Chagos : Washington confirme sa méfiance de l’axe Port-Louis/Pékin

Le Pentagone fait état de ses appréhensions de voir la Chine installer une base militaire sur l'une des îles de l'archipel après conclusion de l'accord anglo-mauricien

Lalit accentue la pression en vue de traduire dans la réalité son objection à l’offre du PM sur la base nucléaire de Diego Garcia

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Avec Londres et Port-Louis confirmant en simultané leur intention réciproque d’arriver à un accord sur fond du droit international portant sur l’exercice de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, Washington, plus précisément le Pentagone, se présente avec un grain de sable militaro-diplomatique.

Ainsi, dans une correspondance officiellement en date du vendredi 17 mars, soit le même jour que la déclaration commune sur le constat des consultations anglo-mauriciennes, le Pentagone, sous la signature du sous-secrétaire d’État à la Défense des États-Unis, Colin. H. Kahl, met en avant la menace de la Chine, dont les relations avec Maurice sont jugées comme étant « trop étroites ».

À cet effet, Washington fait comprendre de manière diplomatique que Londres devrait tenir en ligne compte ce détail lors des échanges bilatéraux avec Maurice. En parallèle à Maurice, Lalit, l’un des ardents adversaires contre la base nucléaire des Américains à Diego Garcia, revient à la charge avec une demande au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour qu’il se rétracte sur cette offre présentée aux Britanniques et aux Américains en marge de cet accord devant être validé et signé dans les prochains mois.

Dans des milieux politiques concernés, l’on n’écarte pas la possibilité que cette affirmation, émanant du Pentagone du 17 mars pour répondre à une correspondance en date du 19 décembre de l’année, ne comporte pas une “nuisance value” en marge des trois rounds de consultations déjà complétés entre le Royaume-Uni et Maurice. Ainsi, le Pentagone s’aligne sur la position de ceux qui veulent dérailler la fin du processus de décolonisation de Maurice 55 ans après avec le retour de l’archipel des Chagos.

Répondant à Michael Waltz, Top Gun des républicains à l’US House of Representatives, Colin H. Kahgl, réaffirme que « the Department of Defense shares your concerns about the People’s Republic of China’s interest in deepening ties with Mauritius and littoral East African countries that form the Westernmost border of the Indian Ocean ».

Dans le même souffle, Washington se permet de prendre à contre-pied l’Advisory Opinion de la Cour internationale de justice et de la résolution 73/295 de l’Assemblée générale des Nations unies sur la souveraineté des Chagos.

« The United States recognises UK sovereignty over the British Indian Ocean Territory and regards the sovereignty dispute as a bilateral matter between the UK and Mauritius », fait encore comprendre le sous-secrétaire d’État à la Défense tout en ajoutant que « we support UK-Mauritius engagement to resolve the issue ».

Pour alimenter les craintes autour d’un retour de l’archipel des Chagos sous la souveraineté et le contrôle de Maurice, cette aile du parti républicain aux États-Unis avec une aile très bruyante au Royaume-Uni, la menace d’une présence militaire des Chinois est brandie tout en s’assurant du silence consentant de New Delhi à ce même sujet. Faisant état de ce développement, le quotidien britannique The Daily Mail rappelle que : « Rep. Mike Waltz, Republican chairman of the House military readiness subcommittee, wrote to the Department of Defense in December seeking assurances that any deal would not allow China to encroach on the US base. That could have a “catastrophic” impact on USD military reach. »

La crainte entretenue dans des milieux diplomatiques et politiques à Washington et à Londres est qu’une fois l’archipel des Chagos sous le contrôle de Maurice, la Chine puisse se voir octroyer une des îles pour renforcer sa présence militaire dans cette partie de l’océan Indien. Pour preuve de cette proximité entre Port-Louis et Beijing, ils citent le fait que la Chine a accordé à Maurice des facilités financières de l’ordre d’un milliard de dollars américains jusqu’ici.

Faisant écho de cette campagne, le Daily Mail dans son édition d’hier note que « but critics have warned that there would be nothing to stop Mauritius allowing China – which has poured USD 1 billion of investment into the country in recent years – to build facilities on one of the other, nearby islands ».

Le représentant républicain Michael Waltz fait comprendre au quotidien britannique que « it is my hope the Biden Administration will continue push for safeguards to protect U.S. military presence at Diego Garcia and coordinate with our British allies to ensure Mauritius is not adversely influenced by Chinese Communist Party presence in the Indian Ocean ».

Pour sa part, toujours selon le Daily Mail, le Pentagone avance que « the specific arrangement involving the facilities on Diego Garcia is grounded in the unique close and active defense and security partnership between the United States and the UK ». Plus loin, le sous-secrétaire d’État affirme que « we are working closely with the UK on this issue and are confident that the UK is aware of US priorities and the importance of continued access to Diego Garcia ».

À Maurice, la base nucléaire de Diego Garcia continue à mobiliser. Le pays réclame le départ des Américains de cette partie de son territoire. En fin de semaine, dans un communiqué signé par Alain Ah Vee, Ragini Kistnasamy et Lindsey Collen, Lalit fait comprendre : « We note that most of the Mauritian press has most often, over the six decades of this important anti-colonial struggle, avoided falling into the constant traps and intrigues of the UK-USA over the Diego Garcia issue. We hope this vigilance on the part of the media continues at this crucial moment of all dangers on the road towards full decolonization. »
Cette démarche de Lalit s’inscrit dans le cadre de la campagne pour collecter des signatures pour une Common Declaration after Victories on Chagos including Diego Garcia. L’une des cinq demandes est que « Premye Minis Jugnauth bizin retir so lof bay 99-an ar USA pu baz militer ». Parmi les premiers signataires de cette déclaration, l’on retrouve l’ancien président de la République, Cassam Uteem, l’ancien Attorney General Jean-Claude Bibi, Alain Laridon, Jimmy Harmon et des militants de Lalit.

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