Success Story — Magen Chinatamby : De simple maraîcher à businessman à succès

À la tête de l’enseigne Votre Pôte Âgé avec son frère aîné Kanen, Magen Chinatamby peut s’enorgueillir d’avoir franchi bien des étapes. De simple maraîcher de foire, il est devenu fournisseur de légumes et de fruits dans les hôtels en septembre 1996, avant d’ouvrir l’enseigne Votre Pôte Âgé, à Vacoas, en 2010. Et récemment au 42 Market Street à Bagatelle. L’homme innove sans cesse. Pour avoir des étals de fruits et légumes bien achalandés, sans pesticide et visuellement apprécié, il n’y a pas de secret que de mettre du cœur à l’ouvrage.

- Publicité -

L’allure élancée, ayant du style, Magen Chinatamby doit son succès à la force du poignet. Votre Pote Âgé plaît par la qualité de ses fruits et légumes selon les normes de la HACCP. Magen veille au grain à la bonne marche des affaires. Il lance ainsi : « Ma vision du travail, je la dois à mon père et à mon frère Kanen avec qui j’entretiens une grande complicité. »
Il a mis fin à des études alors qu’il était en Lower VI, Magen Chinatamby se souvient avoir voulu devenir policier. Un rêve mis en parenthèse, lorsqu’il a rejoint son père et son frère et qu’il a commencé au bas de l’échelle en vendant fruits et légumes à la foire de Vacoas et Curepipe. « À l’heure où les gens dorment, je me retrouvais sur les étals du marché de vente à l’encan pour acheter fruits et légumes avant de me rendre à la foire de Vacoas et de Curepipe pour y installer l’étal familial. Il faisait froid et une fois, j’ai failli me faire attaquer. J’étais dans la région de Roche-Bois quand un homme a mis un cutter sous ma gorge. J’ai rétorqué : “Pas badine, edd mwa, desarz kamion, ena travay pou fer. Ce qui a arrêté mon agresseur net dans son élan.” »
Il a alors l’idée de se lancer dans l’importation de fruits, mais son père qui exerçait comme maraîcher ne voyait pas cela rentable. « Li ti pe dir tou profi pou al dan korne. Ti pe vann trwa pou diss bann frwi kiti pe livre dan korne. » Décision à laquelle le père finira par se plier dans les années 90, en voyant la détermination de son fils, Magen, qui avait la fibre entrepreneuriale. « Papa, finn fini par dir mwa deside to mem. J’ai beaucoup appris de la culture de travail de mon père. Et il me disait toujours quand on prenait la route : Pa blie pran enn bin, metie la zame kone ki ler nou pou rantre esi nou pou rantre, si zame ena lamor lor larout, to pou paret propr devant to kreater. »
Magen a bien retenu les enseignements de son père qui lui permettent d’avancer dans le business familial. Kanen, l’autre frère, s’occupe de la logistique et de l’organisation. Magen a beaucoup appris des grands qui faisaient ce métier et a eu de la chance en tant que jeune d’être soutenu, et surtout d’avoir décroché son premier contrat à l’hôtel Berjaya. « Un ami m’a aidé à établir des contacts dans le secteur hôtelier, et je me suis dit qu’il ne faut jamais se décourager. Nou enn instruman de bon die ki anvoy touzour enn dimounn pou ed nou. À l’hôtel, on m’a demandé si j’étais prêt à faire du crédit et j’ai répondu par l’affirmative. De là, le business a pris de l’ampleur et j’ai obtenu d’autres contrats avec les hôtels. »

