Les jours, les mois et les années passent et se ressemblent. Rodrigues fait toujours face à une pénurie de gaz ménager. Un problème qui ne date pas d’hier. Les points de ravitaillement des pompes à essence sont en effet saturés. Les commerces, surtout dans les villages, le sont également. Avec des questions : quand les Rodriguais auront-ils droit à une solution durable pour régler ce problème ? Quels sont les vrais enjeux ? Au final, il faudrait une réelle volonté de toutes les parties concernées et peut-être aussi, si besoin est, casser le monopole, même si cela doit faire mal. Des voix se sont fait entendre dans ce sens.
Après les pénuries de carburant qui avaient presque paralysé Rodrigues (et son économie) fin 2024/début 2025, voilà que le manque de gaz ménager vient une fois de plus refaire surface en “adding insult to injury”. En 2024 (et jusqu’à ce jour), il y a eu les pénuries de gaz ménager, d’aliments pour animaux, de rationnement, de carburant, de boissons gazeuses et d’eau embouteillée, d’oignons… Et revoilà une pénurie de gaz ménager qui pourrit la vie des Rodriguais.
Il y a quelques mois, certaines voix expliquaient que l’arrêt temporaire du Mauritius Trochetia – qui avait été endommagé en accostant à quai à Agalega – avait provoqué cette situation. Sauf que depuis plusieurs semaines, les deux cargos, le Mauritius Trochetia et le MV Peros Banhos, font à nouveau le trajet maritime Port-Louis/Port-Mathurin sur une base régulière. Aussi, où se situe le problème ?
Cette semaine, le jour du départ du MV Peros Banhos, le 2 septembre, des consommateurs étaient déjà à la station-service de Port-Mathurin afin de pouvoir s’approvisionner. Certains étaient dans la file d’attente avec leurs bouteilles de gaz vides depuis 4h du matin. Les plus chanceux ont pu en avoir, tandis que les autres, principalement des villageois, devaient prendre leur mal en patience.
« A sak fwa pe enan mem problem avek gaz. Pa kapav lane ale, lane vini nou strese avek mem zafer ek pa trouv solision. Pou fini avek sa, mo madam ek mwa nounn aste enn reso sarbon kot enn misie Palisade. Si ena gaz bien bon, si pena, abe nou ava kwi manze lor reso sarbon. Ou pou gete, si sa kontinie, Rodrige pou bizin rekoumans kwi manze lor dibwa », lance un consommateur. Son constat : dès que les commerces sont approvisionnés en gaz à travers l’île, le lendemain, il n’y en a déjà plus.
Selon nos informations, une partie de la population accumulerait les bonbonnes pleines, remplissant à chaque arrivée de bateau leurs bonbonnes vides. Certains auraient ainsi quatre à cinq bonbonne chez eux, contre une à deux maximum pour d’autres.
Pour de nombreux Rodriguais, le problème vient du fait qu’une seule et unique compagnie commercialise le gaz ménager à Rodrigues. Et certainement pas des bateaux. Pour preuve, le dernier voyage du Peros Banhos a emmené 220 conteneurs, au lieu de 280. Aussi en déduit-on que si le gaz manque, ce n’est certainement pas pour une question de place.
« Les Rodriguais souffrent de ce monopole », poursuit un consommateur. Certains rappellent même la tentative de demander à la STC d’emmener du gaz ménager à Rodrigues, mais qui n’a pas encore abouti. Aussi la population de l’île perd confiance dans les politiques, qui sont, explique un autre consommateur, « supposés régler le problème ». Et de poursuivre : « Le gaz ménager est un produit de première nécessité. Alors pourquoi ne pas demander à la STC d’en prendre la responsabilité et d’en importer en suffisance, au même titre que le riz, le sucre, la farine, le lait… ? »