Sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées : « Les jeunes ont leur part dans ce combat »

L’Ong Dis-Moi a procédé à une remise de prix pour son son concours de dissertation, ayant pour thème la maltraitance des personnes âgée à Maurice. Cela a aussi été l’occasion pour différents intervenants d’exprimer leurs points de vue sur la problématique de maltraitance des personnes âgées à Maurice. C’était dans le cadre de la Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées, qui a été observée le jeudi 15 juin à travers le monde. Ce concours était ouvert à tous les Mauriciens de 18 à 35 ans, dont la thématique était la maltraitance des personnes âgées à Maurice.

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La Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées avait été décrétée par les Nations unies, pour qui la maltraitance des aînés est une question de santé publique et de droits de la personne. Cette journée est observée à travers le monde depuis 2006.

Me Satyajit Boolell, ex-DPP, et président honoraire de Dis-Moi, a fait ressortir dans son intervention que « devenir vieux est un rite de passage qui nous concerne tous ». Selon lui, « faire preuve d’attention aux personnes âgées doit faire partie de nos valeurs en tant que société ». Il a aussi mis l’accent sur l’importance de sensibiliser les jeunes sur la vulnérabilité des personnes âgées. Il a salué le combat de Dis-Moi « qui est l’une des rares Ong à se manifester en ce qui concerne la maltraitance des personnes âgées ».

La représentante du ministère de la Sécurité sociale a fait état de l’Elderly Protection Unit de ce ministère, qui s’occupe des plaintes de maltraitance envers les personnes âgées. Cette unité rend visites aux familles où il y a un problème de maltraitance envers une personne âgée, et elle essaie d’adopter une approche conciliatoire dans un premier temps. Elle effectue aussi des campagnes de sensibilisation. Elle veille aussi à ce que les maisons de retraite soient conformes à la Residential Care Home Act 2003 et d’autres lois.

La mairesse de Beau-Bassin/Rose-Hill, Rajinee Mootoocaroopen, a, pour sa part, condamné la discrimination contre les personnes âgées sous toutes ces formes. « Les familles doivent inclure le respect envers les aînés comme une valeur fondamentale », a-t-elle soutenu.
Me Bhavish Budhoo, avocat et directeur de Dis-Moi, a fait ressortir plusieurs points saillants dans son discours. Il a expliqué que Maurice a une population vieillissante, et que la problématique de la maltraitance des personnes âgées doit être prise en considération. Il a souligné que durant la période de confinement, « le nombre de cas de maltraitance envers les personnes âgées a quasiment doublé ».

L’avocat a souligné que les femmes âgées sont plus susceptibles d’être l’objet de maltraitance. Il a aussi fait état que beaucoup de cas de maltraitance ne sont pas rapportés, vu que des nombreux proches sont impliqués. « Or, c’est justement là que le bât blesse : les personnes âgées dépendent du soutien de leurs proches et sont ainsi dans une position de vulnérabilité par rapport à ces derniers. Chaque cas qui est rapporté est un cas en moins », a-t-il affirmé.

Me Budhoo a expliqué que les personnes âgées peuvent être victimes de plusieurs types d’abus, dont les abus physiques, les abus dits financiers ou encore les négligences en tous genres. Il a aussi fait ressortir que la drogue, notamment la drogue synthétique, a aussi sa part de responsabilité dans la maltraitance des personnes âgées. « Ainsi, il y a de jeunes toxicomanes qui agressent leurs parents et leurs grands-parents pour avoir de l’argent pour pouvoir se procurer de la drogue. » Une des solutions qu’il a préconisée, utilisée notamment au Canada, concerne le port d’un bracelet où une vieille personne peut alerter les autorités en cas d’abus. Pour conclure, il a affiché sa satisfaction que les jeunes soient intéressés à cette problématique. « Nous récolterons ce que nous semons. Nous subirons le même traitement que nous faisons subir aux vieux », a-t-il dit.

Pour Roshan Rajroop, président de Dis-Moi, « les personnes âgées recherchent seulement un regard d’amour, ce qui va bien au-delà du respect que l’on doit témoigner aux aînés ». Il a dénoncé les situations où les personnes âgées doivent attendre trop longtemps dans les files d’attente et a demandé « l’institution de files d’attente séparées pour ces dernières ».

Gava Naraidoo, membre de la Global Alliance for the Rights of Older Persons, et qui a fait partie du jury décernant le prix pour le concours de dissertation, a fait ressortir que plusieurs ONG sont en train de réclamer auprès des Nations unies l’instauration d’une Convention internationale sur les Droits des personnes âgées. Il a aussi fait ressortir que Maurice est signataire du protocole de l’Union africaine portant sur la protection des personnes âgées « mais n’a pas encore intégré ce protocole dans ses lois ».

Jugdish Rupear, ancien recteur et enseignant en anglais, également membre du jury décernant le prix pour le concours, a demandé l’autonomisation des personnes âgées. Il pense que les écoles doivent inculquer à leurs élèves le respect dû aux personnes âgées. Il a salué « l’importance des lanceurs d’alerte dans la protection des personnes âgées ».

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Shayne Sinnassamy, étudiant à l’université de Maurice, remporte le premier prix

C’est Shayne Sinnassamy, étudiant en sciences politiques à l’université de Maurice, qui a remporté le premier prix, de Rs 10 000. Il avait intitulé sa rédaction « Moving from awareness to action through a human-rights based approach », où il avait disserté sur les types d’abus subis par les personnes âgées et sur le fait que certaines personnes âgées souffraient de plusieurs types d’abus. « Une prise de conscience est importante vu qu’elle permet de démolir les stéréotypes et les mythes entourant la maltraitance des personnes âgées. Mais une prise de conscience à elle seule ne suffit pas et ne garantit pas d’action », a-t-il dit lors de son allocution de remerciements.
Ashfaq Beeharry a remporté le deuxième prix, de Rs 7 000, tandis que le troisième prix, de Rs 3 000, a été décerné à Mohamed Emrith.

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