« Miser sur la qualité »
Entre produits locaux et produits importés, la sélection est drastique pour une qualité irréprochable. Une des forces de cette entreprise est que sa vitrine fait la part belle aux fruits tropicaux et aux légumes saisonniers. Magen donne toujours son point de vue et comme il le dit fièrement : « Bann ti metie fer bann gran dimoun. » Il se rappelle une phrase de feu sir Anerood Jugnauth : « Fode pa nou ena tro boukou intelektiel, pei bizin osi bann skilled workers. »
Magen Chinatamby relate qu’il a commandé ses fruits exotiques de l’Afrique du Sud dans un premier temps dont des baies rouges. Depuis 1996, le commerce n’a eu de cesse d’être florissant avec des pyramides de saveurs déclinées sous forme de melon, ananas, fruits de la passion. Depuis 1990, la compagnie A. Chinatamby Co. Ltd. approvisionne les hôtels en fruits et légumes. En 2010, elle a lancé sa première épicerie, Votre Pote Âgé, dédiée aux fruits et légumes, à Vacoas. « Ti bizin ena enn “shop display”. Et tout businessman doit avoir une vision de sa compagnie. On m’avait dit que je risquais des pertes, mais le business a engrangé un chiffre d’affaires conséquent dès son ouverture. Récemment, on a ouvert à Bagatelle une autre enseigne de Votre Pote Âgé, 42 Market Street. »
Avec Votre Pote Âgé, le succès a toujours été au rendez-vous. La raison, selon Magen, en est que son entreprise ne mise pas que sur la vente mais aussi sur le bien-être de ses clients. Et l’homme d’affaires de préciser qu’il a aussi recours à un laboratoire pour évaluer le taux de pesticide dans des champs. « Une fois, j’ai été surpris par le taux de pesticide se trouvant dans une botte de cresson car chez nous on est très méticuleux sur tout ce qui est en rapport avec la santé. On privilégie aussi les produits bio. » Pour lui, il est important d’évaluer le taux de pesticide que renferme un légume ou un fruit avant sa vente « Imazinn si ou manz kreson la kri, komien simik rant dan ou lekor. »
Magen Chinatamby se souvient des difficultés qu’il a connues lors du premier confinement en 2020. « J’ai pensé aux gens qui avaient besoin de nourriture, d’autant plus que les grandes surfaces et les boulangeries étaient fermées. En tant que service essentiel, il nous fallait répondre à la demande. On a mis en place un service web qui croulait sous les demandes au point où le site s’est crashé. Et on a préparé des paniers de provisions pour aider les Mauriciens surpris par ce premier confinement. Avant le confinement de 2020, nous étions connus pour être le fournisseur des hôtels à Maurice tout en possédant toute une logistique nous permettant de desservir toute l’île. »

« La bioculture, une nécessité »
Selon Magen, son personnel a été très solidaire, malgré les incertitudes liées à ce confinement. « Mo papa ti dir mwa, ene staff, se ou asset. San li ou pa kapav deklar patron. Pendant le confinement, on n’a pas hésité à retrousser nos manches, à descendre sur le terrain pour ravitailler les Mauriciens. Notre équipe a été solidaire, et nous sommes toujours reconnaissants envers nos employés. Chaque matin, on leur donne un bon repas pour les maintenir en forme. » Avec le deuxième confinement, « on était plus rodés », explique Magen d’autant plus que certains Mauriciens s’étaient même tournés vers la vente de fruits et légumes. Il dira qu’il a dû se réinventer. D’où l’idée de vendre aussi du poulet, du saumon fumé. Il caresse le projet d’ouvrir un restaurant prochainement à Rivière-Noire.
Son souhait est de s’investir dans la bioculture. L’agriculture biologique est un système de production agricole basé sur le respect du vivant et des cycles naturels. Ce mode de production est fondé notamment sur la non-utilisation de produits chimiques de synthèse ni d’OGM, le recyclage des matières organiques, la rotation des cultures et la lutte biologique. Il se dit heureux de voir que son neveu a écouté ses conseils. « Mes deux fils et ma fille ont choisi le secteur financier, mais pour moi, l’avenir est dans la bioculture. Maurice importe trop, on doit valoriser les potagers, tout ce qui est créé à partir de notre terroir. »
En vrai philosophe de la vie, ce simple maraîcher devenu businessman peut aujourd’hui profiter des joies du golf, son sport préféré. Son succès est un bel exemple de persévérance et prouve que les petits métiers sont loin d’être de moindre importance. Il suffit de rêver grand et de ne pas hésiter à lancer des projets. Une belle réussite qui mérite d’être saluée.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -