Saison hippique 2024 : Ce sera sans le MTC !

«La COIREC nous a aussi fait comprendre dans une lettre cette année que PTP avait déjà eu le bail pour l’ensemble du Champ de Mars» déclare le président du MTC Gavin Glover

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Gavin Glover a tenu à préciser qu’il  n’est pas question « de se soumettre aux diktats de notre concurrent qui, lui, semble avoir les coudées franches avec les autorités. Nous demandons un vrai level playing field. Si les autorités veulent de PTP, très bien. Qu’elles s’en contentent, mais sans nous.… »

Après avoir échangé plusieurs correspondances depuis novembre 2023 avec la Gambling Regulatory Authority (GRA) et la Côte d’Or International Racecourse and Entertainment Complexe Limited (COIREC), le Mauritius Turf Club (MTC) a jeté l’éponge. Et lui et sa filiale, le MTC Jockey Club, ont été traités comme des moins que rien, car la GRA et la COIREC se sont renvoyé la balle tout en cherchant toutes sortes de subterfuges pour faire comprendre au MTC et au MTCJC qu’ « ils n’avaient pas le droit d’utiliser les pistes et autres aménités dans l’enceinte de la plaine et que, de ce fait, ils ne pouvaient espérer une licence de Horse Racing Organiser. » C’est ce que nous a déclaré le président Gavin Glover dans un entretien exclusif accordé à Week-End hier après-midi.
Tout ce cinéma démontre que la COIREC ainsi que la GRA ne sont pas des organismes indépendants censés travailler dans l’intérêt du sport hippique mais le font dans l’intérêt de l’organisateur PTP. Du reste, Gavin Glover a tenu à préciser : « La COIREC est une émanation du PMO et du
ministère des Terres, et tous les directeurs de cette compagnie privée sont des public officers ayant des devoirs envers nous, les citoyens. Pourtant, c’est une compagnie de services publics et nous nous attendions à recevoir le même traitement que d’autres. »
Cette fois, le MTC a tout fait dans la transparence pour démontrer sa bonne foi, croyant même fermement qu’il avait une très bonne chance de faire son retour. Tout avait été travaillé de façon professionnelle et soumis à la COIREC. « Lorsque nous avons envoyé nos premières correspondances à la COIREC et la Horse Racing Division (HRD) en novembre dernier, nous avions aussi envoyé un plan financier basé sur 36 journées de courses pour 2024. La COIREC nous a répondu que 36 journées équivaudraient à nous donner l’exclusivité et que nous n’aurions pas d’exclusivité. Nous avons alors répondu que nous étions disposés à ne pas avoir l’exclusivité, mais que nous voulions avoir la visibilité nécessaire sur le nombre de journées et les conditions de la location. La COIREC a refusé de nous donner ces informations tout en insistant que sans des prévisions financières, la COIREC ne pouvait se pencher sur notre demande. C’est dément, non ? » commente Gavin Glover.
À vrai dire, la COIREC n’a jamais statué sur la demande du MTC. C’est du moins ce que nous a fait comprendre le président Gavin Glover : « Elle a refusé de considérer notre demande parce que nous n’avions pas soumis nos prévisions budgétaires alors que nous ne savions rien des conditions attachées au bail et du nombre de journées ! La COIREC nous a aussi fait comprendre dans une lettre cette année que PTP avait déjà eu le bail pour l’ensemble du Champ de Mars, car elle aurait demandé le renouvellement de son bail en temps voulu. Nous ne savons pas si PTP a elle fourni ses financial forecasts pour 2024, et ce, basé sur combien de journées ni même si elle a fourni ses chiffres de 2023 au moment du renouvellement, car son CEO a déclaré publiquement en décembre dernier que ses comptes n’étaient pas prêts. »
Face aux tergiversations de la COIREC, le MTC et la MTCJC n’ont pas voulu prendre le moindre risque et ont fini par tout abandonner, explique Gavin Glover : « La dernière missive de COIREC ne nous dit pas le nombre de journées que nous aurons mais nous fait comprendre que le Champ de Mars n’accueillera que 30 journées. Nous en déduisons, si nous partons à chances égales, permettez-moi au moins de penser que cela puisse se passer ainsi, que nous n’obtiendrons que 15 journées, ce qui est très largement insuffisant pour permettre à notre compagnie de ne pas faire des pertes considérables. Nous en avons fait l’expérience une fois, ça suffit. »

Que 15 journées : un suicide financier

Le MTC a déjà répondu à la COIREC pour lui dire que sa proposition de 15 journées était inacceptable : « Financièrement, c’est du suicide, et puis on ne va pas faire les courses avec Rs 18 000 de stakes par course. En intersaison, un cheval coûte près de Rs 50 000 par mois à un propriétaire. Le gambling devient alors une nécessité. On ne va pas s’enliser davantage pour organiser les courses alors que la seule compagnie qui fait du fixed odd par télécommunications ne nous paie pas nos redevances, sous prétexte que nous avions éte payés en plus en 2021. Chose que nous réfutons. Non, aussi parce que nous refusons d’être sous la coupe de notre concurrent direct au vu de ce qui s’est passé en 2022, 2023 et cette année-ci avec la piste qui est labourée de part et d’autre en février et un locataire qui demande aux autoécoles de payer une redevance somme toute illégale. »
Lors de cet entretien, Gavin Glover a tenu à préciser à plusieurs occasions qu’il n’est pas question « de se soumettre aux diktats de notre concurrent qui, lui, semble avoir les coudées franches avec les autorités. Nous demandons un vrai level playing field. Si les autorités veulent de PTP, très bien. Qu’elles s’en contentent, mais sans nous. On verra bien ce que le public en pense… »
Pourtant, le MTC était bien parti, ayant travaillé ses chiffres et ayant pris l’engagement d’offrir des dotations intéressantes, en tout cas nettement supérieures à celles offertes par PTP, souligne Gavin Glover : « Nous avions prévu des stakes money bien au-dessus de ce qui se pratique aujourd’hui. Il n’est un secret pour personne que des stakes ridicules affectent l’intégrité des courses. Et si l’intégrité des courses est atteinte, c’est le public parieur qui en souffre et l’image des courses qui prend un coup. Je n’invente rien en disant cela. D’ailleurs, vous n’avez qu’à voir les chiffres de 2023 pour vous en rendre compte. Le recul dans le betting est de plus de 30% sur 2022. »
À une question de Week-End qui voulait savoir si la course n’était pas perdue d’avance, d’autant que et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et son Senior Advisor Dev Beekharry n’ont jamais caché leur animosité envers le MTC, Gavin Glover a répondu : « Oui, c’est peut-être le cas. Mais nous avons tenté le pari de garder le MTC vivant avec en ligne de mire la saison 2024. Maintenant, nous regardons vers 2025 en espérant que les choses changent et que le level playing field, promis par le gouvernement de Pravind Jugnauth se concrétise, d’une manière ou d’une autre. »
Il est important de dire qu’avant même que les négociations progressent, la COIREC avait déjà donné l’exclusivité du Champ de Mars à PTP, ce qui a surpris le MTC, comme le fait ressortir son président : « Je suis d’avis que la COIREC avait le devoir de faire un appel d’offres avec des conditions bien précises pour démontrer son impartialité et favoriser ce level playing field dont on entend parler, mais on n’en voit aucun exemple en ce qui nous concerne. Elle ne l’a pas fait. La question est : pourquoi ? Il y a une opacité qui me dérange et qui doit déranger tout le public mauricien, turfiste ou non-turfiste. »
Garder espoir
pour 2025
Nombreux sont ceux qui pensent que si le MTC n’a pu faire son come-back en 2024, il lui sera difficile de revenir en 2025. Or, Gavin Glover n’est pas de cet avis, et il s’explique : « Déjà, cette année, nous avions enclenché des négociations avec un important partenaire étranger. En plus, nos partenaires locaux nous ont fait comprendre que nous pouvions compter sur eux aussi. Donc, nous gardons espoir et nous sommes confiants que le MTC n’est pas tout à fait hors course. »
En attendant, le MTC essaiera de survivre. « Les employés du MTC sont traités comme il se doit, et nous faisons tout pour qu’ils gardent tous leur emploi avec l’appui indéfectible des membres. Nous avons une équipe d’administrateurs des plus compétentes, qui se dévoue pour épauler les employés. D’ailleurs, permettez que j’utilise vos colonnes pour dire publiquement un grand merci aux employés, aux administrateurs du MTC et aux directeurs du MTCJC pour leur dévouement à la cause du sport hippique. »
Tout comme de nombreux Mauriciens, Gavin Glover s’est dit choqué par l’état de l’hippodrome du Champ de Mars. C’est, dit-il, un désastre environnemental. « Les Portlouisiens doivent avoir mal au cœur de voir l’état déplorable et insalubre des aménités qui, en d’autres temps, faisaient la fierté de la Cité et de ses habitants. En ce qui concerne la piste, je me demande si elle est digne d’accueillir des courses de chevaux cette année. Les derniers travaux effectués par PTP, nous supposons avec l’aval de COIREC, me font peur et devraient aussi faire peur aux autorités, car un malheur, que l’on ne souhaite pas évidemment, peut surgir à n’importe quel moment. »
Autre fait qui a choqué le président du MTC, c’est l’assurance des jockeys et apprentis. À ce jour, aucune police d’assurance n’a été délivrée aux cavaliers mauriciens, ce qui est contraire à la loi. Gavin Glover explique : « Ces assurances coûtent une petite fortune. Quand le MTC était aux commandes, ces assurances étaient une condition sine qua non pour l’obtention de notre licence, et en plus, nous avions l’intérêt des riders à cœur. Maintenant, il semblerait qu’une simple lettre suffit, mais pas tous les riders ont eu le Graal. Pourquoi cette discrimination ? Je suis sidéré par tant de légèreté. C’est ça, apparemment, le level playing field promis. »
Et le mot de la fin ? Gavin Glover réfléchit avant
d’enchaîner avec des mots bien pesés : « La patience est une grande vertu, surtout quand vous êtes sûr que la vérité triomphera. Restons forts dans l’adversité, car l’espoir de jours meilleurs est là. »

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