William Legendre (JobStreet): « La chasse de tête s’est démocratisée »

– Finis les entretiens physiques, tout se fait désormais en virtuel

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Entreprise de recrutement spécialisée dans la chasse de tête, JobStreet opère à partir de Maurice depuis quatre ans. Fondée par William Legendre au Luxembourg il y a 20 ans, cette société s’est délocalisée pour prendre avantage des compétences locales en matière de recrutement international.

« Nous avons inversé nos opérations. Toute l’équipe était basée au Luxembourg et, finalement, nous avons choisi de développer notre quartier général à Maurice depuis quatre ans. Aujourd’hui, il ne reste que deux personnes travaillant dans notre bureau luxembourgeois », explique William Legendre.

Il a exercé pendant 20 ans dans le recrutement en Europe et traité avec des clients français, britanniques, irlandais, luxembourgeois et de l’Europe de l’Ouest. Il y a quatre ans, il décide de s’installer à Maurice, pays qu’il connait alors bien. « Je voulais faire quelque chose à Maurice, et ça a marché. Et aujourd’hui, toutes nos équipes sont basées à Maurice et tout le travail de JobStreet se fait à partir d’ici, que ce soit la prise de contact avec les candidats ou la chasse de tête », explique-t-il.

Il faut dire que, désormais, tous les entretiens avec les candidats se font de manière virtuelle, une avancée majeure à cause de la pandémie et qui est maintenant bien ancrée dans les mœurs. Ce qui facilite d’ailleurs le travail des chasseurs de têtes de JobStreet. « Avec le Covid-19, évidemment, nous avions peur que notre entreprise ne subisse des effets néfastes. Heureusement, le virtuel s’est développé à grande vitesse et tout notre travail se fait maintenant à distance. D’ailleurs, aujourd’hui, les entretiens physiques n’existent presque plus. Tout se fait par visioconférence. C’est devenu systématique et cela se passe très bien », affirme le fondateur de JobStreet.

Et le recours aux entretiens virtuels entraîne parallèlement une belle réduction des frais pour toutes les parties concernées. Par exemple, nul besoin pour les candidats européens de prendre le train ou l’avion pour se rendre à un entretien d’embauche, et ce, d’autant que les déplacements « coûtent très cher en Europe ». Avant la pandémie, les candidats devaient d’ailleurs acheter des billets d’avion pour se déplacer pour des entretiens dans divers pays d’Europe. William Legendre évoque par exemple le cas d’un candidat qu’une entreprise a fait venir trois fois pour des entretiens et dont les billets d’avion n’ont pas été remboursés.

Un autre aspect de la démocratisation de ce métier est qu’aujourd’hui, les recruteurs font de la chasse pour d’autres types de postes, à l’exemple des conducteurs de travaux dans les BTP, car avant la chasse ne concernait que les cadres supérieurs, explique notre interlocuteur. Enfin, en éliminant les entretiens physiques, les chasseurs de têtes peuvent faire un plus grand nombre d’entretiens, et cela rend la chasse plus ouverte, avec des possibilités illimitées.

Pourquoi JobStreet a-t-elle choisi de délaisser le Luxembourg pour s’implanter à Maurice ? Parce que les compétences disponibles localement ont séduit William Legendre. Et même si certains lui disaient au départ qu’il ne trouverait pas les bonnes personnes à Maurice, il a persévéré dans son projet, au point de se dire « agréablement surpris par les compétences disponibles » à MauriceD’ailleurs, le manager de JobStreet est une Mauricienne, en la personne de Josheeca Ah-Hon, qui remplace l’ancienne directrice, qui était une expatriée. Josheeca Ah-Hon dirige ainsi avec aisance l’équipe de 50 salariés de JobStreet.

Outre les compétences locales, JobStreet trouve également très avantageux qu’à Maurice, les employés sont « fidèles » à l’entreprise pour laquelle ils travaillent. « En dix ans de carrière en France et 10 ans au Luxembourg, je n’ai jamais vu ça. Là-bas, le “turnover” du staff est énorme, et les gens bougent beaucoup, tandis qu’à Maurice, ils restent plus longtemps au sein d’une même entreprise. C’est un aspect intéressant pour tout investisseur. » Troisième facteur déterminant : les charges sont moins élevées à Maurice qu’au Luxembourg.

Contrairement aux plateformes de recrutement connues à Maurice, JobStreet ne travaille ni avec des candidats mauriciens, ni avec des entreprises basées à Maurice. Ses clients sont uniquement des entreprises européennes. « Nous faisons de la chasse de tête pour les entreprises européennes à la recherche de divers profils. Nous passons des appels pour rechercher et approcher divers candidats potentiels pour ces postes », dit-il.

Par exemple, RATP Real Estate avait besoin de commerciaux et JobStreet a travaillé au recrutement de ces commerciaux en faisant de la chasse de tête. Et pour trouver les meilleurs profils avec l’expérience voulue, JobStreet va généralement chercher les gens qui occupent déjà des postes similaires.

Pour faire de la chasse de tête, la cinquantaine de Mauriciens travaillant au sein de l’entreprise a été formée pour ce métier particulier, formée à travailler avec des entreprises européennes et à répondre à leurs attentes. Actuellement, 20% de la clientèle de JobStreet est constituée de grandes entreprises, le reste étant des moyennes et petites entreprises. Ces entreprises sont basées en France, en Italie, au Luxembourg, en Angleterre, en Irlande et en Europe de l’Ouest.

JobStreet se concentre sur les postes de commerciaux et cadres, notamment dans des industries, telles que le transport et les bâtiments et travaux publics. « Nous faisons plusieurs milliers de placements chaque année. Nos secrets ? Être malins pour nous adapter à toutes les situations. Chaque processus de recrutement est différent, car cela dépend de multiples facteurs. Il faut être rusé pour être en mesure d’approcher la bonne personne, traverser des barrages téléphoniques, etc. Et surtout rester discret, car nous approchons des gens qui sont déjà en poste », affirme le fondateur de l’entreprise.

Comment évoluera JobStreet dans les prochaines années ? L’entreprise a un projet pour Maurice : elle envisage de mettre en place une plateforme de recrutement pour les Mauriciens en utilisant ses techniques pour placer des candidats dans des hôtels et à des postes de commerciaux notamment. Un projet cher au cœur des 50 employés de JobStreet, dont 80% sont des Mauriciens.

« Il s’agirait de s’orienter vers un service de recrutement généraliste à Maurice et, en parallèle, faire de la chasse », dit-il. Cela d’autant que le marché du recrutement a un avenir brillant, car ce secteur promet de devenir de plus en plus dynamique dans les prochaines années, et William Legendre en est convaincu. « Une étude de PwC dit que nos parents avaient deux ou trois emplois dans leur vie, mais que ceux qui naissent aujourd’hui et qui seront sur le marché dans 20 ans en auront jusqu’à 35… »

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