Sud-Est : Intérêt et craintes des pêcheurs pour la ferme marine de Mahébourg

C’est la deuxième fois que des cétacés morts échouent dans le lagon de Pointe-aux-Feuilles, où sont installées des cages de la Ferme marine de Mahébourg. Y a-t-il un lien entre ces deux drames ? C’est la question que se pose le Syndicat des pêcheurs, qui souhaite que les autorités diligentent une enquête approfondie à ce sujet. De même, il est souhaité que des analyses soient effectuées sur des poissons dans différentes régions, car certains peuvent très bien avoir migré de Mahébourg vers d’autres régions de l’île, soutient le syndicat.

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Pour Judex Rampaul, porte-parole du Syndicat des pêcheurs, les récents événements qui se sont produits sur la côte Sud-Est viennent compliquer davantage la situation des pêcheurs artisanaux. Raison pour laquelle, a-t-il ajouté, il est important de développer davantage la pêche hors du lagon. Il souhaite ainsi que provisions soient faites pour des bateaux et qu’une formation appropriée soit dispensée aux jeunes afin que ceux-ci puissent prendre la relève. Toutes ces questions, ainsi que les difficultés rencontrées par la communauté des pêcheurs, devaient être discutées dans le cadre d’un comité consultatif au ministère de la Pêche. Malheureusement, ajoute Judex Rampaul, les demandes pour une réunion avec le ministre Sudheer Maudhoo sont restées vaines jusqu’ici.

Revenant sur la pollution dans le lagon du Sud-Est et l’échouage d’une trentaine de dauphins à ce jour, Judex Rampaul fait ressortir que ce n’est pas la première fois qu’un tel désastre se produit dans cette région. « La coïncidence est qu’il y a, à ce même endroit, la Ferme marine de Mahébourg. Il faut savoir s’il y a un lien. Les autorités doivent mener une enquête approfondie. Il faut savoir, entre autres, quels sont les moyens utilisés pour repousser les prédateurs. Car c’est un fait que là où il y a de grandes concentrations de poissons, il y a toujours des prédateurs », souligne-t-il.
Judex Rampaul est aussi d’avis qu’il faut profiter du drame de la marée noire provoquée par le naufrage du Wakashio pour entreprendre un relevé des autres endroits affectés par la pollution. Il cite l’exemple de Port-Louis, où des eaux usées sont déversées dans la mer, ou encore des endroits où se trouvent des terrains de golf devant être traités avec des produits chimiques. Il demande également aux autorités de procéder à des analyses sur des poissons dans différentes régions de l’île, car certains d’entre eux, dit-il, sont « des voyageurs », et peuvent donc migrer de Mahébourg, zone affectée par la pollution du Wakashio, vers d’autres sites.

Mohamedally Lallmamode plaide pour une considération élargie du secteur de la pêche. « Il ne faut pas se contenter de ce qu’il y a à l’agenda. Nous reconnaissons que le Wakashio a fait beaucoup de dégâts à l’environnement et que beaucoup de pêcheurs dans cette région sont très affectés, mais il y a aussi d’autres dossiers importants à considérer. » Il ajoute que la pêche est « un secteur qui a de l’avenir », mais qu’il faut encore pour cela le développer. «  Nous lançons donc un appel au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour qu’il y ait une volonté politique de développer ce secteur. »

Ce dernier se dit ainsi prêt à collaborer avec le gouvernement. « Mais encore faut-il qu’il y ait des réunions pour discuter, ainsi que les facilités nécessaires pour opérer. »
Eric Mangar, du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire, relève pour sa part que, dans un moment de crise sanitaire, « on a pu se rendre compte que les ressources disponibles sur notre territoire peuvent aider à garantir les besoins » de la population. « A Maurice, on produit du poulet. Mais ce dernier est nourri avec du maïs qui vient d’Argentine. Donc, si, dans des situations d’urgence, on ne peut importer de maïs, comment produira-t-on du poulet ? En revanche, le poisson se trouve dans notre zone économique exclusive et peut garantir la sécurité alimentaire de la population. Malheureusement, il n’est pas suffisamment exploité. De nos jours, ce sont des étrangers qui exploitent notre zone économique exclusive », dit-il.

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