Alors qu’ils s’attendaient à percevoir une hausse salariale de 12,4% à compter de la fin de ce mois et, depuis la semaine dernière, le paiement de l’augmentation de leurs allocations avec les arrérages dues depuis janvier 2021, les employés d’Airports of Mauritius Ltd (AML) et d’Airport Terminal Operations Ltd (ATOL) trouvent une note amère.
Une missive du management en date du 9 septembre – une semaine après l’annonce de cette hausse de rétribution par leur syndicat, l’AMLEU et l’ancien Officer in charge, Siven Chellen – les informe qu’ils n’obtiendront que 8% de compensation. Annonce démoralisante pour les quelque 800 employés concernés qui – jugeant cette décision “arbitraire” et « inacceptable », le collective agreement portant sur une compensation de 12,4% avec le syndicat ayant déjà été signé – comptent prendre des actions. Et ce sera au détriment des passagers, préviennent-ils, annonçant une mobilisation dès cette semaine. Le syndicat, martelant qu’ « une fois signée, le collective agreement is binding”, ne compte pas rester les bras croisés.
Branle-bas de combat à Plaisance. Outre le départ du l’ancien chairman Prakash Maunthrooa, parachuté à la CWA depuis trois semaines et la révocation de Siven Chellen comme Officer in Charge (OIC) d’AML et d’ATOL, cette fois, c’est le collective agreement – pour lequel l’ex-OIC a été suspendu cette semaine pour “gross misconduct”, car ayant signé une convention collective sans l’autorisation du conseil d’administration – qui est remis en question. Les 800 employés d’AML et d’ATOL ont, en effet, été informés vendredi que la compensation agréée de 12,4% avec le syndicat ne leur sera pas versée. Les 10,2% de hausse sur leurs allocations dues depuis janvier 2021, non plus. C’est ce qu’écrit le nouveau OIC, Rajeev Lollbeharree au personnel, indiquant que c’est à travers la presse que le board de directeurs aurait pris connaissance de la signature du collective agreement sous l’ancien OIC et que “a number of clarifications are being sought and this matter is under consideration at the level of the AML Board.”
Toutefois, dans un esprit d’équité et de compréhension, ajoute-t-il, “the board has in its own wisdom approved an interim increase of 8% on salary and benefits for all staff, effective as from September 2022.” Une mesure temporaire, précise le nouveau OIC, jusqu’à ce qu’une décision finale soit arrêtée.
« Blame game »
Ce qui laisse un goût amer parmi les employés d’AML et d’ATOL qui déplorent “être victimes d’un blame game” du management, si ce n’est de lakwizinn. Démoralisés, les employés qui s’estiment lésés évoquent des actions fermes à venir “avec ou sans le soutien de notre syndicat”. À ce propos, certains évoquent un go slow ou autre type de boycott. “Et ce sera au détriment des passagers, malheureusement”, préviennent-ils.
L’approbation de l’ancien chairman, soutient le syndicat
Le syndicat, par la voix de leur négociateur, Deepak Benydin fait ressortir qu’une contestation sera entamée car la signature du collective agreement est binding. “Cela fait plusieurs mois que nous avons travaillé sur ce rapport salarial qui a été fait sous le chairmanship de Prakash Manthrooa. Le board ne peut pas dire que c’était dans son dos, car tout a été fait selon les procédures et avec l’approbation de M. Manthrooa. D’ailleurs, la signature du rapport a été faite par quatre personnes, selon les procédures : entre le company secretary et l’ancien OIC, et entre le président et le secrétaire de l’AMLEU”, indique Deepak Benydin, rappelant que c’est avec le management que le syndicat négocie, et non avec le board.
“Aujourd’hui, ils utilisent une politique de divide and rule, mais nous ne resterons pas les bras croisés. Les procédures pour une contestation sont déjà enclenchées et plusieurs actions seront prises. S’il faut aller devant la tribune de l’ILO, nous le ferons. Whatever situation, nou parer pou zot”, annonce le négociateur.
Par ailleurs, l’avocat Raouf Gulbul devrait s’installer dans le fauteuil de président d’AML et de celui d’ATOL également, apprend-on. Il nous revient qu’en fin de semaine, lors d’une assemblée spéciale, le candidat battu du MSM aux élections générales de 2014 dans la circonscription n° 3 (Port-Louis Maritime /Port-Louis Est) et ancien président de la Gambling Regulatory Authority (GRA), contraint de démissionner en novembre 2017 dans le sillage du rapport de la commission d’enquête Lam Shang Leen sur la drogue, a été présenté aux membres du board. Il devrait ainsi remplacer Prakash Maunthrooa.
Pour rappel, depuis le départ d’Anoop Nilamber pour la SBM, en juin 2021, AML fonctionne sans CEO. Siven Chellen, alors proche du CEO d’Airport Holdings Ltd, Ken Arian, est devenu l’homme fort. Et ses largesses et excès de zèle ont maintes fois été dénoncés par les employés. Cependant, ces derniers estiment que “si Siven Chellen n’est pas un saint et que nous ne sommes pas là pour faire ses éloges, nous ne pouvons payer d’un blame game. Notre dû c’est notre dû, et le management doit respecter son contrat et nous donner la compensation agréée avec le syndicat.”