À RODRIGUES : L’équipage de la Race For Water Odyssey analyse la pollution plastique

Depuis le 15 mars dernier, l’équipage du trimaran MOD70 Race for Water sillonne la planète à travers les cinq principales plaques de plastiques qui polluent les océans. Objectif : dresser un état des lieux global et scientifique de cette pollution. Dans le cadre des célébrations marquant les 20 ans de l’implantation du Global Environment Fund-Small Grants Programme, l’équipage fait une escale à Rodrigues. Celle-ci se fait sans le trimaran, qui a récemment chaviré au large des Chagos, mais l’équipage a cependant maintenu le programme prévu pour Rodrigues.
« L’océan Indien nous aura été fatal, car notre trimaran, le MOD70 Race for Water, s’est retourné en allant sur l’archipel des Chagos. Nous avons heureusement pu, avec l’aide des militaires de la base de Diego, le remettre à flot et vendredi nous l’embarquons pour l’Europe », raconte au Mauricien Frank David, directeur exécutif de l’expédition Race for Water Odyssey. « Si le trimaran ne vient pas à Rodrigues, nous maintenons néanmoins notre escale dans l’île pour continuer notre programme scientifique ainsi que notre compagne de sensibilisation », ajoute-t-il.
« Dans le contexte des célébrations marquant le 20e anniversaire de l’implantation du Global Environment Fund-Small Grants Programme (GEF-SGP) à Maurice, nous avons fait équipe avec l’Assemblée Régionale de Rodrigues pour organiser une foire des connaissances/expo de photos des projets que nous avons financés et aidés à réaliser dans l’île et pour accueillir l’expédition Race For Water Odyssey du 25 au 30 septembre », nous explique pour sa part Pamela Bapoo-Dundoo, éco-conseillère et coordinatrice nationale du GEF-SGP-UNDP.
Le 15 mars dernier, l’équipage du MOD70 Race for Water est parti de Bordeaux en France pour une odyssée planétaire à travers les cinq principales plaques (gyres ou vortex) de plastique qui polluent les océans (voir encadré). Les gyres, explique Frank David, sont d’immenses tourbillons ou vortex d’eau créés par les vents et les courants marins, au sein desquels les déchets plastiques se déplaçant dans les océans se regroupent et s’accumulent, pour former de gigantesques zones de pollution diffuse.
« Contrairement à certaines idées reçues, les gyres ne sont pas des zones d’accumulation compactes de déchets mais des zones de pollution diffuse ayant de plus fortes concentrations en microparticules plastiques que les eaux de pleine mer. En flottant à quelques centimètres sous la surface des eaux, la pollution plastique peut être quasiment invisible à l’oeil nu et non identifiable par des photos aériennes », précise-t-il.
Frank David indique qu’il y a aujourd’hui cinq gyres sur le globe : dans l’Atlantique Nord et Sud, dans le Pacifique Nord et Sud ainsi que dans le sud de l’océan Indien. « Ces déchets ont des effets néfastes sur l’écosystème et les animaux marins et, à terme, sur l’homme », dit-il. La Race for Water Odyssey, poursuit-il, a quatre objectifs : d’abord faire un rapport global sur l’ampleur de cette pollution par le plastique dans nos océans en se rendant sur les îles témoins (dont Rodrigues) présentes au sein des vortex de déchets, puis dresser un bilan humain et environnemental des conséquences de cette pollution, ensuite d’exploiter les résultats de cette première odyssée afin d’identifier les besoins et les solutions en termes de collecte et de recyclage des déchets plastique, et enfin sensibiliser le grand public, les industries, les législateurs et les médias aux enjeux de l’eau et à la nécessité de lutter contre la pollution par le plastique.
« Ces îles, qui sont situées au coeur des gyres, agissent comme une sorte de barrage naturel au transport des déchets, les piègent et les accumulent sur leurs côtes. Ainsi, leurs plages constituent un terrain représentatif du type et des quantités de déchets retrouvés dans les eaux environnantes », explique Frank David.
Notre interlocuteur ajoute que les plages des îles sélectionnées sont étudiées selon une approche scientifique standardisée basée sur la méthode de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). « Pour la première fois, un drone est utilisé pour tenter de cartographier les déchets qui jonchent les plages. De plus, l’équipage ira à la rencontre des différents acteurs locaux (populations, autorités, ONG, etc.) afin de comprendre leur manière d’appréhender actuellement cette pollution plastique ».
En effet, lors de son escale rodriguaise, l’équipage du MOD70 Race for Water se propose de faire des prélèvements de déchets (beach sampling) sur les plages de Gravier, de Coton Bay et de Grenade. Il présentera une projection vidéo de son expédition, participera à la foire des connaissances/expo du GEF-SGP et aura des discussions avec la population.
« Nous voulons informer, conscientiser et sensibiliser les Mauriciens sur la nécessité de préserver nos océans et de protéger nos ressources en eau », conclut Frank David.

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