(Rodrigues) Transformation agricole : Le parfum de l’huile essentielle à base de limon qui dérange

La commissaire Franchette Gaspard Pierre Louis  remet les pendules à l’heure suite aux commentaires d’Ameenah Gurib-Fakim

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Franchette Gaspard Pierre Louis, commissaire du Développement industriel,  remet les pendules à l’heure au sujet de l’huile essentielle à partir des limons de Rodrigues. Au sein du gouvernement régional à Port-Mathurin, les commentaires de l’ancienne présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, ne sont pas favorablement accueillis à ce sujet.

Franchette Gaspard Pierre Louis défend le projet de  en faisant état des tenants et les aboutissants du projet d’extraction d’huile essentielle à base de limon, de sa conception à ce jour. Elle ajoute que « c’est faux et inapproprié » de dire que le gouvernement régional n’avait pas l’intention d’aller de l’avant avec ce projet dès le départ. À noter que Jean Louis Roule (de CIDP) a déjà acheté des limons directement des planteurs récemment. De l’huile essentielle en a déjà été extraite à Maurice et a déjà été envoyée à l’Oréal. Et le produit fini à base de limon de Rodrigues, produit par l’Atelier Cologne, a déjà été finalisé sans passer par l’Assemblée régionale (RRA). Ce produit sera lancé à New York en 2022.

Franchette Gaspard Pierre Louis indique que  Rodrigues  compte 246 planteurs enregistrés, notamment dans la région de Graviers et Grand-Baie. La production varie de de 250 à 400 tonnes par an, avec la moitié de la production consommée sous forme de jus, achards, piments et autres produits. Le reste est déclaré invendu. Raison pour laquelle la RRA a décidé de monter plusieurs projets afin que les producteurs puissent écouler la totalité de leur production.

« Il est très important de continuer à investir dans l’agro-industrie à Rodrigues. Et en 2014, l’unité de production de limons à Graviers a été lancée afin de diversifier les produits à base de limons. Le GEF-Grant Programme a apporté un financement. Sa ki finn top-up avek RRA pou met linite la anplas pou extraksion zi, me osi pou enn verze a Graviers », a-t-elle expliqué. De 2016 à 2018, 7,64 tonnes de jus ont été extraites et vendues à Le-Labourdonnais. Le jus concentré se vendait à Rs 90/kg.

« Malheureusement, la machine utilisée a eu un souci et le jus produit n’était plus de bonne qualité et nous avons arrêté cette production. Quand Madame Gurib-Fakim était présidente, elle voulait partager ses recherches sur le potentiel des plantes et du limon de Rodrigues pour l’agro-industrie. Elle a parlé du potentiel du limon pour la production d’huile essentielle pour l’industrie du parfum. En 2015, Michel Mane, un des plus grands parfumeurs mondiaux, est venu à Rodrigues pour voir d’où vient le limon qui produit cette huile. Et nous avons discuté d’un partenariat éventuel pour sa commercialisation », déclare Franchette Gaspard Pierre Louis.

En 2016, une délégation de Biolabex, une compagnie mauricienne qui avait pour directeur Jean Louis Roule en partenariat avec Ameenah Gurib-Fakim, est venue présenter au conseil exécutif des échantillons des produits fabriqués à base d’huile essentielle du limon de Rodrigues, démontrant la pertinence du projet. Parmi, il y avait des bonbons, des eaux pétillantes et des essences. « Et à la demande de Biolabex, la RRA a financé l’acheminement de 1,4 tonne de limons en Italie pour des analyses, confirmant les propriétés antioxydantes, cicatrisantes et antirides, entre autres, du limon local, qui peut être utilisé pour la production de produits à valeur ajoutée », dit-elle.

Une délégation en Italie

Et dans le budget 2018/2019, le chef commissaire avait annoncé la mise en place d’une unité d’extraction d’huile essentielle qui serait utilisée dans l’industrie des parfums. Le ministère des Finances avait approuvé un emprunt contracté par la RTMC, garanti par la RRA pour la mise en place du projet, qui n’était pas “budgeted”. Biolabex avait même proposé 1 200 euros pour le litre d’huile essentielle à base de limons. Mais des changements devaient intervenir au sein de cette société étrangère.

