Souveraineté Territoriale : Chagos : David Cameron face à un ultimatum expirant lundi

Alicia Kearns (Foreign Affairs Committee) : « Les Chagossiens devraient avoir le droit de rentrer dans leur patrie »

Le dossier de la souveraineté de Maurice et du droit de retour dans l’archipel des Chagos demeure d’actualité. Le Foreign Secretary, Lord David Cameron, qui a tenté de remettre en question de manière fondamentale l’engagement pris par deux anciens Premiers ministres, Liz Truss et Rishi Sunak, fait actuellement face à un ultimatum. Il a jusqu’à lundi pour se prononcer sur le retour des Chagossiens dans l’archipel.

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Ainsi, Alicia Kearns, présidente du Foreign Affairs Committee, instance parlementaire britannique, affirme être favorable à la réinstallation des Chagossiens. C’est ce qu’elle fait ressortir dans une correspondance formelle adressée au Foreign Secretary en date du 12 mars dernier. Ce développement fait suite aux délibérations de l’Overseas Territories Sub-Committee, qui avaient été organisées le 28 février. « Les Chagossiens devraient avoir le droit de rentrer dans leur patrie ancestrale, quel que soit le pays qui l’administre », maintient-elle de manière sans équivoque.

Alicia Kearns explique que le sous-comité des territoires d’outre-mer a récemment examiné la situation concernant le BIOT/îles Chagos. En plus d’avoir recueilli des témoignages verbaux, le sous-comité a également rencontré un certain nombre de communautés et d’individus chagossiens pour éclairer sa réflexion.

« Nous comprenons que les négociations concernant la souveraineté sont en cours et nous sommes pleinement favorables à une conclusion et à un résultat positif qui garantissent la poursuite de l’exploitation de la base de Diego Garcia, qui joue un rôle fondamental dans la sécurité mondiale. Mais quelle que soit l’issue de ces pourparlers, nous pensons que le gouvernement pourrait et devrait prendre un certain nombre de mesures immédiates pour répondre aux préoccupations des communautés chagossiennes au Royaume-Uni et à l’étranger », déclare Alicia Kearns.

Concernant l’engagement britannique auprès de la communauté chagossienne, Alicia Kearns considère que celui-ci est insuffisant et recommande de fait que le Foreign Commonwealth and Development Office (FCDO) mette en place un responsable permanent, qui se concentrera exclusivement sur l’engagement avec les communautés chagossiennes au Royaume-Uni. Il s’agit d’améliorer la communication et les relations, de combler ce qui est devenu un fossé trop important entre le gouvernement britannique et les communautés chagossiennes, et de veiller à ce que le programme de soutien chagossien soit correctement administré.

Aucun nouveau précédent

La présidence de cette instance parlementaire note par ailleurs que des rôles similaires ont déjà été créés au sein du FCDO pour s’engager auprès de la communauté somalienne au Royaume-Uni. Ce qui, selon elle, ne crée donc pas de nouveau précédent, mais reconnaît également la nature particulière de cette communauté et les obligations britanniques envers elle.

En ce qu’il s’agit de la réinstallation des Chagossiens, Alicia Kearns estime qu’il existe de solides arguments moraux en faveur de cette démarche. « Nous ne sommes toujours pas convaincus par les arguments du gouvernement selon lesquels une telle réinstallation n’est pas viable. Les Chagossiens devraient avoir le droit de rentrer dans leur patrie ancestrale, quel que soit le pays d’administration », fait-elle comprendre.
Elle ajoute qu’empêcher cela perpétue une injustice historique à l’encontre de leur peuple et souligne que c’est actuellement le gouvernement britannique, « et seulement le gouvernement britannique », qui s’oppose à ce que cela se produise.

« Nous n’avons pu établir aucune preuve d’objections de la part du gouvernement américain. Le gouvernement devrait immédiatement entamer le processus de préparation d’un programme pilote de réinstallation sur une île périphérique, en partenariat avec les gouvernements mauricien et américain et les groupes chagossiens, et avec la contribution de la communauté scientifique », concède-t-elle tout en encourageant de fait Londres à relancer les visites patrimoniales, qui ont été suspendues depuis la pandémie.
Cette instance parlementaire exhorte également le gouvernement à tenir des discussions avec le gouvernement des États-Unis sur la manière dont celui-ci a l’intention de contribuer au processus de réinstallation. « Nous pensons que les États-Unis devraient prendre des engagements financiers pour soutenir ce processus, compte tenu des avantages qu’ils tirent de la base de Diego Garcia et de leur rôle dans l’exploitation de la base »,poursuit-elle.

Soutien aux Chagossiens

Au chapitre du soutien aux Chagossiens, Alicia Kearns trouve inacceptable qu’une si petite partie du programme de soutien ait été dépensée à ce jour, alors qu’il y a clairement un besoin important. Conséquemment, elle formule plusieurs demandes, à commencer par des informations sur tout projet d’évaluation participative des besoins afin de planifier adéquatement les dépenses futures, y compris les projets à grande échelle. Ensuite, une explication de la possibilité ou non d’allouer des fonds du CSP pour soutenir les Chagossiens qui arrivent, de même que le pourcentage de projets soumis qui ont été approuvés.
Elle demande également le nombre de candidatures reçues pour soutenir les Chagossiens aux Seychelles et des informations sur ce que fait le FCDO pour faire connaître l’opportunité et soutenir les candidatures. Et de réclamer aussi une mise à jour des plans visant à poursuivre les initiatives prises à Maurice, telles que la formation en anglais du British Council et les bourses pour les étudiants, et finalement la planification des futures visites patrimoniales.

Alicia Kearns recommande finalement que les Chagossiens participent à la protection de l’environnement de la région. « Le gouvernement du Royaume-Uni a un rôle important à jouer pour s’assurer que leurs voix sont prises en compte de manière significative dans les discussions sur la protection future de cet habitat important », insiste-t-elle. Le Foreign Affairs Committee confirme attendre une réponse de David Cameron avant le 25 mars.

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