SOCIÉTÉ: Rose Sautron, au nom des enfants

Les Mauriciens, c’est connu, ont le coeur sur la main. Mais ils sont peu nombreux à s’investir dans des oeuvres humanitaires internationales. Rose Sautron fait figure d’exemple. Entièrement dévouée à la cause des enfants nécessiteux, elle s’est rendue à deux reprises à Nairobi afin d’aider de jeunes orphelins issus des bidonvilles alentour.
Altruiste et passionnée, courageuse et obstinée. Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier Rose Sautron, dont la vie, depuis l’an dernier, s’est résolument orientée vers l’aide aux enfants défavorisés. Mais attention, car comme pour la fleur du même nom, mieux vaut ne pas trop se frotter à Rose au risque de s’y piquer. Son pire défaut ? Son franc-parler, “qui peut faire mal quelquefois”, dit-elle.
Mais Rose, c’est surtout un petit bout de femme hyperénergique. Une véritable pile électrique qui, malgré son âge (elle a 53 ans), se donne corps et âme aux valeurs auxquelles elle croit. Un tempérament qui l’aura d’ailleurs conduite à deux reprises au Kenya, et plus exactement à Kibera, un bidonville proche de Nairobi, l’un des plus grands d’Afrique. Avec une population avoisinant le million d’habitants, inutile de dire que la misère se rencontre à chaque coin de rue. Quant aux enfants, ils sont les premières victimes des fléaux sociaux, tels que la drogue, le VIH/sida ou encore la criminalité. D’où l’importance d’encadrer ces jeunes Kenyans, et ce dès le plus jeune âge. C’est exactement ce qu’essaie de faire Rose, tout comme d’autres volontaires d’ONG de ce coin perdu de Nairobi.
École/orphelinat
Là-bas, la quinquagénaire s’occupe de plusieurs dizaines d’enfants. Son rôle ? Les occuper et leur dispenser des cours, mais aussi leur offrir ce dont ils manquent le plus : l’amour ! “Il s’agit d’orphelins dont les parents, la plupart du temps, sont morts du sida. Les enfants traînaient dans les rues, étaient sans occupation. Ils ne pouvaient pas aller à l’école, car l’enseignement, au Kenya, est payant”, dit Rose. Aussi l’idée a-t-elle germé de créer des “écoles” gratuites, où les bases des principales matières seraient enseignées. Mais pas seulement, l’objectif étant aussi de dispenser aux jeunes des activités ludiques et sportives. Dès lors, les “écoles/orphelinats” se sont multipliées dans ce bidonville. Ne manquaient plus que des volontaires, dont Rose fait désormais partie.
Mais d’où vient l’idée de s’investir dans une pareille cause au Kenya ? Rose explique : “Au départ, j’étais attristée de connaître les problèmes de famine dans ce pays. J’ai fait des recherches sur internet. Je suis tombée sur l’ONG Links to Africa (www.linkstoafrica.com), qui m’a renseignée sur comment je pouvais être utile.”
Pour Rose, c’est le déclic. En peu de temps, la voilà embarquée sur un vol pour Nairobi. “C’était en 2011 et je logeais dans une famille kenyane, qui m’a accueillie comme si je faisais partie de la famille. Ils m’ont tout de suite mise à l’aise, malgré mes appréhensions.”
Solidarité
Rapidement, Rose s’est retrouvée face à des orphelins de différentes tranches d’âge. “Les plus jeunes avaient 3 ans, les plus âgés 17. Je devais les occuper, les faire dessiner, les conduire sur un terrain de foot… Mais le plus incroyable, c’est qu’à chaque moment libre, ils ne voulaient tous qu’une seule chose : se rendre à la bibliothèque de l’école.”
La quinquagénaire s’attache très vite aux enfants, et réciproquement. À tel point que le moment du départ se transforme en un moment déchirant. “C’était douloureux de quitter ces enfants. Du coup, alors que je pensais au départ faire du volontariat dans différentes destinations, j’ai décidé de retourner au Kenya.” Rose est donc repartie à Kibera en juillet dernier. “C’était extraordinaire. Les enfants ne m’avaient pas oubliée. Ils ont tous couru vers moi quand ils m’ont vue arriver.”
Petits ou grands, les jeunes Kenyans cultivent des qualités qui tendent à se perdre dans notre pays, comme l’esprit d’entraide ou la politesse. “Ces enfants ont peu pour vivre, mais ils s’en contentent. Au repas, par exemple, c’est riz, haricots et maïs. Pas de viande, pas d’oeufs, pas de lait. Et pourtant, ils mangent avec appétit, conscients que d’autres, ailleurs, meurent de faim.” Idem pour la solidarité. “Pendant les cours, les enfants se partagent leur bout de crayon, se passent l’unique gomme de la classe, etc. Tout le monde coopère.”
Affection
Mais ce qui touche le plus la quinquagénaire, c’est le besoin d’affection des enfants. “Les petits viennent sur nos genoux; les autres demandent des câlins. Ils ont autant besoin d’amour qu’ils en ont à donner. Même les grands protègent les petits.”
C’est donc une nouvelle fois le coeur gros que Rose a dû quitter l’une de ces quelques petites écoles de ce bidonville kenyan, avec bien sûr l’espoir d’y retourner. Ce qui ne sera toutefois pas facile, car comme tous les volontaires, la quinquagénaire ne peut compter que sur elle-même pour couvrir ses frais. “Le billet coûte autour de Rs 75,000. Il faut ajouter une petite aide pour la famille d’accueil et, évidemment, l’achat de produits de nécessité, comme du matériel scolaire par exemple”, reprend Rose.
Mais cela ne la décourage pas; elle conserve même l’espoir d’attirer l’attention de sponsors. Qui plus est, elle espère également que d’autres Mauriciens la rejoindront dans son action. “Quand je suis arrivée au Kenya, on m’a dit que c’était la première fois qu’ils recevaient de l’aide d’une Mauricienne. J’aimerais que d’autres m’emboîtent le pas. Il y a tellement à faire. À leurs propres frais malheureusement, car l’on ne reçoit l’aide de personne à Maurice.”
Aussi, si le coeur vous en dit – ou si vous voulez simplement en savoir plus sur les manières d’aider les enfants de cette partie du Kenya – , n’hésitez pas à appeler Rose Sautron sur le 777-6460. Ne serait-ce que par l’intérêt que vous porterez à sa cause, elle vous en remerciera. En son nom, mais surtout… au nom des enfants !

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