Mon-Goût : des habitants déplorent l’inaction des conseillers

Sohananand Alear, ancien président du village de Mon-Goût, regrette que les conseillers élus lors des dernières élections villageoises ne se dévouent pas pour faire avancer les choses dans les villages qui tombent sous la juridiction du conseil de village d’Epinay. Il fait état des problèmes qui n’ont pas été réglés depuis que la nouvelle équipe a été élue.

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Il y a d’abord le crématoire, nouvellement construit à Mon-Goût, qui n’est toujours pas doté de lampadaires et qui a été transformé en un repaire pour les toxicomanes le soir. Au crématoire d’Îlot, pas une goutte d’eau à proximité du lieu. Les proches des défunts doivent parcourir environ un kilomètre pour avoir un peu d’eau après le rituel. « Ça dure depuis longtemps. Les travaux pour la construction du terrain de football à Mon-Goût, entamés il y a environ deux ans, n’ont toujours pas été complétés. Les jeunes n’ont aucune activité, ils n’ont pas de loisir. En ce qui concerne les travaux pour consolider le pont où Laura Paul avait été emportée par les flots de la rivière Citron, à la suite des averses qui s’étaient abattues sur l’île le 26 mars 2008, il n’y a pas grand-chose qui a été fait. »

Laura Paul, âgée alors de huit ans et qui était en Form 1 au collège Merton de Pamplemousses, avait trouvé la mort après avoir été emportée par les flots. Les déchets obstruant les drains étaient la cause principale de ce drame. Quelque temps après, des travaux d’envergure au coût de Rs 5,2 millions avaient été effectués par le ministère des Infrastructures publiques et la National Development Unit pour protéger les habitants contre les inondations.

Pour rappel, après le décès de Laura Paul, un “fact-finding committee” avait été institué par le gouvernement d’alors. Ce comité, présidé par le juge Bushan Domah, avait dans son rapport recommandé des structures solides pour éviter une autre catastrophe similaire.

Selon Sohananand Alear, ce pont représente toujours un danger pour les habitants, faute d’un suivi régulier et de l’entretien des cours d’eau. Qu’est-ce qui s’est passé en attendant ? Une partie du mur de soutènement qui avait été construite le long des berges de la rivière a été détruite par des inondations. « Nous ne sommes toujours pas à l’abri du danger. Nous sommes beaucoup plus exposés avec les fréquentes inondations de ces derniers temps. Si rien n’est fait pour réparer le pont, ça finira par céder un jour. Si rien n’est fait, je ne serai pas surpris qu’un autre drame se produise un jour », prévient l’ancien conseiller. Il demande aux responsables des autorités compétentes de venir sur place pour faire un constat et trouver des solutions avant qu’il ne soit trop tard. « Fer kouma dir eleksion pre, zot pe vinn sirplas pou ekout nou doleans », lance-t-il en guise de boutade.

O. R., 66 ans, habite à quelques mètres du lieu où la collégienne avait été emportée par le courant. « Sa dram la ankor dan mo latet. Mo gagn frison kan mo pans sa dram la. Ti enn gran boulversman dan vilaz. Pas ti kapav fer nanyen pou sov la vie sa tifi la. Lotirite pa finn tir leson. Zot pe atann enn lot dram. Lerla depite ek minis pou galoupe pou vinn dir sinpati divan televizion », ironise le sexagénaire qui dira avoir déjà approché un député de la circonscription pour attirer son attention sur le danger que représente la rivière Citron. N’ayant pas la langue dans sa poche, O.R. ne passe pas par quatre chemins pour tirer à boulets rouges sur les contractuels qui entreprennent les travaux pour la construction ou la rénovation de drains. « Une fois que les gros travaux sont complétés, ils partent et laissent tout en place et vont dans un autre endroit pour démarrer un autre projet de drains. Zot degaze vit vit pou al touss enn lot jackpot. Ils laissent tout en plan. Il n’y a aucun suivi. Et dès qu’il y a des inondations, la pluie charrie tous les déchets et les matériaux de construction laissés sur place. Ce sont les habitants qui font les frais de leur insouciance et leur négligence. Ainsi va notre île Maurice », fait part ce retraité qui habite Mon-Goût depuis son enfance avant de faire remarquer que des ingénieurs retournent rarement sur place lorsque des travaux de construction de drains ou d’autres structures ont lieu pour assurer la sécurité du public, plus particulièrement des enfants dans les lieux publics.

Anita (nom fictif), mère de deux enfants dont une fille qui fréquente un collège de la région et un fils l’école primaire de Mon-Goût, avoue elle aussi ne pas avoir l’esprit tranquille. « Je ne suis pas tranquille lorsqu’il pleut. Mes deux enfants doivent traverser le pont pour rentrer à la maison. Et ce pont peut céder si les autorités ne font rien pour le réparer ou le consolider. Des souvenirs douloureux reviennent à chaque grosse averse », confie Anita.

Par ailleurs, Sohananand Alear déplore 1’absence de poubelles dans les villages d’Epinay, d’Îlot et Mon-Goût. « On entend presque tous les jours parler de la campagne de sensibilisation de nettoyage, mais le conseil de district ne distribue pas de poubelle dans les endroits cités. »

 

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