Rivière-Noire – Soopaya Veerapen (travailleur social) : « L’accès à la propriété pour les pauvres pratiquement impossible »

Soopaya Veerapen, président des forces vives de Grande-Rivière-Noire et Petite-Rivière-Noire, a en maintes occasions attiré l’attention des autorités sur les principaux problèmes auxquels les habitants de cette région font face depuis de nombreuses années. Ces problèmes ont trait à l’éducation, l’emploi, l’environnement, aux loisirs, et plus particulièrement, au logement.

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Le travailleur social Soopaya Veerapen suit de très près l’évolution de la situation à Rivière-Noire et il n’hésite pas à faire entendre sa voix pour dénoncer les injustices lorsqu’il le juge nécessaire. Tout récemment, il a parlé d’un complexe d’appartements destiné à des expatriés de la région. Il dit être dans le flou. Comment le propriétaire de ce complexe situé sur le site d’un monument historique a pu avoir son permis ? s’est-il demandé.

Quelques jours plus tard, Soopaya Veerapen apprend que Padco, une firme importante dans le secteur de la construction, a obtenu 30 arpents de terrain à Tamarin, bail qui n’a pas été réglé depuis dix ans.

Quatre jours après, soit le vendredi 12 juin, un autre scandale éclate. Cette fois, cela concerne un terrain de deux arpents sur les pas géométriques à Grande-Rivière Noire accordé au Private Parliamentary Secretary Ismaël Rawoo par le ministère des Terres et du Logement pour un projet de “smart clinic”.

« Jusqu’à quand les habitants de Rivière-Noire, qui éprouvent de difficultés pour trouver un terrain pour construire, vont-ils rester tranquilles ? Jusqu’à quand allons-nous subir tant d’injustices ?» Selon lui, il y a de fortes inégalités sociales dans la région. « La population native de Rivière-Noire subit depuis des générations ces inégalités grandissantes », dit-il.

S’appuyant sur le rapport soumis par le Dr Maya de Salles après une étude intitulée l’envers du décor commanditée en 2019 par Kolektif Rivier Nwar, Soopaya Veerapen observe que l’auteur a identifié 636 familles qui sont en détresse et que depuis plus de 50 ans, il n’y a pas eu de projet de logement à Rivière-Noire, que 636 familles en détresse ont besoin de solutions urgentes et que 17 squatters sont identifiés comme devant être régularisées et/ou relogés urgemment. « Mais rien n’a été réalisé depuis. Avec le développement de luxe dans la région, les prix des terrains ont augmenté rapidement. L’accès à la propriété pour les pauvres et la classe moyenne est devenu pratiquement impossible. »

Selon l’interlocuteur, même la plage, les montagnes, les rivières et les forêts qui étaient jusque-là considérées comme des espaces publics sont devenues inaccessibles. « Ena plas finn met difil kouran ek barble, nou fini vinn etranze lor nou later. Pe partaz later kuma ti dipain ant kopin. Fer leker fer mal. Nou sibir tro boucou inzistis », ne cesse-t-il de répéter.

Pour trouver une solution à ce problème de logement, Soopaya Veerapen et des habitants de la région ont déjà invité le ministre Joe Lesjongard à venir identifier les terres à bail disponible dans la région. « Nou finn fer letour partou. Nou finn idantifie boucou plas. Li ti promet ki li pou pran nou bann sizesion oserye. Nou ankor pe atann. »
Selon Soopaya Veerapen, la région de Rivière-Noire compte des poches de pauvreté inquiétante. L’extrême pauvreté côtoie des développements résidentiels et hôtels de luxe. Et avec la fermeture de certains hôtels après le confinement, la situation va empirer, prévient le président des forces vives de Rivière-Noire. ll déplore l’attitude et l’indifférence des grands promoteurs hôteliers de luxe de la région. « Zot pa kontribie ase. Kot finn pass larzan ki zot ti promet pou donn avan zot fer proze ? La région de Rivière-Noire a été délaissée alors qu’elle attire de nombreux investissements et développements. » Soopaya Veerapen est d’avis que les recommandations faites par le Dr Maya de Salles dans son rapport pourraient aider chaque famille sans un logement à devenir propriétaire d’une maison.

Les quelques recommandations sont une meilleure communication et coordination entre les ministères et les institutions en charge du logement social, une simplification et clarification des règlements et procédures à suivre afin que les projets soient mis en œuvre plus rapidement dans la cohérence.

Le rapport propose de simplifier les procédures de remboursement des emprunts, par exemple par une plus grande proximité des bureaux pour le remboursement, un accompagnement, une subvention des emprunts. Il faut également renforcer la coordination et la collaboration entre les Ong et l’Etat, afin de produire des actions cohérentes. Selon l’anthropologue, l’Etat doit prévoir des incitations à la création d’associations agissant dans le domaine du logement social.

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