SENSIBILISATION—COLLECTIF DES ONG: Campagne pour respecter les “sex workers”

La campagne « Parapluie Rouge », militant pour le respect des droits des travailleuses du sexe, reprend ses droits. Un forum-débat, ouvert à tous les acteurs sociaux et politiques, ponctuera la semaine prochaine. D’autre part, une marche sera organisée le 17 décembre dans les rues de Port-Louis pour sensibiliser les Mauriciens à la question du respect des droits des travailleuses du sexe. Entretemps, plusieurs ONG, dont PILS, CUT et Lakaz A, se sont regroupées pour prêter main forte au centre La Chrysalide dans cette initiative.
Selon l’un des derniers exercices de l’IBBS, un rapport régulier mené par les services du ministère de la Santé, 9 125 Mauriciennes sont concernées par le travail du sexe. Marlène Ladine, directrice de La Chrysalide, unique structure existante à Maurice et qui accueille les femmes victimes d’alcool, de drogues et du commerce sexuel, va plus loin : « Nous pensons que ce chiffre est peut-être plus élevé… Mais la grande question demeure : que faisons-nous en amont pour encadrer et aider ces femmes à sortir de ce fléau ? »
Soutenue par Natalie Rose, coordinatrice de CUT (Collectif Urgence Toxida) et Dhiren Moher, Community Liaison Officer, de PILS, Marlène Ladine rappelle que « ces dernières années, le profil de la travailleuse du sexe a changé ». Se rapportant toujours à l’étude du ministère de la Santé, ces travailleurs sociaux soulignent que « désormais, outre les filles que l’on retrouve dans les rues, dans nos villes, plus particulièrement, ce sont aussi au niveau des salons de massages, qui poussent comme des champignons, que se fait le commerce sexuel… » Il s’agit surtout, notent nos interlocuteurs, « de salons de massages non-répertoriés officiellement et qui ne se déclinent pas d’affiliations avec des représentants et marques reconnus internationalement ».
Ces ONG ont souhaité unir leurs forces et leur savoir-faire dans le but, dans un premier temps, de soutenir la campagne pour le respect des droits des travailleuses du sexe qui démarre cette semaine. Un premier événement, notamment un forum-débat, se tiendra ce mercredi 27 pour donner le coup d’envoi des activités (voir plus loin). « Ce n’est pas parce qu’elles vendent leurs corps que les travailleuses du sexe peuvent être traitées comme des moins que rien ! », ont relevé les intervenants lors d’une conférence de presse mercredi dans les locaux de Lakaz A. Natalie Rose et Dhiren Moher ont rappelé qu’« il s’agit d’êtres humains, de femmes, dont nous parlons là et rien ne justifie les traitements souvent barbares auxquelles elles sont soumises ».
Rappelant que « les travailleuses du sexe sont souvent exposées à des brutalités, parfois de la part de représentants de l’ordre, et parfois des clients, eux-mêmes », ces travailleurs sociaux ont soutenu qu’« il est grand temps que la société change de regard envers ces femmes ! » Marlène Ladine et Georgette Talary, également responsable de La Chrysalide, ont fait remarquer que « ces femmes sont des mères de familles ! Elles auraient pu être nos soeurs, nos mères, nos tantes, nos cousines… Ce n’est pas parce qu’elles pratiquent le plus vieux métier du monde que l’on peut se permettre de les traiter inhumainement ».
Natalie Rose précise que « la répression, seule, on le souligne, n’a jamais rien amené de concret. Il n’y a qu’à voir dans le domaine du trafic de drogue… Encore une fois, nous ne pensons pas qu’enfermer ces femmes en prison va améliorer les choses. Plutôt, il nous faut avancer vers un changement de mentalité ». Abondant dans le même sens, Dhiren Moher a souligné que « nous ne demandons pas à ce stade de légaliser le travail sexuel, alors que cela est déjà un acquis dans nombre de pays. À la place, nous faisons un appel aux autorités pour qu’elles nous aident dans ce processus et qu’on se dirige vers la dépénalisation et la décriminalisation du travail sexuel. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra réaliser quelque chose de positif ».
Dhiren Moher devait d’ailleurs citer en exemple « Jacob Zuma, en Afrique du Sud, qui a personnellement pris en main le dossier de discrimination envers les travailleuses du sexe, dans son pays ». Natalie Rose a rappelé également que « dans des pays comme l’Inde et le Kenya, qui sont proches de nous, les droits des travailleuses du sexe sont devenus une “issue” nationale. La société civile s’est massivement engagée, en descendant dans les rues et organisant des manifestations, pour soutenir ce mouvement ». Tous souhaitent que « Maurice suive le même exemple… »
« La ministre Martin ne communique pas »
Le coup d’envoi des activités marquant la campagne Parapluie Rouge cette année, sera un forum-débat. Il se tiendra ce mercredi 27 novembre au centre social Marie Reine de la Paix, à Port-Louis, de 15 h à 17 h. « Nous avons déjà eu des responses très enthousiastes et positifs de la part de plusieurs acteurs de la vie sociale et politique, dont le DPP, les services de la prison, la police, l’Equal Opportunity Commission », ont déclaré les travailleurs sociaux. Cependant, déplorent-ils, « nous n’avons à ce stade eu aucune communication de la part de la ministre Mireille Martin. Nous estimons que ce débat devrait être d’importance capitale pour le ministère de l’Égalité du genre, qu’elle occupe. Nous entretenons l’espoir que son ministère reviendra vers nous avant la tenue de l’activité et que nous pourrons bénéficier de son soutien et de sa participation ». Les travailleurs sociaux réunis pour la campagne Parapluie Rouge 2013 souhaitent que « ce forum-débat soit une plateforme ouverte pour que tous les acteurs concernés dans ce secteur puissent y faire entendre leurs voix et qu’on ait un réel échange concret et productif… »
Puis, le mardi 17 décembre, les rues de Port-Louis accueilleront la marche nationale en marge de la campagne. Elle démarrera du Champ de Mars aux alentours de 10 h pour arriver au Jardin de la Compagnie, endroit-symbole, vers midi. « Nous espérons que, cette année, au moins, nous ne nous retrouverons pas que nous-mêmes, travailleurs sociaux, engagés sur divers fronts sociaux, et quelques bénévoles qui, année après année, sont les mêmes ! », ont souhaité le collectif. Un appel a ainsi été lancé « au grand public pour se mobiliser sur ce sujet important et ayant trait au respect des droits des humains ».

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