Pour Franchette Gaspard Pierre Louis, c’était le début de la discorde. « Madame Fakim avait proposé que l’unité  de production d’essence soit installée à Maurice, mais financée par la RRA. Nous avons refusé. Le limon de Rodrigues est le trésor de Rodrigues. Ek pa kapav anvoy li Moris pou al tir lesans ! Kan li ariv dan Moris konbien kontrol nou pou enan lor proze la ? Kifer Moris pa anvoy so kann asik ayer, nousi nou pa pou anvoy nou limon, li kler sa. Et notre aventure du limon, comme celle du sucre, ferait la notoriété de Rodrigues sur le plan touristique. Dimounn pou sorti ayer pou vinn gete kot sa limon, ki fer sa bon parfun la sorti », a-t-elle dit. Et d’ajouter que cette question a quand même été réglée.

Entre-temps, la RRA a avancé donc Rs 5,8 millions à la RTMC pour passer la commande des équipements nécessaires. « Toutefois, l’emprunt à la banque comporte des conditions et nous avons dû démontrer la viabilité du projet à travers le contrat d’achat de l’Oréal, où il était question du prix et de l’exclusivité. Yellow.com, l’intermédiaire entre la RRA et l’Oréal, devait assurer l’exclusivité pendant 15 ans. Le remboursement était assuré tout en continuant à produire avec un prix garanti. Mais le document n’est jamais arrivé », poursuit-elle.

Finalement, le 10 mars de l’année dernière, un document sur ce partenariat était élaboré, avec notamment: pour les premiers dix kilos d’essence, le prix d’achat est de 500 euros le kilo;  pour 10 à 50 kg, 300 euros/kilo, 50 à 200 kg à 150 euros/kilo et 200 kg à une tonne serait de 75 euros/kilo. « Ce n’est pas ce qui était convenu ! C’est clair qu’avec ce contrat, la banque ne suivrait pas ! Donc le projet a été retardé car dès le départ Yellow.com n’a pas fourni d’informations fiables. Nous avons donc eu une réunion par visioconférence avec Michel Mane, la RTMC, ainsi que d’autres partenaires, les informant que Rodrigues ne peut s’embarquer dans ce projet avec de telles conditions. La question de disparité entre les prix est un autre sujet discordant, en plus du salaire des employés. Car l’expertise venue d’ailleurs serait requise, en plus des employés locaux. Et le salaire du personnel étranger aurait coûté Rs 18 millions par an. Alor ki dan Rodrig, nou ti pu enan selman bann handyworkers », fait-elle comprendre.

L’Atelier Cologne

Franchette Gaspard Pierre Louis dit avoir pris connaissance sur le site web d’Atelier Cologne qu’une marque a été déposée récemment, mentionnant Rodrigues et proposant certains produits de manière intelligente. « J’ai envoyé un courriel à Michel Mane pour l’informer que nous sommes au courant de ce qui se passe et je lui ai dit que je voulais comprendre quel est son engagement par rapport à ce produit car dans nos discussions, à part le prix du limon, il était aussi question de verser 20% des royalties à la RTMC sur tous les produits dérivés produits à base de notre essence et cet argent allait revenir aux planteurs. Zordi le danze, seki kan zot finn pran limon ki zot inn aste Rs 1,50 linite, pa sir si zot pou aste plis ki sa parski zot fini gagn sis lit lesans ki extra konsantre. Donc, le Rodriguais a été berné car ce petit volume qu’il a vendu sera tout. En tant que gouvernement régional responsable, on ne peut pas accepter un tel projet. Le potentiel est là et il existe d’autres possibilités en travaillant avec d’autres partenaires de qualité», a-t-elle dit.

D’autre part, en collaboration avec la RRA  l’université de Maurice travaille actuellement sur la Geographic Indication du limon local, qui comprend plusieurs types, car il est important de connaître la “carte d’identité” de ce produit. « Pou ki demin okenn lantrepriz pa servi enn lot limon apre vinn dir sa limon Rodrig », confie-t-elle.

Franchette Gaspard Pierre Louis tirant à boulets rouges sur l’ancienne présidente de la République, se dit confiante que le projet se matérialisera dans l’intérêt des planteurs de Rodrigues même si cette affaire aura vraisemblablement un petit parfum quelconque quant aux dessous de sa confection…

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