Saint-Brandon : neuf pêcheurs débarqués et sans nouvelles de leur emploi

– Opérant pour le compte de Raphaël Fishing/Reel Fresh Ltd, ils sont rentrés à Maurice le 10 mai et attendent toujours d’être rappelés

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Neuf pêcheurs qui travaillaient à Saint-Brandon ont été rapatriés à Maurice depuis le début du mois. Dans l’attente d’être rappelés par la compagnie Raphaël Fishing Company Ltd/Reel Fresh Ltd, ils sont sans emploi et sans ressources. Le Syndicat des Pêcheurs a alerté le ministère de la Pêche de la situation. Une réunion tripartite est sollicitée afin de trouver une solution dans cette affaire.

Certains pêcheurs disent avoir travaillé pour la société Raphaël Fishing depuis plus de 20 ans. La compagnie, qui a changé de direction entre-temps, a été restructurée en trois entités : Raphaël Fishing Company Ltd, Reel Fresh Ltd et Raphaël St Brandon Sports Fishing Ltd. Les activités sont la pêche à vocation commerciale et touristique (catch and release). Selon le site Web de la compagnie, 40 Mauriciens sont engagés pour travailler sur les 13 îlots de Saint-Brandon, la majorité étant des pêcheurs. Raphaël Fishing détient également un bail permanent sur l’archipel.

Un des pêcheurs débarqués explique que la vie dans les îles a bien changé depuis l’arrivée des touristes sud-africains. « Notre travail consiste à pêcher des poissons que la compagnie vend sur le marché mauricien. Mais depuis qu’on pratique la pêche à vocation touristique, le système a beaucoup changé. Il faut faire de la place pour les touristes. Surtout des Sud-Africains », dit-il.

La compagnie aurait un permis des autorités mauriciennes pour cette activité, deux fois l’an et d’une durée de trois mois chacune. « Pendant ces périodes de trois mois, il y a des bateaux de touristes qui arrivent à Saint-Brandon chaque huit jours. Ils ont alors les priorités. Nous ne devons pas les déranger », ajoute-t-on.

Que s’est-il passé exactement pour que la totalité des pêcheurs présents dans l’île à cette période soit renvoyée à Maurice ? Les pêcheurs ne cachent pas qu’il y a eu un litige sur de nouveaux appâts qu’ils sont réticents à utiliser. « On nous a empêchés d’attraper les petits poissons qui nous servaient d’appâts jusqu’ici. » Ils se demandent ainsi si ceux-ci ont été réservés à l’activité touristique.

Débarqués depuis le 10 mai dernier, les neuf pêcheurs sont sans nouvelles de Raphaël Fishing/Reel Fresh Ltd. Entre-temps, ils sont sans emploi et sans ressources. « Il y a deux pêcheurs qui sont arrivés dans les îles la veille de notre départ. Nous ne savons pas ce qu’ils y font exactement.»

Ce qui demeure complexe, c’est leur statut auprès de la compagnie. Les pêcheurs affirment travailler depuis de nombreuses années, mais ne sont pas employés. Ils n’ont pas de contrat non plus. « Auparavant, on avait un contrat, mais ce n’est plus le cas depuis que la direction a changé. On nous paye selon la quantité de poissons que nous pêchons, soit Rs 30 le kilo », indiquent-ils.

En détresse, avec des dettes, des familles à nourrir et des enfants qui doivent aller à l’école, ces derniers se sont tournés vers le Syndicat des Pêcheurs pour essayer de voir plus clair dans cette situation. Sollicité à ce sujet, Judex Rampaul, secrétaire du syndicat, a indiqué qu’il est malheureux que des pêcheurs se retrouvent dans cette situation. « Ces pêcheurs sont en train de travailler pour notre sécurité alimentaire. C’est triste qu’ils se retrouvent dans une telle galère, sans même un contrat de travail », s’indigne-t-il.

Le Syndicat des Pêcheurs a sollicité une rencontre avec la direction de Raphaël Fishing/Reel Fresh Ltd, pour faire le point sur la situation de ces pêcheurs. Une lettre a été également adressée au Senior Chief Executive du ministère de la Pêche pour une réunion tripartite.

La lettre précise l’urgence de cette rencontre en ces termes: « to date, the company has not provided any explanation for the layoffs of these fishermen. The situation is particularly alarming because it directly affects the livelyhoods of fishermen and their families. »

Le Mauricien a sollicité la direction de Raphaël Fishing/Reel Fresh Ltd pour sa version des faits.

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