Réduit-St-Pierre-Côte d’Or : Phase 4 de Metro Express au frigo jusqu’à nouvel ordre

Avec le contrat alloué à Larsen & Toubro contesté devant la justice en Inde, la desserte du No 8 par le Metro compromise avant les prochaines législatives

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Les contracteurs indiens, déjà en mode Pliy Bagaz de Maurice sous la pression de divers sous-traitants

Plan kase. C’est du moins l’impression qui se dégage des rangs des Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office au chapitre des réalisations de projets d’envergure. La Phase 4 de Metro Express, soit celle reliant le plus grand projet d’infrastructure de Maurice à la circonscription du Premier ministre, Pravind Jugnauth, le No 8 (Quartier-Militaire/Moka), est mise au frigo, soit gelée jusqu’à nouvel ordre. C’est ce qu’a appris Le Mauricien de sources bien informées dans les milieux autorisés à l’Hôtel du Gouvernement en ce début de semaine. La raison est que les procédures pour l’appel d’offres et l’allocation de ce contrat par Metro Express Ltd à la compagnie indienne de Larsen & Toubro pour cette extension du tracé ferroviaire de Réduit à Côte-d’Or en passant par St-Pierre sont contestées.

La Phase 4 du projet Metro Express, assurant la desserte des principales agglomérations de Quartier-Militaire/Moka est ces jours-ci mise au frigo jusqu’à nouvel ordre, mettant ainsi en veilleuse ce qui devait être la Seriz An Or sur le gâteau avant les prochaines élections générales. Ce développement est intervenu suite à la contestation logée par la compagnie Rail Vikas Nigam Ltd (RVNL) contre l’appel d’offres aussi bien que l’allocation de ce contrat pour l’extension du service métro de Réduit à Côte-d’Or en passant par St-Pierre.

Les recoupements effectués par Le Mauricien auprès de sources concordantes indiquent que ce contrat décroché par Larsen & Toubro, qui d’ailleurs a entrepris tous les travaux de ce projet à Maurice depuis 2017, fait l’objet d’une contestation au niveau du judiciaire en Inde et initiée par RVNL qui est une Central Public Sector Enterprise, opérant comme Construction Arm du Ministry of Railways dans la Grande-Péninsule. Les informations recueillies par Le Mauricien auprès des sources avisées sur ce dossier confirment que le contrat pour cette Phase 4 a été alloué à L&T le 4 août dernier et l’autre compagnie soumissionnaire lors de cet exercice d’appel d’offres, n’a pas tardé à saisir la Delhi High Court d’une contestation. Cette affaire a été logée dès le 18 août.

Si au Prime Minister’s Office (PMO) ou au ministère du Transport et du Metro d’Alan Ganoo aussi bien que du côté de Metro Express Ltd (MEL), l’on ne pipe mot pour l’heure sur ce Freezing de cette Phase 4, tant annoncée, et qui devait être présentée en fanfare par le gouvernement en prélude aux prochaines législatives, les faits survenus en Inde ces dernières semaines tendent à confirmer que cette affaire risque de traîner pendant quelque temps, le temps que le litige soit Thrashed Out par les autorités compétentes.

RVNL, selon les informations obtenues des sources dignes de foi, estime que l’exercice d’appel d’offres qui a eu lieu pour ce contrat n’a pas été « fair and transparent ». En effet, trois compagnies auraient été en lice, à savoir L&T, RVNL et aussi Afcons, qui avaient été « shortlisted » par l’EXIM Bank Of India. Afcons s’était visiblement retiré de la course, laissant la place au duel entre L&T et RVNL.

La société Rail Vikash Nigam Ltd RVNL aurait aussi soumis dans sa contestation légale devant la Haute Cour de Delhi que Larsen & Toubro, qui avait exécuté les trois premières phases reliant Rose-Hill à Port-Louis, Rose-Hill à Curepipe et Rose-Hill à Réduit, n’était d’ailleurs pas le  Lowest Bidder  lors de l’exercice d’appel d’offres. L’offre soumise par RVNL était de l’ordre de $ 340 millions alors que celle de L&T était supérieure, soit $ 360 millions pour les travaux de la Phase 4. L’affaire sera appelée Pro Forma devant la justice indienne le 18 octobre, fait-on ressortir dans les milieux renseignés. Les travaux pour cette extension du tracé ferroviaire sont en effet attendus depuis mars dernier et avaient, semble-t-il, accusé du retard sur le plan administratif, entre autres.

