Axel Hon Fat, qui vit à Camp Zoulou, Port-Louis, a décroché une bourse d’étude du prestigieux Berklee College of Music, États-Unis, en 2019. Mais la bourse ne couvre pas tous les frais du lauréat en musique. La même année, Stahn Latcheemoonah était classé deuxième en musique pour le HSC.
L’Atelier Mo’Zar à Roche-Bois ne couvre pas tous les frais. Ses responsables cherchent du financement à hauteur de 1,3 million pour aider Axel Hon Fat à aller au bout de ses études supérieures. Il devrait quitter Maurice vers la mi-septembre, soit dans un mois, pour se rendre aux États-Unis pour cinq semaines.
Selon Valérie Lemaire, directrice de l’Atelier Mo’zar, Axel Hon Fat avait obtenu une bourse de USD 8 000 du Berklee college of Music. « Une équipe de l’Atelier Mo’zar et moi-même sommes allés voir le ministre de la Culture pour solliciter une aide financière. Il nous a dit qu’il n’existe pas de fonds pour ce type de projet, qu’il va étudier toute la question et qu’il va reprendre contact avec nous. On attend toujours. Les frais augmentent en fonction des auditions qu’il aura là-bas. Normalement, il doit partir dans un mois, soit la mi-septembre, mais on fait face à un problème d’argent. Il avait déjà fait des dépôts de réservation pour sa résidence sur le campus et pour son inscription. Pour partir, il lui faut Rs 1,8 million. Il a déjà Rs 500 000. Il lui manque Rs 1,3 M. »
Ce qui correspond à l’achat obligatoire d’un Macbook Pro, de différents programmes de Berklee, de livres, de la couverture d’assurances, à un an de location pour le logement, aux dépenses pour les repas sur le campus et à un semestre de cours, dira Valérie Lemaire. « En tant que boursier, il obtiendra un job. En attendant, on espère qu’on pourra organiser une grosse levée de fonds à la fin de cette année avec un grand concert qui est prévu dans le cadre des 25 ans de l’Atelier Mo’zar. Mais tout va dépendre des conditions sanitaires. Axel, je dois le rappeler, est le premier élève de l’Atelier Mo’Zar qui va aller faire ses études supérieures au Berklee College of Music. Le ministre a dit qu’il n’y a aucun fonds pour ce type de projet. Et qu’il allait étudier la question et nous laisserait savoir. Axel Hon Fat attend toujours une réponse depuis », dira Valérie Lemaire.
D’où la raison pour laquelle, selon elle, José Thérèse, a toujours insisté pour ouvrir cet atelier. Il connaissait la souffrance des jeunes de cette localité. Il voulait lutter contre l’exclusion et fonder cet atelier en 1996. Il voulait que les jeunes de Roche-Bois puissent s’épanouir à travers la musique.
« Personnellement, j’en ai marre de cette discrimination à l’égard de ces jeunes qui doivent se battre encore pour se frayer un chemin malgré l’obtention d’une bourse. » La directrice de l’Atelier Mo’zar souhaite qu’on ne cultive plus d’image négative sur les jeunes de Roche-Bois. Car ils ont d’énormes potentiels. La preuve : l’Atelier Mo’zar est un vivier de talents qui produit des boursiers.
Axel Hon Fat s’est joint à l’Atelier Mo’zar à l’âge de dix ans grâce à son père. Il s’est essayé d’abord à la batterie avant de se découvrir une plus grande affinité avec le saxophone. Il a fréquenté le collège La Confiance à Beau-Bassin et n’a pas eu un parcours aisé dans cette institution secondaire. Il a, par la suite, rejoint le City College où il a eu la possibilité de choisir la musique comme matière. À force de persévérance, il a été classé premier en musique. « Vous savez, lorsque vous êtes classé premier en musique pour le HSC, il n’y a pas cette possibilité d’être lauréat comme pour d’autres matières. » Selon lui, la musique – tout comme l’art, les mathématiques, la littérature – aurait dû être reconnu comme un métier à Maurice.
Stahn Lutcheemoonah, lui, doit sa vocation musicale à son père, un passionné de jazz. Il a dû se déscolariser pour poursuivre ses études en privé et trouver la bonne combinaison pour la musique. Il trouve regrettable qu’un jeune ne puisse devenir lauréat car d’après le Mauritius Examinations Syndicate, il n’existe pas de bourse pour les lauréats. « Heureusement que l’Atelier Mo’zar nous a donné une plateforme pour nous exprimer et constitue un encadrement pour des élèves passionnés de musique », a-t-il ajouté.