Roger de Spéville, nom très connu à Rodrigues, un des deux hommes derrière la découverte d’un trésor à Saint-François, prévient sur le risque d’une pollution marine de grande ampleur. Amateur de plongée sous-marine, randonneur et amoureux de Rodrigues, il tient à alerter l’opinion publique sur le danger « imminent » d’une marée noire à Rodrigues et d’un trafic maritime intense dans la région. Cette crainte est alimentée par le nombre et la fréquence des bateaux croisant au Nord et au Sud-Est de Rodrigues, non loin des récifs coralliens. Il y a aussi l’épisode du naufrage du Wakashio au Sud-Est de Maurice, entraînant un déversement important de fioul et affectant l’écologie marine.
Selon Roger de Spéville, Rodrigues n’est pas à l’abri d’une marée noire. Il propose que Rodrigues soit bien équipée pour faire face à une telle catastrophe compte tenu de l’éloignement de Maurice, soit à environ 600 kilomètres. Pour lui, s’il y a marée noire à l’Est de Rodrigues, c’est toute l’île qui sera affectée avec l’éradication de toute forme de vie sous-marine pendant des dizaines d’années. « Ce sera un drame humain et économique sans précédent vu que la plupart des Rodriguais gagnent leur vie de la mer avec la pêche à la ligne, la pêche à la senne, l’activité touristique. »
Pour Roger de Spéville, en cas de marée noire, la survie de l’île dépendra de la rapidité d’intervention. « Vu l’éloignement géographique de l’île Maurice, Rodrigues doit obligatoirement avoir sa propre logistique pour une intervention rapide », dira-t-il. Il faudra ainsi, selon lui, « une vedette rapide de 25 nœuds avec porte-hélicoptères, canons et mitrailleuses ». Il est d’avis qu’il faut ériger un mirador sur le Mont-Limon, opérationnel 24 heures sur 24, avec radar à effet Doppler afin de gérer, suivre et communiquer avec tout porte-conteneurs, pétrolier, paquebot, bateaux de pêche ou autres se rapprochant trop près de l’île.
La surveillance maritime de la zone économique exclusive de Rodrigues, selon Roger de Spéville, doit être assurée en permanence. Et d’ajouter : « Si le capitaine d’un bateau n’obéit pas, des sanctions devront être prises immédiatement. Il faut une vedette pour une intervention prompte en mer. Si un pétrolier déverse 100 000 tonnes d’huile lourde dans le lagon de Rodrigues, l’air sera irrespirable. L’île sera enveloppée d’une marée noire. On ne pourra pas compter immédiatement sur Maurice alors compte tenu de la distance. Le trajet entre Port-Louis et Port-Mathurin est long. Il y a plusieurs modèles de bateaux qui peuvent intervenir dans de telles situations. Ils doivent être polyvalents, c’est-à-dire, être prêts aussi en cas d’accident d’avion. »