Recherches scientifiques dans l’océan Indien – Deux mois de mission pour les Explorations de Monaco

Des experts internationaux, dont un Mauricien, participent à cette mission de la plateforme qui œuvre pour la gestion durable et la protection de l’océan

La mission des Explorations de Monaco — qui va mener des recherches scientifiques marines dans l’océan Indien — quitte le Cap, Afrique du Sud, pour Maurice demain. Plateforme au service de l’engagement du Prince Albert II de Monaco, la Société des Explorations de Monaco oeuvre pour la gestion durable et la protection de l’océan.

- Publicité -

Sa mission dans la région sera d’une durée de deux mois et elle est la première étape du projet “Monaco Explorations” approuvé dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable 2021-30. Le programme a ciblé deux espaces maritimes : le banc Saya de Malha, l’un des plus vastes herbiers au monde, et une sélection d’îles (dont les alentours de Saint-Brandon) et de monts sous-marins se trouvant sur le trajet de la mission. C’est Gilles Bessero, directeur de la société des Explorations de Monaco, qui agit comme chef de mission. Et pour l’occasion, le Prince Albert II de Monaco sera présent dans la région du 22 au 27 octobre. D’autre part, le Mauricien Anwar Ramjaun, professeur associé au Mauritius Institute of Education, fera partie des 14 experts de la mission.

Vue aérienne de l’atoll d’Aldabra qui se trouve
dans la zone couverte par la mission

C’est à bord du S.A. Agulhas II, navire océanographique sud-africain du Département de la Forêt, des Pêches et de l’Environnement, que l’équipe de la mission Explorations de Monaco en océan Indien arrivera à Maurice le 10 octobre. Il restera dans le port jusqu’au 12. Le S.A. Agulhas II quittera son port d’attache du Cap en Afrique du Sud demain avec un premier contingent d’une vingtaine de scientifiques et de techniciens. Ils seront rejoints quelques jours plus tard à Maurice puis à La Réunion par d’autres équipes pour un effectif total d’une centaine de personnes — scientifiques, jeunes chercheurs et étudiants de l’école embarquée, cinéastes et photographes, plongeurs, artistes, auteurs, communicants, etc.

L’un des navires de recherche les plus grands et les plus modernes au monde, le S.A. Agulhas mesure 134 mètres de long et 22 mètres de large. Il est alimenté par un système diesel-électrique d’une puissance de 12 000 kW. Conçu pour le soutien du programme antarctique de l’Afrique du Sud, il est doté de nombreux laboratoires et équipements destinés aux opérations océanographiques et à la recherche marine, environnementale, biologique et climatique. Il constitue une plateforme puissante et efficace pour la recherche pluridisciplinaire.

La mission dans océan Indien prévoit quatre escales, un périple d’environ 7 300 milles marins (13500 km) durant les deux mois de navigation au cours des stations prévues autour de l’atoll d’Aldabra, sur le banc Saya de Malha, où 15 jours d’investigations sont prévus, et enfin autour de l’île de Saint-Brandon.

Cette mission « Océan Indien » est le premier élément du projet “Monaco Explorations”, approuvé dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable 2021-30 dite Décennie de l’Océan.

Assurer la transmission des savoirs

L’objectif de la mission est également de valoriser les contenus, connaissances et ressources issus de cette opération, en favorisant l’échange et la transmission des savoirs avec le plus grand nombre, par un programme de médiation varié qui va, dans ses différentes composantes, s’adresser à un large public, aux acteurs de la société civile et aux décideurs. La production de cinq types de ressources et de résultats est attendue : i) La collecte d’informations scientifiques sur une zone encore mal connue, ii) la réalisation d’un inventaire de la biodiversité benthique (ndlr : des animaux ou des végétaux qui vivent fixés au sol ou qui se déplacent en rasant le fond), évaluation de ses particularités, afin de cartographier les habitats essentiels et sensibles qui pourraient nécessiter, le cas échéant, des mesures spécifiques de conservation, iii) l’élaboration de fiches de synthèse sur les habitats et communautés du banc de Saya de Malha, iv) la production post-mission d’un document d’orientation concis à destination des acteurs institutionnels et des décideurs politiques des Seychelles et de Maurice et v) la valorisation scientifique dans des journaux de rang international.

Pourquoi l’océan Indien ?

Quatre types d’opérations et d’activités scientifiques seront mis en œuvre, notamment la cartographie du banc Saya de Malha et la caractérisation de la nature du fond. L’étude des propriétés de la colonne d’eau et de la circulation océanique sur le banc et les pentes de Saya de Malha. L’échantillonnage du plancton, du neuston et des microplastiques en suspension. Et l’inventaire de la biodiversité benthique. Certaines parties de l’océan Indien occidental ont déjà fait l’objet d’une attention particulière. Cependant, de nombreuses régions situées en haute-mer au-delà des ZEE (Zones économiques exclusives) des États, comme le banc de Saya de Malha et le plateau des Mascareignes, restent à explorer en détail, car l’état des connaissances sur l’océanographie physique et biologique, la biodiversité ou l’impact des pollutions sur les équilibres naturels reste partiel et insuffisant.

C’est l’une des raisons pour lesquelles la mission des Explorations de Monaco suscite notamment de la part des États riverains seychellois et mauricien, des attentes fortes, avec la perspective d’acquérir de nouvelles connaissances principalement sur le plateau des Mascareignes, dont le banc de Saya de Malha, et accessoirement sur les autres sites ciblés par la mission tels que l’atoll d’Aldabra et Saint-Brandon, une île pour laquelle les connaissances restent limitées.

L’océan Indien dans son ensemble est pour l’équilibre du Monde un espace géostratégique névralgique confronté à de nombreux enjeux économiques et politiques cruciaux, notamment pour l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Il abrite plus de la moitié des réserves mondiales en hydrocarbures et en uranium, plus de trois quarts des ressources en diamants, ainsi que presque la moitié des réserves d’or et de gaz. Par cet espace maritime, transite une part très significative de l’économie mondiale. Les États-Unis, l’Inde de façon grandissante, la Chine, le Royaume-Uni, la France et l’Union européenne et la Russie sont des acteurs majeurs et influents de cette zone.

Les ressources halieutiques, notamment la pêche thonière, sont l’objet d’un marché international à haute valeur ajoutée, au sein duquel une très grande diversité d’acteurs intervient, de la mer à l’assiette.

Dans ce contexte de fortes pressions exercées sur les ressources naturelles, les enjeux de durabilité et de gouvernance de ce secteur sont d’autant plus importants à relever. Plus que jamais, une connaissance pointue des milieux naturels conditionne une gestion équilibrée à long terme et une exploitation raisonnée des ressources dans une approche cooperative et collaborative entre les États et régions concernées. Le sud-ouest d’océan Indien est le cadre de nombreuses initiatives allant dans cette direction.


Le Prince Albert II de Monaco attendu dans la région

Dans le cadre des relations diplomatiques, la mission sera coordonnée avec un déplacement officiel dans la région du Prince Albert II de Monaco, programmé entre le 20 et le 27 octobre. Inspirateur et guide de cette nouvelle mission des Explorations de Monaco en océan Indien, le Prince Albert II de Monaco perpétue l’engagement personnel de son trisaïeul le Prince Albert I et de son père le Prince Rainier III pour l’environnement de la planète. À l’écoute de la communauté scientifique, il n’hésite pas à constater directement sur le terrain les menaces qui pèsent sur l’environnement, en étant notamment le seul chef d’État à ce jour à s’être rendu au pôle Nord et au pôle Sud.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -