Sandy Pachetty, 35 ans, atteinte d’une tumeur cervicale : « L’hôpital n’a pas le droit de me priver d’explications ! »

 Une opération lui est proposée quatre ans après son diagnostic. Elle refuse et déplore ne pas avoir été suffisamment informée pour consentir à une procédure qu’elle juge lourde

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Immobilisée par une tumeur cervicale, entraînant des douleurs chroniques et une perte d’autonomie significative, Sandy Pachetty, 35 ans, se bat contre la douleur et l’impuissance. Ancienne enseignante et mère active, elle vit désormais au rythme des médicaments, seule échappatoire temporaire à une souffrance constante. Sa maladie a été diagnostiquée il y a quatre ans à l’hôpital Jeetoo. Référée au centre orthopédique de l’hôpital Victoria, elle s’y rend à chaque rendez-vous, sans toutefois, dit-elle, être informée de l’évolution de sa condition — jusqu’au jour où le personnel assistant son médecin traitant lui aurait annoncé qu’elle devait subir une intervention chirurgicale. Sandy Pachetty n’est pas opposée à une opération susceptible de restaurer sa santé et de lui permettre de retrouver une vie normale. Toutefois, elle a décliné toute intervention. La raison, insiste-t-elle, est qu’aucune explication ne lui a été fournie sur l’opération, quant aux risques, aux bénéfices attendus ni au protocole post-opératoire. Elle affirme ne pas avoir été suffisamment informée pour consentir en toute connaissance de cause à une procédure qu’elle juge lourde. Elle dénonce le silence de l’hôpital et lance un appel pour le droit fondamental du patient à un consentement éclairé. Sandy Pachetty voudrait être prise en charge à l’hôpital à Maurice pour rester aux côtés des siens. Aujourd’hui, ses proches remuent ciel et terre pour la faire soigner à l’étranger. Une démarche financière difficile pour les Pachetty.

« J’ai besoin de comprendre ce que j’ai au final ! L’hôpital n’a pas le droit de me priver d’explications. Je voudrais être soignée ici. Mercredi dernier, je souffrais tellement que je me suis rendue à l’hôpital Victoria, j’y suis restée des heures, ils ne retrouvaient pas mon dossier. On m’a envoyée à l’hôpital Jeetoo… pour finir avec des médicaments lourds », raconte Sandy Pachetty. « L’hôpital doit m’informer clairement sur mon diagnostic et les raisons de l’intervention chirurgicale qu’il m’a proposé. On ne peut pas me dire uniquement : Madam ou pou bizin opere sans me donner plus de détail quand je pose des questions », dit Sandy Pachetty en trouvant la force pour exprimer sa frustration.

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Déçue et désorientée, la jeune femme lance un appel. « C’est la moindre des choses qu’un médecin dise à un patient ce qu’il a. On ne peut pas continuer à me donner des médicaments pour calmer mes douleurs sans m’informer où j’en suis, pourquoi je vais de plus en plus mal », poursuit la jeune femme. Sandy Pachetty, s’indigne : « Durant les quelques fois où je me rendais à l’hôpital de Candos, je n’ai rencontré le médecin traitant que deux fois. Les autres fois, c’étaient, je pense, ses assistants qui me recevaient en rendez-vous. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui m’a annoncé que j’allais devoir subir une opération, mais sans être en mesure de m’expliquer davantage. Ce qui est insensé ! »

« La même question pendant 2 ans : Eski ou al twalet bien ? »

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Sandy Pachetty précise qu’elle aurait insisté pour obtenir davantage d’informations sur son état de santé et sur la nature de l’intervention chirurgicale prévue pour elle. Mais en vain, assure-t-elle. En revanche, ajoute-t-elle, son interlocuteur n’aurait eu pour seule réaction qu’une question : « Il m’a demandé : Madam, mo pe poz ou kestion, eski ou pou opere ? » Sandy Pachetty aurait alors refusé de se faire opérer. « Je suis restée sur mes positions. Mo pa pou al lor latab loperasion san kone ki pou opere ar mwa. J’ai dû signer un document pour signifier mon refus », explique-t-elle. Depuis, c’est au dispensaire de sa région qu’elle doit récupérer les médicaments qui lui sont prescrits par l’hôpital.

« Pendant deux ans, à l’hôpital, on m’a posé la même question : Eski ou al twalet bien ? Samem zot trouv pou dir mwa ! », raconte Sandy Pachetty, allongée sur le canapé du salon de sa mère, Daniella Botte. La jeune femme a été transportée chez cette dernière afin de ne pas rester sans surveillance lorsque son mari part travailler. Anna Faith, sa fille unique, n’a que 10 ans. « Je suis un pilier pour ma fille. Elle compte sur moi pour presque tout, surtout dans ses activités : elle est gymnaste et pratique le ballet. Je l’accompagne dans son parcours. Depuis que je ne suis plus indépendante, Anna Faith est bouleversée. Cela a eu un impact sur ses répétitions. Je me culpabilise, car je la prive de sa passion », se désole Sandy Pachetty.

« Mon corps ne réagissait plus »

Il y a quelques années, alors qu’elle ressentait déjà de violentes douleurs et rencontrait des difficultés à marcher, elle avait tout de même accompagné sa fille en Thaïlande pour un championnat de gymnastique. Pour pouvoir rester à ses côtés, Sandy Pachetty avait pris de puissants antidouleurs. C’est au cours de cette même année qu’on lui a diagnostiqué une tumeur cervicale. « Je ressentais une raideur au niveau des reins en marchant. Cela m’avait inquiétée. Je me suis rendue au dispensaire, où l’on m’a dit que c’était dû à un nerf coincé. J’ai reçu des anti-inflammatoires, mais ils n’ont eu aucun effet. Un soir, je ne pouvais plus bouger. Mon corps ne réagissait plus. J’étais complètement tétanisée. J’ai alors consulté en privé, et on m’a répété la même chose qu’au dispensaire : un nerf coincé », raconte la jeune femme.

