Région portuaire : La série noire de naufrages aux abords de la rade

Les trois naufrages d’hier sur les bancs de sable aux abords de la rade de Port-Louis confirment la série noire en matière de catastrophes maritimes. L’échouement du Wen Hung Dar 168 sur les récifs, au large de Pointe-aux-Sables, survient presque un an après le Lu Rond Yuan Yu 588.
En août 2021, c’est un bateau de pêche taïwanais, le Ruey Chien Tsai 112 qui avait pris feu dans le port. Dans la journée d’hier, deux autres bateaux de pêche taïwanais se sont retrouvés en difficultés quasiment dans le même environnement.

- Publicité -

Les pêcheurs de la région montent au créneau et dénoncent les risques que cela représente pour leurs activités et les habitants de la localité. Depuis l’année dernière, le Syndicat des Pêcheurs (SDP) a adressé trois lettres à la Mauritius Ports Authority (MPA) concernant l’insécurité dans cette région. Celles-ci ont été tout simplement ignorées.

Pas plus tard que la semaine dernière, le SDP dénonçait, en conférence de presse, les risques liés aux activités du port. Judex Rampaul, président, s’élevait ainsi contre le nombre grandissant de bateaux stationnés dans cette région, et qui représentent des dangers potentiels. L’échouement du Wen Hung Dar 168 sur les récifs de Pointe-aux-Sables, dans la nuit de mardi à mercredi, est venu malheureusement lui donner raison.

Moins de 24 heures après, cette fois, ce sont deux autres bateaux de pêche qui se sont retrouvés en difficultés. L’un d’eux s’est même renversé, obligeant les membres d’équipage à se jeter à l’eau. Judex Rampaul, qui a été témoin de la scène, déplore le laxisme des autorités, « qui font la sourde oreille », dit-il, quant aux mises en garde successives de la communauté des pêcheurs.

En juillet de l’année dernière, suivant le naufrage du Lu Rond Yuan Yu 588, le 7 mars, sur les récifs de Pointe-aux-Sables, le SDP avait écrit une première lettre à la direction de la MPA pour dénoncer le fait qu’il y avait de plus en plus de bateaux étrangers qui traversaient la région de Pointe-aux-Sables et de Bain-des-Dames, et que cela représentait un danger pour l’environnement.

« Déjà que cette partie du lagon a été très affectée avec toutes les activités du port, nous avions fait une requête pour que ces bateaux de pêche et autres cargos jettent l’ancre plus loin. Or, la région est devenue comme un vaste parking, avec les risques que cela comporte »,dit-il.

Un mois plus tard, l’incendie qui a éclaté à bord du bateau de pêche taïwanais Ruey Chien Tsai 112 est venu donner raison aux pêcheurs. « On avait remorqué le bateau jusqu’à Fort William et, pendant plusieurs jours, les habitants de la localité ont dû respirer cette odeur de pétrole et de fumée qui s’en dégageait », dénonce-t-il.

Pour cette raison, le SDP a écrit une deuxième lettre à la MPA pour dénoncer les risques de pollution dans la région. Une nouvelle fois, il n’y a eu aucune réponse de la direction du port.

La dernière lettre remonte à janvier. Le SDP déplore une nouvelle fois la dégradation de l’environnement marin dans cette zone et que cela affecte les activités des pêcheurs et les habitants de la région. Une nouvelle fois, aucune ne réaction de la part des autorités.

« Ce qui s’est passé depuis mardi démontre que nous avions raison. Qu’attend-on pour réagir et protéger nos côtes. Veut-on un nouvel épisode du Wakashio ici ? Que va-t-il se passer pour les pêcheurs et les habitants de la localité s’il y a une marée noire ? » se demande-t-il.

Judex Rampaul ajoute que ces événements viennent démontrer qu’il y a un problème dans cette région et que les autorités se doivent de réagir, une fois pour toutes, pour remédier à la situation. Même s’il est vrai qu’il y a actuellement un avis de fortes houles, après le passage du cyclone Emnati.
Le président du SDP s’interroge également sur l’état des bateaux qui pêchent dans nos eaux. La question avait d’ailleurs été soulevée suite à l’incendie à bord du Ruey Chien Tsai 112, en août de l’année dernière. Il considère que ce qui s’est passé en deux jours est extrêmement grave.

« On ne peut prendre nos récifs pour des poubelles. Y a-t-il un contrôle sur l’état des bateaux qui approchent nos côtes. De plus, pourquoi a-t-on permis à ces bateaux de pêche chinois d’entrer dans le port, alors qu’il y avait un avis de fortes houles en vigueur ? N’était-il pas plus approprié qu’ils aillent au large en attendant que la situation s’améliore ? N’y a-t-il pas négligence de la MPA à ce sujet ? » dit-il.

Ce dernier espère qu’il n’y aura aucune catastrophe écologique dans cette région. D’autant que les pêcheurs n’ont pu reprendre la mer depuis le passage des cyclones Batsirai et Emnati.

- Publicité -
EN CONTINU ↻

l'édition du jour

- Publicité -