Les autorités concernées s’étaient toutefois activées en ce qui concerne l’acquisition des terrains nécessaires. Des travaux préliminaires de géotechnique ont aussi été entrepris dans l’intervalle. Le ministère des Terres et du Logement en collaboration avec le ministère du Transport avait initié les procédures pour finaliser l’acquisition des terrains nécessaires à la mise à exécution du projet sur ce qui présentait comme l’un des plus importants chantiers d’infrastructure jamais réalisés à Maurice.

Les fouilles et les investigations géotechniques avaient déjà débuté et étaient réalisées par les ingénieurs de L&T, notamment sur la partie se situant entre la clinique C-Care Wellkin et Helvétia. S’étendant sur 5,7 kilomètres, la ligne de Réduit à Saint-Pierre, passant par Moka, devrait comporter quatre stations, soit à proximité du Telfair Business Park, près du Data Tech Park, à Helvétia et à Saint-Pierre, près du centre commercial Kendra.

Les informations fournies par MEL confirment que les nouvelles stations de Metro-Express sur ce tracé ont été conçues pour faciliter la connexion avec les différents projets de développement en cours dans cette partie de l’île, dont le projet de Moka Smart City du groupe ENL. Des infrastructures modernes seront intégrées à l’environnement existant, ajoutant ainsi une touche moderne au trajet du métro dont des viaducs, surplombant l’autoroute M1, ont été prévus pour relier Réduit à Moka.

Le constructeur qui allait décrocher le contrat devait aussi se charger aussi de la construction de canaux de canalisation et des travaux d’embellissement autour des stations, avait fait comprendre MEL.

Le coût des travaux pour ce tracé est estimé à Rs 9,9 milliards, avec la livraison devant se faire d’ici à octobre 2024. Pour cette phase 4, Maurice a obtenu une aide financière de l’Inde, comme cela a été le cas pour les trois premières phases. Le montant d’aide financière s’élevant à Rs 13,6 milliards pour le tracé long de 10,5 kilomètres reliant Réduit-St-Pierre-Côte d’or. MEL devait aussi faire l’acquisition de dix nouveaux véhicules de tramway (LRV), venant s’ajouter à la flotte existante.

Avec la nouvelle donne, au vu de la bataille juridique entreprise par RVNL, le calendrier de la Phase 4 est désormais compromis. Des sources fiables au niveau de l’Hôtel du GM tendent à indiquer qu’il est peu probable qu’un nouvel appel d’offres soit lancé dans l’intervalle. L’on souligne aussi qu’il était flagrant que les prix de Larsen & Toubro étaient les plus élevés pour ce type de projet et que le gouvernement indien a lui aussi pris note de cette nouvelle donne des plus embarrassantes politiquement.

L&T pour sa part est visiblement déjà en mode Pliy Bagaz  de Maurice depuis quelque temps. La compagnie indienne, qui a enclenché le processus pour renvoyer une grande partie de ces machines et autres équipements de construction en Inde, se retrouve sous la pression de divers sous-traitants mauriciens qui n’ont pas encore été payés pour les services rendus durant les trois parties précédentes de la mise à exécution du projet de métro. Ils sont d’ailleurs plusieurs compagnies mauriciennes qui ont entrepris des travaux pour le compte du constructeur indien. Le fait demeure que la plupart du contingent de travailleurs indiens qui séjournaient dans les dortoirs sont déjà rentrés chez eux. Une centaine sont toujours à Maurice sur les plus de 900 d’il y a quelque temps de cela pour les Phases 2 et 3. L& T a aussi un autre projet qui est en phase terminale et dont le Commissioning est attendu vers le début de 2024. Il s’agit du projet du New Flacq Teaching Hospital à Flacq.

Le Project Director de L&T à Maurice Sanjeev Gupta, aurait fait comprendre à ses proches collaborateurs qu’il est probable que la compagnie indienne s’intéresse à d’autres projets de services publics à Maurice, que ce soit au niveau des stations énergétiques ou encore les barrages de rétention de la Central Water Authority. Toutefois, face au développement survenu sur le plan de la Phase 4 du projet métro, dont l’achèvement était annoncé pour octobre 2024, soit techniquement avant la dissolution du Parlement, il est peu probable que le Metro Express rallie le No 8 pour la prochaine campagne électorale. Affaire à suivre…

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