C’est à l’hôpital Jeetoo qu’elle obtiendra une réponse plus précise, qui viendra, dit-elle, expliquer son état : « Après des examens, dont un scanner et une IRM, les médecins ont découvert une tumeur dans la région cervicale. L’hôpital m’a ensuite orientée vers le service orthopédique de Candos pour un traitement plus approfondi », confie Sandy Pachetty.

« J’étais une personne active »

Pendant près de deux ans, Sandy Pachetty confie qu’elle se rendra régulièrement à ses rendez-vous à l’hôpital Victoria et en sortir avec des calmants et des vitamines. « Mo dir zot mo res bloke, mo gagn vertiz », dit-elle. Mais selon elle, ses interlocuteurs n’auraient pas été réceptifs à ses paroles. « L’hôpital m’a envoyée à Brown-Séquard pour une évaluation psychiatrique. Le psychiatre m’a prescrit des antidépresseurs », raconte-t-elle. « On me disait que j’étais anxieuse. Qui ne l’aurait pas été à ma place ? Vous insistez auprès du personnel soignant pour faire entendre votre douleur et au lieu de vous donner une réponse à vos questions, on vous prescrit des antidépresseurs. N’importe qui à ma place aurait stressé ! On m’a même envoyé le psychologue. Ce qui était par contre plus confortant, car lui, au moins, avait vu que je n’avais pas de problème psychiatrique ! » relate Sandy Pachetty. « Cependant, je ne comprends toujours pas pourquoi, pendant ces deux ans, l’hôpital Victoria ne m’a jamais présenté un diagnostic complet et informée de mon état tel qu’il est », répète la mère de famille.

Entre-temps, la capacité motrice de Sandy Pachetty se détériore. Peu importe où elle se trouve, elle peut être submergée par une douleur violente et insoutenable, au point de ne plus pouvoir poursuivre ses activités, voire marcher dans la rue. « J’étais une personne active. Je chante à l’église, je danse, je ne tiens jamais en place… D’ailleurs, mon entourage me surnomme bwat tapaz », confie-t-elle en souriant. Mais son récit est brusquement interrompu par une douleur aiguë. Les lèvres crispées, les yeux fermés pour reprendre son souffle, elle appelle sa mère afin qu’elle lui apporte un coussin qu’elle tente de placer sous son dos. En vain. Seul un puissant antidouleur parvient à la soulager — ou plutôt à l’assommer —, lui offrant ainsi quelques instants de répit.

« Quand je me sens légèrement mieux, je fais quelques pas. J’essaie de faire des choses qui me donnent l’impression d’être encore utile, comme me pencher pour ranger une paire de savates qui traînent. Pour moi, c’est déjà énorme », dit-elle. Celle qui était enseignante dans le préscolaire a été contrainte de quitter son emploi.

Des pompiers à la rescousse

Le 3 mai dernier, Sandy Pachetty a connu un autre moment de panique aussi intense que les précédents. Un médecin privé a été appelé en urgence. « Je suis tellement traumatisée par les hôpitaux, par les cas orthopédiques que les opérations n’ont pas pu rétablir, mais empiré, que je n’ai pas souhaité qu’on me transporte à l’hôpital », explique-t-elle. Le médecin privé lui a administré un calmant. Mais Sandy Pachetty sait que les calmants ne la guériront pas. Il y quelque temps, elle a failli vivre le pire. Elle était chez elle à ce moment-là, raconte-t-elle. En quittant son lit pour se rendre aux toilettes, elle perd l’équilibre et se retrouver par terre.

« J’étais prise de tremblement, j’avais le vertige. Plus je respirais, plus je tremblais. Je devenais raide. Je ne voulais pas que ma fille me voie dans cet état. J’étais au plus mal », raconte cette dernière la gorge nouée, encore émue. Le SAMU s’est rendu chez elle. « Mon rythme cardiaque avait atteint 170 bpm (ndlr : battements par minute) et je n’étais pas en mesure de réagir, de bouger… Le personnel ambulancier a dû faire appel aux pompiers pour me sortir de la maison », explique Sandy Pachetty. À l’hôpital, avance-t-elle, elle a été prise de quatre crises. Durant son hospitalisation, elle a été vue dit-elle par un psychiatre.

Sandy Pachetty passe ses journées allongée. Elle ne se lève que lorsque les médicaments ont réussi à neutraliser ses douleurs et qu’elle ne se sent plus étourdie. « Je ne pourrai pas rester dans cette situation encore longtemps. J’essaie de tenir le coup, de garder le moral, même si c’est très difficile », confie la jeune mère. Il y a quelques jours, elle a sollicité l’aide d’une association qui soutient les malades en détresse et les aide à financer leur prise en charge médicale en Inde. Pour Sandy Pachetty, ce soutien représente son dernier espoir. « Ayant signifié mon refus de me faire opérée à l’hôpital, je ne suis pas certaine que la Santé me propose de revoir mon dossier. Je dois explorer d’autres options », indique-t-elle. Se battant pour elle, ses proches tentent de recueillir des fonds pour qu’elle trouve sa guérison.

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