Rodrigues : Le marché de Port-Mathurin fait grise mine

Port-Mathurin, chef-lieu de Rodrigues, est généralement très prisé des touristes, qu’ils soient étrangers ou mauricies. Un  passage incontournable lors d’un passage dans l’île. Mais ce n’est pas pour y trouver de marques et des griffes des plus Glossy. Le bouillonnement de la foire le samedi matin ne laissera personne indifférent. Dès l’aube, des habitants venant de tous les coins de l’île y convergent pour écouler leurs produits, notamment du terroir

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Derrière des tables bien garnies de petits pots de piments ourite, de limons aigre-doux, miel d’eucalyptus, d’achards de piment tamarin et autres préparations succulentes, de belles Rodriguaises au regard timide vous invitent à découvrir leur savoir-faire traditionnel. Leur sourire éclatant et leurs voix mélodieuses finiront par convaincre le visiteur à déguster ces saveurs authentiques.
Les poissons salés et poulpes séchés ne sont pas pour autant à être négligés et occupent une place importante sur les étals comme dans l’alimentation locale. La tourte rodriguaise, tarte à base de pâte sablée, garnie de coco râpé, de confiture de mangue ou de papaye est un vrai régal pour les papilles. On ne manquera pas de trouver le « roti » mauricien préparé et servi avec du curry aux saveurs de la cuisine rodriguaise. Au marché, les produits frais du terroir sur les étals reflètent une île à vocation agro-écologique.

La douce senteur du vacoa, du vétiver ou du raphia procure toujours une sensation de bien-être et de nostalgie. Les feuilles et tiges de ces plantes tropicales sont utilisées par les artisans de Rodrigues pour confectionner des chapeaux de paille, paniers et autres produits locaux. Ces articles en vannerie très coloriée, qui sont des cadeaux originaux, rehaussent la vivacité de Port-Mathurin.
L’artisanat occupe une place importante dans la vie économique, traditionnelle et culturelle de Rodrigues. Tout est fait maison ou fait main : confiture, serviettes de bain, nappes de table finement brodées. Port-Mathurin ne manquera surtout pas de surprendre les visiteurs.

Le Covid-19 joue les trouble-fête

Les marchands de fruits au marché de Port-Mathurin lancent un véritable SOS aux autorités compétentes pour les aider à résoudre leurs problèmes. Car nombre d’entre eux n’ont pu écouler leurs produits comme ils s’y attendaient à cause du Covid-19. Il s’agit notamment de produits prisés par les touristes, du poisson salé, des achards, des œuvres artisanales. Ces marchands sollicitent une aide financière des autorités car ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts.

L’un d’eux témoigne : « Gouvernman pa ed nou ditou. Kan lapli nou gagn bokou difikilte pou nou vann nou bann prodwi parski bazar ranpli avek dilo enou tranpe net. Avek kovid, nou bann prodwi pa vande ditou et gouvernman pa ape donn nou ni enn finans ek lor la zot dir nou pa eliziib pou gagn travay alternatif. Dan bazar nou pe bizin servi parasol kan ena lapli. Nou pe anvi kone kan lotorite pou ed nou. »

La richesse de la culture rodriguaise s’affirme dans ses spécialités culinaires et ses produits artisanaux. Dans le domaine de l’agroalimentaire, les petites entrepreneuses mettent sur le marché des pots de piment d’ourite, de piment confit, crevette, d’achards d’aubergine, de limon aigre-doux, de piment mangue. Côté produit artisanal, l’on retrouve l’incontournable chapeau de paille, des tentes et des coffrets de bijoux. En outre, elles commercialisent des produits de beauté, comme de la crème à base de coco, du baume de propolis et différents types de savon.

Avec la pandémie de Covid-19, les femmes entrepreneurs se heurtent  à de graves difficultés. La vente de leurs produits est en baisse, faute de touristes, les liaisons aériennes sont interdites depuis le 10 mars dernier, bientôt cinq mois. Les Rodriguaises rechignent à acheter les produits locaux sans compter que les prix sont plus élevés. Selon une femme entrepreneur, les gens n’achètent plus tellement les produits artisanaux à Port-Mathurin. « Esi ou resi gagn Rs 25, ou pa pou gagn plis ki sa pandan la zourne. Gouvernman pa pe fourni nou ni enn led. Pourtan nou travay avek touris ek osi nou bien afekte avek labsans touris dan Rodrig. Isi bann travayer alternatif ki pe gagn paye. Nou pe fer enn move pert dan domenn artizana, bann prodwi alimanter koma egre-dou pa pe gagn vande avek sa e nou trouve pena lavenir ditou ladan pandan sa bann moman la. Ena madam pa pe gagn ni enn roupi pou donn zanfan pou al lekol ni pou swagn zot zanfan. Tousa parski gouvernman pa pe ed nou ditou. Se bann travayer alternatif ki pe benefisie bann edd dan Rodrig. Nou ti pe demann lotorite konserne edd nou afin ki nou resi export nou prodwi vers Moris pou edd sa ban zenn antreprenez. An tout onetete, nou pe ankouraz ban dimoune al ver later. »

Cette autre femme entrepreneur accueille beaucoup de clients rodriguais vivant à Maurice depuis plusieurs années. Elle accueille aussi d’ordinaire les touristes. « Nous n’arrivons pas à écouler nos produits, notamment des aliments et des produits artisanaux. On ne sent pas que le gouvernement désire nous aider. Nou tou ena permis me nou pa pe resi gagn travay alternatif. Me seki pena permi kipe gagn sa travay la ek gagn led ek gouvernman. »

Généralement, les étals de la foire sont bien achalandés en poissons, viande, fruits, légumes, herbes et produits artisanaux. Les limons confits (de petits citrons locaux confits au sel) sont une pure merveille. Et les confitures et fruits confits au miel séduisent. Mais l’afflux de clients n’est plus le même. Certains fruits pourrissent sur les étals. Et suivant la hausse du fret, les prix de divers articles ont pris l’ascenseur. Les marchands ont le sentiment d’avoir été abandonnés par les autorités. Un marchand de fruits se confie : « Mo ena sis zanfan, mo ti pe travay dan bazar depi 211. Avan pa ti ena kovid, mo ti pe gagn mo lavi bien, aster avek kovid dan Moris, sa finn afekte mo fami, mo lavi, mo lakaz, mo travay. Mo pa kone ki mo pou fer dan sa ti lil la. Si gouvernman rekonet mwa, mo pou kontinie dan mo travay. Mo anvi ki Rodrig ek Moris ena mem tretman ek drwa. »

Un SOS des plus désespérants venant d’une partie de la république de Maurice…

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