, le ministère a fait une requête, auprès de la banque du contracteur, pour récupérer la garantie bancaire  à hauteur de Rs 5 millions. Toutefois, à septembre 2023, le paiement n’avait pas encore été effectué. Or, l’Advance Payment Guarantee a expiré le 29 janvier 2023, tandis que la Performance Security était valable jusqu’au 23 janvier 2024. Des poursuites ont été engagées contre le contracteur pour Breach of Contract estimé à Rs 393,7 ùillions. Le ministère a estimé qu’il faudra injecter Rs 467 M supplémentaires pour compléter le projet.

L’audit estime que cette situation aurait pu être évitée si l’IMU avait assuré le suivi approprié du projet et si le ministère avait institué un Performance Review Committee.

Situation similaire à Réunion Road Government School, avec un contrat pour la construction de nouvelles salles de classes au coût de Rs 51,8 millions en janvier 2020. Les travaux ont démarré neuf mois plus tard et devaient durer un an. Toutefois, le contracteur avait abandonné le chantier, suivant une réclamation supplémentaire de Rs 39,8 millions en juin 2022. Il  avait déjà empoché Rs 16,9 millions.

Au cours d’une visite à l’école le 18 septembre 2023, les officiers du National Audit Office ont noté que le terrain était à l’abandon avec une prolifération d’algues et d’herbes, s’avérant dangereuse pour la santé des enfants ; surtout avec la présence des moustiques.

Le ministère a alors déboursé Rs 1,7 million supplémentaires pour des travaux afin de remédier à la situation, en attendant la reprise de la construction du nouveau bâtiment.

Un autre grand projet d’infrastructures, dans le cadre de la réforme de l’éducation est  la construction de 57 Specialists Rooms, pour l’enseignement des matières techniques. À août 2023,  31 salles avaient été construites, soit dans 17 collèges régionaux et 9 académies. L’audit avance que les académies sont entrées en opération depuis juillet 2021 et qu’après deux ans, il y avait toujours des retards dans l’octroi de contrat pour les Specialists Rooms pour deux d’entre elles. Scénario identique pour huit collèges régionaux. La conséquence étant que les élèves et les enseignants dans ces établissements ne bénéficient pas des mêmes facilités que les autres pour leurs travaux pratiques.

Par ailleurs, sur les 12 projets en cours, neuf ont été attribués à un même contracteur sur une période de six mois, pour un montant total de Rs 75,7 millions. À septembre 2023, aucun de ces chantiers n’avait été complété.

Extended Programme

L’Audit attire également l’attention sur les manquements par rapport à l’Extended Programme. Outre le fort taux d’échec aux examens du National Certificate of Education, il y a également un fort taux d’abandon. Sur les 3 291 élèves qui constituaient le premier groupe d’Extended Programme en 2018, 1 118 avaient été admis dans des collèges d’État régionaux et 2 173 dans les collèges privés subventionnés.

Parmi, 105 ont abandonné l’école en 2019, 208 en 2020 et 575 en 2021/2022, soit un total de 888. Sur les 2403 ayant pris part au NCE, seuls 71 ont réussi. Sur les 423 qui ont repris l’examen en 2023, 54 avaient été reçus.

Le rapport met en avant qu’à décembre 2023, il n’y avait aucune indication sur les 2 332 élèves ayant quitté l’école sans réussir le NCE. Que ce soit sur le plan éducatif ou vocationnel ? L’audit est ainsi parvenu à la conclusion que « 96% de la première cohorte de l’Extended Programme de 2018 n’ont pu atteindre les fondamentaux du programme Nine-Year Continuous Basic Education. »

Le plus intrigant, c’est qu’aucun chiffre n’est disponible quant à l’argent dépensé dans ce programme – qui n’a pas donné les résultats escomptés à ce jour. Le rapport relève : « 53% du budget de l’éducation, soit Rs 9,8 milliards, sont  consacrés au secondaire. Toutefois, il n’y avait aucun chiffre disponible pour l’Extended Programme spécifiquement, afin d’évaluer sa rentabilité », dénonce le Directeur de l’Audit. 

Le rapport déplore également l’absence d’un programme de remédiation pour les 2 310 élèves qui ont poursuivi leur parcours scolaire jusqu’en Grade 9+. L’absence de Key Performance Indicators (KPI) pour évaluer la pertinence du programme est également mise à l’index.

 

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