Souillac : justice réclamée pour les patients sous dialyse décédés sous Covid

La Renal Disease Patients’ Association a organisé une marche à Souillac, samedi, en mémoire des patients sous dialyse décédés pendant la pandémie de Covid-19, en 2021. Les proches ont témoigné de leur souffrance devant le flou qui perdure sur les conditions de ce drame. Ils ont invité une nouvelle fois le ministère de la Santé à rendre public le rapport du Fact Finding Committee institué à cet effet.

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« Si nous sommes ici aujourd’hui, ce n’est pas pour voir notre photo dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Si nous sommes ici, c’est pour rechercher la vérité, pour dire notre souffrance trois ans après le décès de ces 11 personnes sous traitement de dialyse à l’hôpital de Souillac. » Kevin Hanzary, représentant de la famille Jeebun, exprime à lui seul la douleur des familles qui ont perdu un des leurs pendant la pandémie, en 2021.

Sarojini Ramsamy, Neman Jeebun, Sanjay Beedassy, Suren Surwon, Vel Lutchmanah, Chandankumar Subratty, Dharmanand Beesoo, Habib Unjore, Dookmanee Sab, Azad Romjhon et Avishna Jena suivaient des traitements de dialyse au New Souillac Hospital. Ils avaient été placés en quarantaine avec d’autres suite à une infection de l’unité de dialyse de l’hôpital. Ils ne sont jamais rentrés chez eux.

Leurs proches témoignent de la détresse de perdre des proches dans de telles conditions. Krishna Ramsamy, veuf de Sarojini Ramsamy, témoigne : « Mon épouse était sous traitement de dialyse depuis 16 ans. Elle n’a jamais eu aucun problème. Quand elle a quitté la maison, elle était en bonne santé. Comment a-t-elle perdu la vie ? Nous attendons toujours des réponses du ministère de la Santé. »

Les familles, encadrées par la Renal Disease Patients’ Association (RDPA), demandent au ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, de rendre public le rapport du Fact Finding Committee. « Nous avons fait venir les familles pour témoigner. Après le Fact Finding Committee, il y a eu le Medical Negligence Standing Committee, mais les deux rapports sont restés dans les tiroirs du ministère », déplore Bose Soonarane, président de la RDPA. Il plaide pour que la vérité éclate afin que les familles puissent faire leur deuil.

En hommage aux victimes, des fleurs ont été jetées à la mer à Souillac samedi. Krishna Ramsamy confie : « j’aurais aimé pouvoir déposer des fleurs sur la tombe de mon épouse, mais elle a été inhumée comme un animal, sans aucune dignité. Ce n’est pas facile de voir une personne qu’on aime, et qui plus est qui a quitté la maison en bonne santé, être traitée de la sorte. »

Plusieurs personnalités ont participé à la marche aux côtés des familles. L’ancien ministre de la Santé, Lormus Bundhoo, déclare : « il est totalement inacceptable que le centre de dialyse de Souillac connaisse des problèmes régulièrement. Pourquoi n’est-ce pas le cas dans d’autres centres de dialyse ? Au nom du PTr, nous réclamons un audit du service de dialyse de l’hôpital de Souillac par des experts. »

Il est d’avis qu’il faut évaluer si le personnel en place est qualifié et si les équipements sont appropriés, ainsi que les médicaments. « Étant donné qu’il s’agit d’un centre de dialyse, il est primordial d’avoir un néphrologue attaché à cet hôpital à plein temps. » Il a également pris l’engagement que le PTr rendra le rapport du Fact Finding Committee public.

Rajen Narsinghen, s’exprimant en tant que juriste, est d’avis qu’il y a potentiellement un cas de Gross Medical Negligence dans cette affaire. Il est d’avis que c’est le ministre de la Santé, qui doit rendre des comptes à ce sujet. « Il faut pouvoir tirer des leçons. On dépense beaucoup d’argent dans ce secteur. Comment se fait-il que des dialysés trouvent encore la mort à l’hôpital de Souillac ? Quatre personnes sont décédées récemment. Si le ministre avait un peu de conscience, il aurait dû démissionner », dit-il.

Bose Soonarane lève également un coin du voile sur un nouveau scandale potentiel à l’hôpital de Souillac. « L’hôpital avait reçu 250 doses d’érythropoïétine, communément appelé EPO. Que s’est-il passé avec ce médicament ? Comment a-t-il été conservé ? Qu’a-t-on fait avec ? Je laisse le soin au ministère de la Santé de répondre », fait-il ressortir.

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